PAD London 2024 : tous les incontournables

Entre tradition et modernité, le PAD met en lumière des stands et des objets d'exception inspirants. Voici notre sélection coups de cœur du cru londonien 2024 ! 

Rendez-vous immanquable des amateurs d’art, de design et d’antiquités depuis 1998, le Pavilion of Art and Design réunit des galeries de renommée internationale, proposant une sélection allant des maîtres modernes aux designers contemporains. Depuis 2007, la foire dispose également d’une édition à Londres, au cœur de Mayfair. Cette année, une promenade dans les allées du PAD London 2024 a révélé la persistance du goût pour le mobilier postmoderniste ainsi que pour les intérieurs rehaussés de touches contemporaines aux accents pop.


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Les plus belles scénographies

Laffanour / Galerie Downtown

Impossible de venir au PAD London 2024 et de passer à côté du sublime stand de la Galerie Downtown. Comme à son habitude, le galeriste français François Laffanour propose des pièces rares, mises en scènes dans une scénographie pensée comme un véritable lieu de vie. Cette année, le design évoque un intérieur à l’approche de l’hiver, dont le tas de bûches fraîchement coupées attend patiemment près du poêle en fonte. Parmi les pièces remarquables, on note la bibliothèque d’angle de Pierre Chareau.

La Galerie Downtown a remporté le prix du meilleur stand du PAD London 2024.
La Galerie Downtown a remporté le prix du meilleur stand du PAD London 2024.

À l’entrée du stand, le lit de Pierre Jeanneret en teck datant du milieu des années 1950 et produit en collaboration avec Berluti, est quant à lui inspiré du traditionnel « charpoï » indien. Les lampes en bronze de Richard Texier, intitulées Crossing the river et Circus, toutes deux datées de 2019, apportent une touche contemporaine et ludique à l’ensemble. Une manière d’affirmer le rôle de la galerie comme raconteur d’histoires qui a porté ses fruits, puisque la présentation a remporté le prix du meilleur stand, décerné par le jury de la foire.

> Galeriedowntown.com


Maisonjaune Studio

Le stand tout en douceur de Maisonjaune Studio baigne dans une atmosphère tamisée grâce à de délicates suspensions et des appliques murales d’Ingo Maurer en bambou et papier de riz, datées de 1973. Sur le duo de sofas produits par la galerie, les tons sourds du grand vase de Céramique d’Art de Bordeaux des années 1940 et celui signé Les 2 Potiers (M. Bargoin et J. Serre) de 1965 captent la lumière.

Le booth tamisé de Maisonjaune Studio au PAD London.
Le booth tamisé de Maisonjaune Studio au PAD London.

Au fond, la lanterne de papier d’Isamu Noguchi, typique des années 1950, réchauffe l’atmosphère. Au centre du stand, le chandelier en laiton et plexiglass de la collection Fungo (1970) de Gabriella Crespi, éclaire un lit de jour également signé par la designer italienne. L’immense gouache sur papier craft de Raymond Peynet (1971), un clin d’œil aux vendanges, apporte quant à elle une dernière touche poétique.

> Maisonjaunestudio.com


Jacques Lacoste

Le spécialiste des art décoratifs français du XXe siècle Jacques Lacoste a lui aussi curaté son stand du PAD London 2024 avec le plus grand soin. Dans cet espace façon salon feutré, on admire la sublime Console aux Grenouilles signée Diego Giacometti en bronze et verre, monogrammée « DIEGO DG », sur laquelle trône une sculpture kota africaine.

Le stand de la galerue Jacques Lacoste sur le PAD London 2024. © Alain Potignon
Le stand de la galerue Jacques Lacoste sur le PAD London 2024. © Alain Potignon

Plus loin, une lampe modèle Écossais d’Alberto Giacometti pour Jean-Michel Frank et un vase Gros oiseau corrida de Pablo Picasso jouxtent un ensemble de pièces de Jean Royère, le designer fétiche de la galerie. Le bas-relief en forme de médaillon conçu pour la salle de danse du Baron Roland de l’Espée, intitulé Femme avec deux oiseaux (circa 1938) a remporté le prix du design contemporain décerné par la Foire.

> Jacqueslacoste.com


Les plus beaux objets du PAD London 2024

Multilayered Blue, Lotte Westphael

Le vase en porcelaine fait à la main de l’artiste danoise Lotte Westphael puise son inspiration dans les créations d’Anni Albers et du Bauhaus. D’abord travaillé à plat sur des fines couches de céramique, le graphisme minimaliste aux gradients bleus, rosés et blancs évoque les œuvres d’Agnes Martin.

« Multilayered Blue », Lotte Westphael, 2021.  © Erik Balle
« Multilayered Blue », Lotte Westphael, 2021.  © Erik Balle

La pièce est ensuite délicatement montée en cylindre, pour dévoiler une tension entre la volonté de l’artiste de créer des pièces parfaites et celle de la porcelaine, qui prend sa forme finale pendant la phase de cuisson. Une étape de distorsion que l’artiste considère  « comme l’interstice où loge la beauté ».

> À la galerie Maria Wettergren


Service à saké, Yasuda Taizo

Né au Japon en 1972, Yasuda Taizo tient un atelier de création dans le district d’Iwase depuis bientôt 20 ans. Formé aux techniques du verre, l’artiste se spécialise dans la méthode du verre soufflé et de la fusion pour créer des couches successives de couleur et de motifs entrelacés. Parmi ses réalisations les plus recherchées, les bulles d’air capturées à l’intérieur de ses ballons semblent défier les lois de la physique.

Pendant le PAD London 2024, la Gallery LVS & Craft a exposé ainsi ses « soko« , ces petites coupelles utilisées pour le saké, rappelant qu’au pays du Soleil Levant, les arts de la table sont accompagnés de nombreux rites qui rythment les cérémonies marquantes autant que la vie quotidienne. Ainsi, au début du repas, les hôtes invitent les convives à choisir leur vaisselle, selon l’humeur. Proposés dans une boîte en bois compartimentée, les petits bols colorés étaient tous composés d’un design et de motifs uniques.

> À la Gallery LVS & Craft


Memory Vessel with Landscape, Bouke De Vries

Il fallait ouvrir l’œil pour repérer le vase cassé présenté bien en hauteur, sur une étagère du stand d’Adrian Sassoon. À l’intérieur d’un vase en verre soufflé, les éclats d’une porcelaine chinoise du XVIIIe siècle ont été soigneusement récoltés et placés dans un récipient qui reprend les formes du vase original.

« Memory Vessel with Landscape », Bouke De Vries, 2022. © Sylvain Deleu
« Memory Vessel with Landscape », Bouke De Vries, 2022. © Sylvain Deleu

La pièce est signée Bouke de Vries et invite à réfléchir sur l’idée d’artisanat et d’héritage. Ici, l’histoire perdue reprend vie dans une nouvelle coquille qui rend hommage à son passé tout en rappelant la fragilité de la mémoire. Typique du travail de l’artiste, le vase s’inscrit dans la lignée des autres pièces de la série de Memory vessel.

> À la galerie d’Adrian Sassoon


Bloom, Dhruv Agarwwal

Ce chandelier aux couleurs pop, fabriqué à la main, est l’œuvre du designer Dhruv Agarwwal. La pièce s’inspire de l’artisanat de l’État du Karnataka, en Inde, et plus particulièrement des jouets Channapatna en bois d’ivoire popularisés au XVIIIe siècle grâce au mécénat de Tipu Sultan, alors dirigeant de la ville de Mysore. Intitulé Bloom, l’objet évoque également le jeu de stratégie Chaupar, dont les règles se transmettent d’une génération à l’autre.

« Bloom », Dhruv Agarwwal, 2020. © Harsh Nigam & Dhruv Agarwal. With courtesy of the Artist and Galerie Maria Wettergren
« Bloom », Dhruv Agarwwal, 2020. © Harsh Nigam & Dhruv Agarwal. With courtesy of the Artist and Galerie Maria Wettergren

L’explosion de teintes évoque une floraison heureuse, dont la palette reflète les peintures des temples de Rameswaram, comme le célèbre corridor aux 1000 piliers de Ramanathaswamy. Ancré dans l’idée de mémoire, Agarwwal s’est donné pour mission de créer des objets qui rendent hommage à des savoir-faire et des traditions en déperdition, pour les faire entrer dans la modernité. Produit en édition limitée à 5 pièces fabriquées entre 2020 et 2024, Bloom était exposé à la galerie Maria Wettergren, grande spécialiste par ailleurs du design scandinave contemporain.

> À la galerie Maria Wettergren


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