Le pavillon de création musicale de Xavier Veilhan

Xavier Veilhan représente la France à la Biennale de Venise, cette grand-messe de l’art contemporain célébrée depuis 1893, qui décerne un Lion d’or au pavillon national le plus méritant. Déclarant la compétition obsolète, l’artiste crée un studio d’enregistrement ouvert aux musiciens du monde entier. Décryptage.

Sorti gagnant du concours qui l’opposait à 24 candidats – parmi lesquels Bertrand Lavier, Pascal Convert ou Franck Scurti –, Xavier Veilhan (@xavier_veilhan) occupe le pavillon français de la Biennale de Venise jusqu’au 26 novembre. Une étape supplémentaire dans une carrière jalonnée d’œuvres où « champ de l’art et champ musical s’interpénètrent ». En effet, ce Studio Venezia n’est pas la première des collaborations entre le « sculpteur le plus important de sa génération », selon Laurent Le Bon (directeur du musée Picasso, à Paris), et des musiciens. Parmi ses invités réguliers, on compte ainsi Éliane Radigue, une ancienne élève de Pierre Schaeffer, ou Nicolas Godin, membre du duo électro Air.

Ce n’est pas la première fois que Xavier Veilhan lance des passerelles entre son univers et celui de la musique…
Ce n’est pas la première fois que Xavier Veilhan lance des passerelles entre son univers et celui de la musique… Diane Arques

À Venise, Xavier Veilhan construit un espace inspiré à la fois de l’Allemand Walter Gropius, le fondateur du Bauhaus, de l’architecte français Claude Parent et du vidéaste américain Bruce Nauman. Il compare ce lieu expérimental – mi-studio d’enregistrement mi-espace d’exposition – au Merzbau, de Kurt Schwitters, terme inventé par le dadaïste à propos de sa maison érigée en œuvre d’art grâce à un assemblage d’éléments géométriques et d’objets trouvés.

Le Studio Venezia à Venise.
Le Studio Venezia à Venise. Giacomo Cosua

Dans cette architecture destructurée du XXIe siècle est installé le studio mobile de Nigel Godrich, célèbre producteur, qui a notamment travaillé avec Radiohead ou Roger Waters. Une centaine de stars (parmi lesquelles Sébastien Tellier ou Mr Oizo) et de chanteurs plus confidentiels (comme Frédéric Lo), sélectionnés avec l’aide du plasticien Christian Marclay, s’y succéderont : libre à eux d’utiliser les instruments imaginés par Xavier Veilhan et ceux empruntés au Musée de la musique de Paris (retraçant notamment toute l’évolution des synthétiseurs). C’est à ce processus de création que le visiteur assistera comme « s’il avait poussé une porte par erreur ».

« The Control Room », la pièce où travaille habituellement l’ingénieur du son, a été reproduite à l’identique.
« The Control Room », la pièce où travaille habituellement l’ingénieur du son, a été reproduite à l’identique. Giacomo Cosua