Incontournables ou tout juste nées, ces maisons font de la table tout un art. De l’approche la plus traditionnelle, dans la droite ligne des techniques ancestrales, aux expérimentations et aux propositions les plus osées, chacune revisite les styles et le répertoire des formes. Rencontre avec ces marques qui défendent une certaine vision de l’art de la table.
À lire aussi : A l’Institut Suédois, un collectif imagine un art de la table féministe et queer
1 – Non Sans Raison, créatifs récréatifs
Bertille Carpentier et Martial Dumas ont fondé Non Sans Raison en 2008 avec l’ambition de faire perdurer les arts de la table et de renouveler le genre. Pari réussi pour ce duo installé à Limoges et qui n’en finit pas de nous régaler avec des créations maison ou fruits de collaborations.
Leur inspiration est issue des grands courants artistiques (le constructivisme avec Axo, Memphis avec On White), mais aussi d’expérimentations, comme Magma et le travail de la couleur, ou Renaissance, qui reprend divers motifs recyclés. Un bel exemple de renouveau d’un secteur ancestral qui a fait les riches heures de la France. O.W.
2 – Bernardaud, teint de porcelaine
160 ans et pas une ride sur les fines porcelaines de la maison Bernardaud! Son secret? Le savoir-faire de ses artisans qui enrichissent leurs gestes ancestraux au contact des nouvelles technologies. La manufacture accompagne les maisons Pierre Frey, Dior ou encore l’hôtel La Mamounia, en adaptant leurs motifs iconiques sur la porcelaine.
Attentive à l’air du temps, la Fondation Bernardaud met aussi en lumière les artistes contemporains. Actuellement, dans l’exposition « 1400 °C. Porcelaine et moi, émois » (jusqu’au 24 mars 2024), onze d’entre eux s’emparent de l’art de la porcelaine pour questionner le rapport de l’humain à son corps. Fascinant. B.D.
3 – Serax à la table des chefs
Fondée en 1986 par Serge et Axel Van Den Bossche et dirigée aujourd’hui par ce dernier, Serax se retrouve sur les tables du monde entier. Depuis 2009, la marque belge est partenaire de chefs étoilés.
Aux côtés des designers qui signent les collections d’arts de la table, comme Piet Boon, Vincent Van Duysen, Marie Michielssen ou dernièrement Kelly Wearstler, Serax travaille aussi avec des chefs pour créer leur collection.
Ainsi on peut découvrir celles du chef néerlandais Sergio Herman, de l’anglo-israélien Yotam Ottolenghi et de l’autrice culinaire Pascale Naessens. O.W.
4 – Iittala en filigrane
L’histoire débute en 1881. Peter Magnus Abrahamson crée sa petite fabrique Iittala, du nom du village où elle se situe. Depuis, la marque a gagné une envergure internationale notamment grâce aux icônes, comme le vase Aalto, d’Alvar Aalto, la cocotte Sarpaneva, de Timo Sarpaneva et les assiettes Kastehelmi, d’Oiva Toikka.
Iittala poursuit son travail avec des designers, telle Inga Sempé et sa collection « Filigraani »: deux coupes à poignée centrale et une grande assiette-plateau. Ces œuvres d’art uniques, qui perpétuent le savoir-faire des artisans de Murano, existent en filigrane noir ou bleu et noir. B.D.
5 – Waww la Table x The Socialite Family
Péri Cochin et Arabelle Reille sont deux amies bien décidées à dépoussiérer les arts de la table. Leur plateforme Waww La Table vend des compositions clés en main, où toutes les associations sont déjà faites, de la nappe à la petite cuillère.
Assiettes chinées ou verres signés, c’est toujours chic, jamais cheap. Avec The Socialite Family, elles viennent d’imaginer « Glassy Rock », une collection de verres et de carafes qu’elles décrivent comme des petits bijoux de table aux couleurs acidulées. Stylé. C.T.
6 – Saint-Louis, l’eau à la bouche
Fondée en 1586, la cristallerie Saint-Louis a traversé les siècles en se réinventant sans cesse. On lui doit le concept de « service de table » né au XIXe siècle, qui accompagne le déroulé du repas d’une panoplie de verres de différentes tailles.
Aujourd’hui, ses maîtres verriers réalisent les rêves lumineux des designers comme Éric Gizard, Pierre Charpin, Ionna Vautrin… La maison explore de nouveaux horizons tout en développant ses collections. Ainsi, la gamme « Apollo », signée Lydia Gautier. B.D.
7 – Faïencerie Georges, la transmission
Née en 1898, la Faïencerie Georges, reconnaissable à ses deux nœuds verts et son poinçon dans la terre, est depuis 2010 entre les mains de Carole Georges et Jean-François Dumont, représentant la quatrième génération de cette saga familiale.
Avec eux, l’assiette reste décorative, puisqu’ils imaginent des dessins inspirés de photographies personnelles, mais elle est aussi utilitaire pour un usage quotidien.
La collection « Monthly Plates » propose chaque mois de découvrir une création peinte à la main. La maison réalise aussi des gammes en édition limitée, comme la série « Engrenages » produite à 100 exemplaires. O.W.
8 – Manufacture de Couleuvre, le retour du faste
Les premières porcelaines de la Manufacture de Couleuvre datent de 1789. Cette année-là, André de Sinéty, marquis de Lévis, fonde la maison qui se distinguera par ses réalisations de porcelaine en relief. En témoigne, la sensuelle couleuvre qui se contorsionne autour de l’emblématique carafe du même nom, afin d’en former l’anse…
Depuis 2021, Sophie Salager, venue du marché de l’art et de la culture, est la nouvelle propriétaire de la maison sortie de l’oubli. Si elle entend restituer un âge d’or, c’est sans tourner le dos au contemporain. G-C.A.
9 – Rosenthal Service gagnant
Depuis sa création en 1879 par Philippe Rosenthal, la manufacture allemande offre ses lettres de noblesse à la porcelaine classique, tout en misant sur l’innovation. Parmi ses collaborations phares : Rosenthal meets Versace, qui donne naissance depuis trente ans à des collections flamboyantes, à l’image du couturier italien.
Tandis qu’avec la marque de bijoux et d’accessoires Swarovski, les assiettes affichent des teintes acidulées pour mieux étinceler. Entre autres nouveautés, le service TAC de Walter Gropius se pare d’un décor en or; quant au nœud entrelacé du vase Node, dessiné par Martin Hirth, il affirme son caractère sculptural dans un coloris gris ultra-chic. B.D.
10 – Degrenne, talent inoxydable
Visionnaire inspiré, Guy Degrenne a révolutionné les arts de la table en proposant après la Seconde Guerre mondiale des couverts en acier inoxydable. Soixante-quinze ans plus tard, la maison normande grimpe à nouveau sur le podium en fabriquant la torche olympique des J.O. de Paris 2024.
En attendant, l’entreprise porte haut le savoir-faire made in France dans ses collections au chic intemporel. L’iconique théière Salam, les assiettes L Fragments, qui s’habillent désormais de noir et de gris, les bols Cocottes, la verrerie Newport Twist et les couverts L’E, dessinés par Philippe Starck, sont de toutes les fêtes! B.D.
11 – Villeroy&Boch, bonne étoile
Intemporelle par son élégance, avant-gardiste par ses partis pris design, Villeroy&Boch se distingue depuis deux cent soixante-quinze ans dans la galaxie des arts de la table. Objet iconique de la maison, La Boule (composée de deux bols, deux coupes plates et trois assiettes), imaginée par Helen von Boch, se réinvente dans un beige subtil ou adopte carrément un motif exotique.
Plus glamour, la nouvelle collection « Winter Glow », en porcelaine émaillée et mate, se pare de fines étoiles et de points dorés pour transformer la table en voie lactée. Sans oublier les collections « Crafted », qui apportent leur touche chic et décontractée aux repas quotidiens. B.D.
12 – Ogre La Fabrique, un bel appétit
Créer une nouvelle marque d’arts de la table? Un pari osé relevé par Titaïna Bodin. C’est après un tour du monde qu’elle constate l’uniformisation de la vaisselle et l’importance du savoir-vivre autour de la table en France.
Elle décide en 2020 de créer Ogre La Fabrique, sa marque produite en France par Apilco-Deshoulières, abordable et écoresponsable, puisque conçue à base de pâte à porcelaine recyclée.
Les modèles sont intemporels, les formes, réalisées avec d’anciens moules et les teintes, variées et un brin pop. À l’image de la dernière création maison, la collection « Tahiti ». O.W.
13 – Christofle, orfèvre en la matière
Presque bicentenaire, la maison Christofle incarne l’orfèvrerie à la française dans toute sa splendeur. Ouverte aux innovations, elle a su cultiver de nombreuses collaborations avec les artistes, dont Gio Ponti, Jean Cocteau, Andrée Putman, Ora-Ïto… Depuis quelques années, la manufacture réédite les trésors Art nouveau et Art déco de ses collections.
Tels la cafetière Gigogne et les services à thé et à café réalisés par Christian Fjerdingstad, dans les années 20, d’une modernité renversante. Plus proche de nous, dans la gamme « Objets miroir », la boîte à sneakers en métal argenté doublé de velours, imaginée par Art Recherche Industrie, ravira les collectionneurs. B.D.
14 – Ginori 1735, parfum d’Orient
À la croisée de l’art et de l’artisanat, Ginori 1735 conçoit ses collections de vaisselle, d’objets d’art et de décoration avec un luxe de détails. Dans sa manufacture de Florence, le geste traditionnel de l’artisan s’appuie désormais sur des technologies de pointe, pour repousser sans cesse les limites de l’excellence.
Ainsi, le service de table « Oriente Italiano Gold » se décline dans deux nouveaux coloris : le rouge Rubrum et le blanc Aurum. Telle une invitation dans un jardin d’exception, le motif floral luxuriant est réalisé en or pur à la main sur chaque porcelaine.
Ginori 1735, c’est aussi le parfum d’intérieur, comme « LCDC, La Compagnia Di Caterina », dont les contenants ont été imaginés par le designer Luca Nichetto. Le raffinement à l’italienne… B.D.
15 – Revol, le design au quotidien
Né il y a une quinzaine d’années, le gobelet Froissé, produit par Revol, est devenu culte au point de symboliser l’idée du design appliqué à un objet de la vie quotidienne. Il représente aussi la modernité de la fabrication artisanale, pour une manufacture fondée dans la Drôme en 1768.
Cette année, six couleurs créées par Ressource habillent le gobelet star. Autre succès de la marque, la collection « Équinoxe », qui voit son offre de finitions s’élargir avec cinq nouvelles teintes. G.-C. A
16 – Alessi, toujours à l’avant-garde
Quand l’éditeur italien Alessi collabore avec feu Virgil Abloh, styliste à l’avant-garde de la mode, cela donne Conversational Objects, nouvelle version du set de couverts, inspirée du design des outils traditionnels. Ils se rangent suspendus à une grande vis en métal ouvragé.
Chics et simples. Quant à la corbeille Mediterraneo de la créatrice de bijoux Emma Silvestris, elle se décline en vert et en rouge, comme pour accentuer la flamboyance de ses découpes. G-C. A.
17 – Terrain Vague, l’art de la table poétique
À Molenbeek, quartier de Bruxelles, la céramiste Julie Istasse et le designer Damien Gernay viennent d’ouvrir un atelier de céramique contemporaine.
Épris de nature, et plus particulièrement de la Bretagne, ils ont imaginé des assiettes, des plats et des bols qui, sur une table,
dessinent des micro-paysages.
Leur projet « Dialogue », créé avec le chef Régis Baudy, fondateur du Beauclair, est idéal pour présenter, par exemple, des amuse-bouche autrement. G-C.A.
A lire aussi : L’art de la table selon Lisa Corti, Blanca Miró et Maria de la Orden
