Ouverte il y a à peine plus de deux ans juste sous le pont de Manhattan, au sein d’un petit mall chinois d’East Broadway – l’un des secrets les mieux gardés des amateurs de création pointue – la galerie Superhouse prend, depuis mars, ses aises dans un nouveau et vaste espace de 1500 mètres carrés, au 120 Walker Street à Tribeca. Rencontre à Chinatown avec son fondateur, Stephen Markos.
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IDEAT : Vous avez commencé à vous faire connaître grâce à une galerie en ligne. Qu’est-ce qui vous a poussé à ouvrir un espace physique ?
Stephen Markos : L’objectif a toujours été d’avoir un espace physique. Je travaillais sur le projet lorsque la pandémie est arrivée et il était donc impossible à ce moment-là d’ouvrir quoi que ce soit. J’ai donc décidé d’expérimenter avec des expositions numériques, notamment une, assez exceptionnelle, sur le design italien radical. Puis j’ai collaboré avec Friedman Benda pour organiser une exposition de chaises d’Otto Miklos. Nous avons fait quelque chose de totalement différent avec des rendus en 3D, mais aussi en travaillant avec Gam Roo/ Blue qui a réalisé un jeu vidéo dans lequel les objets (sièges) en étaient les personnages. C’était très amusant mais j’avais toujours ce désir de trouver un espace pour installer Superhouse.
Je connaissais ce centre commercial, qui était à moitié vide à l’étage, à l’exception de James Veloria et d’une ex-galerie qui habillait en quelque sorte les vitrines — une peinture ici, une peinture par là. J’y passais de temps à autre et j’ai vu qu’il y avait une petite surface-vitrine de disponible, donc je l’ai tout de suite prise. C’était il y a à peine plus de deux ans et cet étage du mall était encore assez désert. Puis il y a environ un an, certaines vitrines se sont libérées et de nouveaux commerces ont ouvert, un bel effet boule de neige ! [Dont Sarah Brurns, dont la minuscule vitrine Old Jewelry Store était mitoyenne de la galerie de Stephen devrait probablement occuper l’espace qu’il a dorénavant laissé vacant en déménageant Superhouse au 120 Walker Street à Tribeca, Ndlr].
IDEAT : Comment expliquez-vous ce point de basculement ?
Stephen Markos : Je pense qu’une fois que les gens ont commencé à venir de plus en plus fréquemment, il semble que cela soit devenu une destination. Ceci dit, ce centre commercial, même en parti vide, est devenu un espace créatif depuis une dizaine d’années. C’est un endroit où les petites entreprises, créatives peuvent démarrer à New York.
IDEAT : Et, géographiquement, Chinatown est en quelque sorte la porte d’entrée de Manhattan ?
Stephen Markos : Absolument. Chinatown est un quartier fantastique. On y trouve ce chaos de cultures et de gens qui s’entrechoquent, la communauté chinoise est très ouverte et solidaire avec les nouvelles initiatives crétaives Cela ressemble beaucoup à l’image que l’on se fait de New York. C’est un peu grinçant et créatif, et il y a beaucoup d’énergie.
IDEAT : Est-ce à dire que la gentrification est en marche ici aussi ?
Stephen Markos : C’est possible, mais la communauté chinoise est propriétaire d’un grand nombre de bâtiments. Ils sont certainement favorables à l’arrivée d’entreprises créatives, mais j’ai l’impression qu’ils « tiennent » le quartier afin que, justement, il ne devienne pas un tout autre voisinage.
IDEAT : Pensez-vous que Chinatown est une plateforme pour débuter mais qu’ensuite, la reconnaissance arrivant, il est logique de se déplacer vers Tribeca — ce que vous faites d’ailleurs ?
Stephen Markos : Il y a beaucoup de galeries qui ont ouvert ces deux dernières années, tout le long de Broadway et c’est vraiment excitant de voir cela. Parce que traditionnellement, Chelsea a été cette sorte de point de galvanisation pour l’art. Il est donc intéressant d’en voir un nouveau apparaître. Les galeries du Lower East Side et de Chinatown s’y installent. Mais on voit aussi de nouvelles galeries ouvrir aussi dans le quartier chinois, comme cela est le cas dans ce mail d’ailleurs .
IDEAT : Votre nouvelle galerie à Tribeca est-elle située au niveau de la rue ou en étage ?
Stephen Markos : En étage. La lumière est différente lorsque l’on se trouve à un étage supérieur , on a l’impression d’être un peu plus exclusif. Comme le mall n’a pratiquement aucune enseigne, on ne le repère pas spontanément. Les gens peuvent regarder autour d’eux, passer sous le pont lorsque le métro le fait trembler, mais lorsqu’ils arrivent là-haut, il y a une surprise et je pense qu’une galerie en étage peut réaliser cela.
IDEAT : Quelle est la première exposition dans le nouvel espace Superhouse de Tribeca ?
Stephen Markos : Paa Joe, un artiste ghanéen qui, depuis les années 70 crée des cercueils magnifiquement sculptés et peints. Pour l’exposition inaugurale du nouvel espace, il propose « Celestial City », sa vision sculpturale des objets et lieux emblématiques de New York.
> Exposition « Celestial City » de Paa Joe jusqu’au 26 avril 2024 à la galerie Superhouse, 120 Walker Street, New York City (USA). Renseignements ici.
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