Au sud de Catane, dans une région où abondent oliviers et amandiers, Noto représente le plus bel exemple d’architecture baroque de Sicile. Le plan actuel de la ville, qui date de la fin du XVIIe siècle, a été élaboré à la suite d’un tremblement de terre. Accrochée à flanc de colline, sur un site impressionnant, la cité se déploie d’est en ouest pour mieux accueillir le soleil, du matin jusqu’au soir. L’implantation urbaine suit un tracé linéaire qui se développe autour de trois rues parallèles. « Aujourd’hui, la force de Noto réside dans sa position stratégique : en pleine nature avec la mer à proximité », explique l’architecte Piercarlo Dondona, de l’agence PCDA de Nice. Il connaît bien la région, car il a réalisé les travaux de restructuration de l’un de ses palais.
Cette fois, il intervient pour un jeune couple : elle est passionnée de design et d’architecture ; lui est antiquaire. Ce sont des amis qui leur ont fait découvrir l’endroit, lors d’un séjour, à la belle saison du printemps : amandiers en fleurs, ciel bleu, mer bordée de sable fin à n’en plus finir, cuisine du soleil… tout un art de vivre qui fait l’éloge de la douceur et de la lenteur. Leur projet a pris forme peu à peu : « Une maison de vacances facilement accessible en avion et simple à gérer. » Après plusieurs séjours, ils ont trouvé ensemble, au cœur de la ville, cet ancien palais baroque resté inhabité pendant trente ans ; aussitôt le charme des vieilles pierres a opéré.
Lors de la restructuration, garder l’esprit des lieux leur est apparu comme une évidence. Complices avec Piercarlo Dondona, ils ont revisité la distribution des espaces, tout en apportant davantage de lumière à l’intérieur. Les volumes et les ouvertures ont été maintenus ainsi que la plupart des sols en carreaux de ciment et en terrazzo ; seul le sol de la partie nuit a été remplacé par des dalles artisanales. « Nous savourons infiniment cette maison ! »
« Ici, on n’a pas à se protéger du froid ! On acquiert même très vite d’autres modes de vie, par rapport à l’espace, aux horaires ; on expérimente le lieu dans la détente, dans la disponibilité », confie le couple. Auparavant, avec leur fille Gilda, adolescente, ils choisissaient plutôt, pour les vacances, des destinations lointaines : l’Afrique, l’Inde… Et puis, une envie s’est imposée : s’établir, l’été, dans un même endroit, y retrouver des amis, se laisser bercer par les habitudes dans un contexte devenu familier… Ainsi, pour le moment, les voyages au bout du monde sont mis entre parenthèses, mais dans la maison de Noto en surgissent des réminiscences : des images et des objets liés à l’iconographie hindoue, des souvenirs du désert…
« Ces pièces s’accordent bien avec l’esprit naïf des images sacrées très présentes en Sicile, certaines trouvées dans la maison, d’autres dans des brocantes », fait remarquer le propriétaire. À l’intérieur, on a voulu exalter la lumière et l’espace. Quelques icônes du design voisinent avec du mobilier sur mesure, comme la table de repas, réalisée sur place et signée PCDA, ainsi que la console-tête de lit. L’espace à vivre, où tout se passe, donne sur un balcon peuplé de succulentes. Les plantes grasses servant de fil rouge puisqu’elles s’invitent à l’intérieur ; on en repère dans chaque pièce. Tout en longueur, la cuisine a été aménagée dans l’ancien couloir et communique avec le séjour. La chambre parentale, toute blanche et d’esprit monacal, accueille un lit central, installé face à la fenêtre ouvrant sur les toits. « La circulation se fait aisément, chacun peut s’isoler ou se retrouver dans les espaces communs. L’idée du repos et du farniente est palpable partout », fait remarquer Piercarlo Dondona : un esprit de vacances assumé.