Exposition : Jan Groover à la Fondation Henri Cartier-Bresson

Disparue il y a onze ans, la photographe Jan Groover a laissé derrière elle une œuvre protéiforme sans cesse renouvelée. Première femme dont l’une des images fit la couverture du magazine américain Artforum, en 1979, elle a considérablement agi pour la reconnaissance de la photographie couleur. La Fondation Henri Cartier-Bresson lui rend hommage.

Il y a dans les images de Jan Groover une résonance profonde avec les natures mortes du peintre italien Giorgio Morandi tout comme avec celles d’Aenne Biermann, photographe allemande de la Nouvelle Objectivité (1918-1933).

Exploration de tous les styles

Jan Groover, par Bruce Boince (env. 1968). À droite, Sans titre de Jan Groover (197).
Jan Groover, par Bruce Boince (env. 1968). À droite, Sans titre de Jan Groover (197). Photo Élysée / Fonds Jan Groover

L’œuvre de cette Américaine, peintre de formation, s’articule autour du postulat selon lequel toute image est issue d’une construction. Et c’est précisément ce que l’exposition « Laboratoire des formes » parvient à montrer, en déployant non seulement le résultat du processus créatif de l’artiste, mais aussi ses étapes et ses inspirations.

Sa première photographie, un diptyque en noir et blanc de deux contacts 24 x 36, évoque l’art conceptuel. Avec cette image de vache qui disparaît sous un écran, Jan Groover dévoile l’importance de l’analogie entre le fond et la forme. D’une méticulosité à toute épreuve, l’artiste va par la suite explorer tous les styles et formats, obligeant ainsi le visiteur à porter la même attention aux choses que la photographe elle-même.

Célébrer le quotidien

Sans titre, de Jan Groover (env. 1978). Dans la série « Kitchen Still Lifes », la photographe américaine sublime des objets du quotidien pour en faire de précieuses natures mortes.
Sans titre, de Jan Groover (env. 1978). Dans la série « Kitchen Still Lifes », la photographe américaine sublime des objets du quotidien pour en faire de précieuses natures mortes. Jan Groover

Animée par la volonté de perpétuellement décortiquer la composition d’une image, elle atteint avec sa série « Kitchen Still Lifes » (1977-2000), dans laquelle elle met en scène des objets du quotidien comme des ustensiles de cuisine ou des aliments, un tel degré dans la maîtrise des ombres et des lumières que la notion même d’espace s’en trouve bouleversée.

Véritable artisane de l’image, Jan Groover n’hésite pas à jouer avec les cadrages et avec l’éclairage ainsi qu’à varier les sujets pour pousser toujours plus loin sa recherche sur la composition et la réinvention du réel. En montrant près de quarante années de son travail selon un parcours chronologique, la Fondation Henri Cartier-Bresson permet de (re)découvrir une artiste et de la réinscrire dans l’histoire de la photographie.

Une démarche étayée par la tenue, en parallèle, de l’exposition « Réconciliation », qui présente une compilation d’images de deux maîtres de la discipline, Henri Cartier-Bresson et Martin Parr. 

Pour compléter la visite 

  • « Giorgio Morandi – Portrait intime ». À la galerie Clavé Fine Art, à Paris (14e), jusqu’au 17 décembre. 
  • « Les Choses, une histoire de la nature morte  ». Au Louvre, à Paris (1er), jusqu’au 23 janvier 2023.

> « Jan Groover – Laboratoire des formes ». À la Fondation Henri Cartier-Bresson, à Paris (3e), jusqu’au 12 février 2023.