Création design non identifiée : « meta objets » d’ Audrey Large

Les « meta objets » d’Audrey Large sont à la fois statiques et mouvants, matériels et immatériels, flottants et en tension. La jeune designeuse délivre une exploration formelle sur la fusion entre le monde réel et l’image numérique en mouvement

Au premier regard, on croirait voir une bibliothèque, une table, un vase… en train de se liquéfier. « J’aime semer le trouble, dit Audrey Large. On reconnaît des objets familiers, mais là, ils arborent d’autres dimensions. »


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Baroque digital

Titulaire d’un master en Design social de la Design Academy Eindhoven, aux Pays-Bas, la créatrice d’à peine 30 ans en a retenu un enseignement : « J’y ai appris que les objets doivent être le produit d’une société et les témoins du monde, le prétexte pour aller vers un plus grand sujet », précise-t-elle.

Le travail d’Audrey Large est exposé dans le cadre du Wonder Creativity Festival, à Courtrai, en Belgique, du 17 octobre au 3 novembre.
Le travail d’Audrey Large est exposé dans le cadre du Wonder Creativity Festival, à Courtrai, en Belgique, du 17 octobre au 3 novembre. Alaa Abu Asad

Son propos, c’est le monde numérique qui tord la réalité. Son travail est à mi-chemin entre l’univers du réel et celui du digital. La surface iridescente de ses sculptures est difficilement identifiable.

« J’ai cherché des couleurs qui n’existaient pas », avoue la designeuse. Avant d’entrer en « meta création », Audrey Large a reçu une formation plus classique en design, arts appliqués et artisanat à l’École supérieure d’art et de design (ÉSAD), de Reims.

Le numérique comme outil

La sculptrice dessine sur papier ou sur écran, mais sa matière première est numérique. L’usage d’un logiciel 3D sur ordinateur lui offre une totale liberté d’exploration formelle.

Meta (Tower) Shelves (galerie Nilufar, 2020). Une bibliothèque, entre rêve et réalité. Parmi les inspirations de l’artiste, le baroque, l’alien, le cartoon.
Meta (Tower) Shelves (galerie Nilufar, 2020). Une bibliothèque, entre rêve et réalité. Parmi les inspirations de l’artiste, le baroque, l’alien, le cartoon. mattia-iotti

« Il ne s’agit pas d’une application générative assistée par intelligence artificielle. Je crée des formes et les malaxe indéfiniment numériquement, avant de les matérialiser avec une imprimante 3D. L’objet qui sera vendu n’est qu’une étape et pas une fin. Mon ordinateur garde en mémoire les modèles, que je peux réutiliser. Dans ce sens, chaque œuvre n’est que l’esquisse de la suivante », affirme-t-elle.

Dans le studio d’Audrey Large, à Rotterdam, une dizaine de machines impriment ses créations numériques en bioplastique opalin par tranches mesurant 50 x 50 x 50 cm qui seront assemblées par la suite. « Il n’y a jamais de postproduction. On y voit même parfois le tremblement de ma main. »

Son design est visible à la prestigieuse galerie Nilufar, à Milan. Elle cherche désormais à aborder le design industriel. Un grand écart? Pas vraiment, car elle y imprimera forcément sa marque de fabrique: « je réfléchis à y apporter du sensible ».


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