Le renouveau du Musée de la Chasse et de la Nature

Créé en 1967 au sein d'un bel écrin historique, le musée de la Chasse et de la Nature profite de son agrandissement et de sa rénovation pour embrasser les questions de protection de l’environnement grâce à un dialogue toujours plus affirmé avec les artistes contemporains.

Christine Germain-Donnat a l’enthousiasme communicatif. La rénovation du musée de la Chasse et de la Nature dont elle a la charge est une réussite. Un établissement privé qui, depuis plusieurs années déjà, a déplacé son curseur cynégétique (relatif à l’art de la chasse) vers le rapport de l’homme avec la nature.

L’environnement s’invite au musée de la Chasse et de la Nature

Un propos conforme à l’état d’esprit de ses fondateurs, Jacqueline et François Sommer, ce dernier ayant milité de son vivant pour la création d’un ministère de l’Environnement… On comprend bien l’excitation de la conservatrice à saisir le siècle de l’anthropocène à bras-le-corps. De fait, ce n’est pas Diane munie d’un arc qui accueille les visiteurs, mais une reproduction géante en bronze de la Vénus de Hohle Fels.

L’artiste Damien Deroubaix nous place ainsi d’emblée « sous la protection de cette déesse mère de la fécondité », âgée de 35 000 ans. Son exposition « La Valise d’Orphée » délivre, tant bien que mal, un message d’espoir. Dans sa « grotte primitive », 300 figurines zoomorphes de la collection personnelle du marchand d’antiquités Naji Asfar, menées par un Orphée chevauchant un serpent et jouant de la lyre, témoignent d’époques où l’homme considérait l’animal comme partie du monde et non comme produit potentiellement exploitable.

La directrice du muséede la Chasse et de la Nature, Christine Germain-Donnat, déclare marcher dans les pas de son prédécesseur, qui a ouvert l’institution à l’art contemporain. Très motivée, elle s’empare des problématiques écologiques sans remiser les collections, riches de 5 000 pièces.
La directrice du musée
de la Chasse et de la Nature, Christine Germain-Donnat, déclare marcher dans les pas de son prédécesseur, qui a ouvert l’institution à l’art contemporain. Très motivée, elle s’empare des problématiques écologiques sans remiser les collections, riches de 5 000 pièces. Estelle Poulalion

Un bestiaire fantastique

Au-delà d’intrusions ponctuelles d’œuvres contemporaines – le Paysage escarpé, de Philippe Cognée (2021), une Forêt, d’Éva Jospin (2021)… – ou de l’étonnante salle consacrée à Darwin, le musée prend le public par la main : au dernier étage, il est accueilli par un diorama immersif dont les décors, peints par François Malingrëy, interrogent sur les hommes, présents partout au point de contraindre les faucons à nicher dans des tours…

Les dernières salles ouvrent sur des visions plus internationales de la Nature. Et plus tribales, avec cette cabane-bibliothèque recouverte de plumes noires aux reflets verts et bleus, dédiée à l’anthropologue Claude Lévi-Strauss, de Markus Hansen. Émerveiller avant tout, voilà qui n’est pas le moindre mérite de ce musée. 

Musée de la Chasse et de la Nature. 62, rue des Archives, 75003 Paris. Tél. : 01 53 01 92 40. Chassenature.org 

A gauche, l’installation « Un refuge dans les bois », à droite, salle du cerf et du loup.
A gauche, l’installation « Un refuge dans les bois », à droite, salle du cerf et du loup. David Giancatarina