Jusqu’au 27 mars, un corpus d’une douzaine d’œuvres qui signent la métamorphose des émotions traversées par Sophie Dherbecourt occupe l’espace de la Galerie Au Roi. En traduisant picturalement les différentes étapes de la dépression, la jeune peintre élabore une série de toiles touchantes et dont les couleurs éclatantes évoquent les stades traversés, de la mélancolie à l’apaisement.
De l’expérience personnelle aux toiles
La première œuvre du corpus exposé est une toile de taille moyenne représentant une femme au clair de lune. Un voile recouvre son visage, suffisamment transparent pour laisser apercevoir l’expression mélancolique du personnage. Une larme comme un bijou semble couler de son œil. En utilisant les couleurs comme véritable outil thérapeutique, Sophie Dherbecourt emploie une riche palette pour manifester les différentes étapes qu’elle a traversées jusqu’à la guérison du mal-être qui l’habitait.
Des tonalités bleues et violettes conçues comme une ode à la tristesse ou encore à l’intimité suivront bientôt des nuances plus chaudes, de roses et de rouges, pour aborder des émotions décuplées comme la rage ou encore l’amour. Chaque toile symbolise ainsi une étape dans ce chemin introspectif. Divisée en quatre parties, l’exposition reprend les couleurs dominantes des tableaux pour mieux signifier la transformation de l’artiste par la peinture.
Si ses personnages évoquent à bien des égards ceux que peignaient Tamara de Lempicka par leurs corps travaillés de façon quasi architecturale, les natures mortes que Sophie Dherbecourt présente dans cette exposition rappellent quant à elles des oeuvres de Georgia O’Keeffe, pleines de mystère et d’onirisme. En complément des toiles, un mur recouvert de croquis, d’esquisses et d’écrits est également visible et rend compte du processus créatif de l’artiste.
La reconstruction par l’autre
Bien que la première œuvre du cycle représente un personnage isolé, les autres toiles sur lesquelles des figures humaines apparaissent donnent à voir plusieurs personnages. Sophie Dherbecourt explique ces présences par le fait que la perte d’identité durant la dépression donne lieu à une reconstruction qui passe par la relation aux autres. Certaines femmes qui apparaissent dans ses peintures sont ainsi directement inspirées de ses rencontres et de ses amitiés, qu’elles soient actuelles ou passées.
Parmi les éléments récurrents dans son travail, le voile entretient un rapport ambivalent avec les personnages. Tantôt isolant, tantôt liant, il évoque à la fois le lien à l’autre que l’idée d’une sortie de chrysalide et de métamorphose. Les personnages entièrement recouverts de voilages retranscrivent quant à eux des souvenirs de personnes ayant croisé l’existence de l’artiste.
Pour insister davantage sur l’idée selon laquelle la relation à autrui est essentielle pour se construire, Sophie Dherbecourt fait intervenir d’autres artistes au sein de son exposition afin que ses toiles résonnent avec d’autres pratiques. Le texte de présentation est ainsi le fruit du travail de la poète Kyémis, tandis que l’artiste florale Blumen a créé une composition spécifique pour le soir de l’ouverture. Tout au long de la durée de l’exposition, d’autres manifestations nourriront les peintures de leurs interprétations.
> Exposition « Pathos Of Things » à la Galerie Auroi à voir jusqu’au 27 mars 2023
