Le design aussi fait sa rentrée. A l’occasion de la Paris Design week 2022 et en parallèle du salon Maison & Objet, la capitale accueillait de nombreuses installations. Designers reconnus ou jeunes talents à suivre, focus sur les coups de cœur de la rédaction.
Stolen Objects From The Sea par Uchronia et Antoine Billore
Julien Sebban nous étonne de projet en projet. Durant la Paris Design Week 2022, il a investi l’atelier de l’orfèvre et argentier Lapparra, une échoppe qui fleure bon la Belle Epoque avec ses pièces anachroniques. Si on reconnait la collection Wave, certains de ses modèles prennent un tournant inédit : une poterie de Vallauris, figure nacrée présentant une scène sous-marine chinée par Antoine Billore, se fond (littéralement) dans la laque de la table. En tout, 900 pièces dégotées en brocante sont en vente chez Lapparra. Autour d’eux, de nouvelles déclinaisons, XS ou XSS, et des créations inédites, répondant au thème de la mer.
Le collectif We Are ONA a également profité de la Paris Design Week pour faire de la scénographie fantasmée de Uchronia le théâtre de ses diners éphémères. Cette année, le chef Robert Mendoza a relevé le défi de proposer un menu en cinq temps, radicalement cru. — F. L. G.
157 Rue du Temple, 75003 Paris
Appuntamento par Sandra Benhamou
Sur un pupitre en rotin Belle Époque repose une partition de L’Appuntamento, la chanson culte d’Ornella Vanoni, qui s’avère être l’un des morceaux fétiches de Sandra Benhamou. L’architecte investit la Galerie Vauclair et crée une scénographie agencée à la façon d’un appartement milanais, une installation qui évoque l’intérieur bohème chic de Gabriella Crespi autant que les jardins d’hiver chers à Renzo Mongiardino. — F. L.-G.
24 Rue de Beaune, 75007 Paris
Les Milles et Unes Nuits de Laura Gonzalez
Laura Gonzalez nous donnait rendez-vous, pour la deuxième fois, au sein de sa galerie afin de présenter une nouvelle scénographie. Cette année, moins de nouveautés produits mais un décor dépaysant composé de déclinaisons de sa collection permanente nous a fait voyager vers l’Orient. Les revêtements américains Schumacher accompagnaient à nouveau cette aventure, en habillant littéralement les murs et donnant aux surfaces recouvertes de textile un toucher inédit. — F. L.-G.
3 Rue de Lille, 75007 Paris
The Garden par ODA chez Archik
Bonne nouvelle : Archik participe à la Paris Design Week 2022. Une nouvelle édition qui a vu le showroom de l’agence marseillaise mis en scène par le duo d’ensembliers-décorateurs-scénographes ODA Paris. L’occasion de découvrir son jardin à l’anglaise, une balade immersive et bucolique. — F. L.-G.
14 Rue de Montmorency, 75003 Paris. Jusqu’au 30 septembre 2022.
D3sign Capsule par Jean-Christophe Camuset pour ELLE Decoration
À l’occasion de son 35e anniversaire, ELLE Décoration a souhaité faire le pont entre le design et les nouvelles formes d’art. Seize poids lourds de la profession (designers, décorateurs et architectes, parmi lesquels Laura Gonzalez, Tom Dixon, Constance Guisset, Gilles & Boissier…) ont ainsi été invités à collaborer avec un artiste numérique afin d’imaginer une pièce de design dématérialisée, sous forme de NFT. Exposé à l’hôtel de Soubise dans une scénographie pensée par Sam Baron et réalisée par les Ateliers de France, le fruit de ces collaborations est bien disponible à la vente. — F. L.-G.
D3sign Capsule, du 10 au 18 septembre à L’Hôtel de Soubise (Archives Nationales).
Frédéric Pellenq chez Kolkhoze
Diplômé de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville (ENSAPB), le designer et architecte a fondé son studio en 2016. Sans doute son enfance près d’une forêt et son expérience auprès de l’artisan Valentin Loellmann auront influencé son travail du bois : Frédéric Pellenq esquisse du mobilier minimaliste aux lignes courbes qui respire l’élégance.
Voilà cinq ans qu’il collabore avec la galerie Kolkhoze. A l’occasion de la Paris Design Week 2022, ils organisaient ensemble sa première exposition en solo intitulée « Les Quatre Soleils». La collection, pensée comme un tout, cultive le goût de l’épure tout en multipliant les clins d’œil. De la chaise sculpturale qui rappelle l’œuvre d’Ellsworth Kelly à la table basse Prairie en chêne, chaque meuble est fabriqué par les Ateliers Racines et édité en série limitée de douze. — H. R.
> « Les Quatre Soleils » par Frédéric Pellenq, Galerie Kolkhoze, 72 rue des Archives, 75003 Paris. Jusqu’au 24 octobre, sur rendez-vous.
« Apertura » de Rodolphe Parente à la galerie Sultana
Après son exposition remarquée lors de la Design Parade 2022, Rodolphe Parente présente la collection « Apertura» à la Galerie Sultana qui se compose notamment d’une série de luminaires en inox brossé enveloppé de gomme EPDM, aux formes ludiques et aux couleurs vibrantes. Il présente également « Taglio», un fauteuil en frêne ciré dont la silhouette ondulante appelle à la détente. Signées et numérotées, les pièces sont produites sur commande. — H. R.
> Rodolphe Parente, collection Apertura, disponible sur commande, rodolpheparente.com
« Dimensions variables » par Hiromi à l’hôtel la Louisiane
Dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, l’hôtel La Louisiane accueillait une vingtaine de studios et de designers durant la Paris Design Week 2022. A cette occasion, Johanna de Clisson, à la tête du studio parisien Hiromi, dévoilait sa nouvelle collection de sculptures en faïence chamottée baptisée « Dimensions variables » et réalisée avec la céramiste Séverine Duparcq.
Si la designer a commencé par produire des petites pièces, ce sont désormais les plus grands volumes qui animent son geste. Fascinée par le travail des formes, elle esquisse un lampadaire, un siège, une lampe XXL, une applique traversée par un anneau et un chevet en série limitée. Pas question non plus de se cantonner à un seul matériau. Le bois s’invite désormais dans ses créations : Johanna de Clisson a notamment façonné un totem modulable en chêne et en céramique. Une exploration permanente et une liberté de ton qui nous assurent de belles découvertes dans les mois à venir. — H. R.
> « Dimensions variables », Hiromi, hiromi-objets.com
Atelier Constant à l’Hôtel La Louisiane
À Amsterdam, Nina et Pierre Constant ont fondé leur atelier en 2021. Durant la Paris Design Week 2022, ils exposaient leurs objets d’art utilitaires à l’hôtel La Louisiane.
Soucieux de préserver l’artisanat traditionnel et l’environnement, le duo a notamment choisi de travailler l’orme — à la manière de Maison Regain et Pierre Chapo — alors que ce matériau est menacé d’extinction par une maladie fongique. Les arbres sont donc coupés pour prévenir la propagation et les chutes sont ensuite utilisées par le studio franco-néerlandais pour façonner un porte-manteau minimaliste et une table basse sur pied en aluminium.
Ancrés dans leur époque, les deux designers développent aussi des meubles numériques en NFT que les acheteurs pourront bientôt utiliser dans le métavers … ou faire produire pour le monde réel. Et puisque le processus de tokenisation — processus visant à sécuriser des données grâce à une technologie cryptographique — dépense de l’énergie, une partie du fruit de chaque vente est automatiquement reversée à la protection de la forêt néerlandaise. — H. R.
> Atelier Constant, atelierconstant.eu
Exposition « Pour ceux » de hall.haus
Boulevard Rochechouart à Paris, l’ancien magasin Tati de Barbès répond désormais au nom d’Union de la Jeunesse Internationale, sous l’impulsion du créateur de mode Youssouf Fofana. Le collectif hall.haus inaugure l’espace avec l’exposition « Pour ceux» qui met en lumière l’ensemble de leurs créations.
Fondé en 2020 par Abdoulaye Niang, Sammy Bernoussi, Teddy Sanches et Zakari Boukhari, le studio s’inspire à la fois de leur héritage multiculturel, de la culture hip-hop, des villes, de leurs quartiers et du Bauhaus. Ainsi, le luminaire « hall of lights » évoque la lampe Pipistrello et a été fabriquée à partir d’une boîte Nike, le fauteuil pliable en chêne « Curry Mango» rappelle le siège Quechua (devenu l’emblème des assises urbaines) et la chaise B3 « Wassily » de Marcel Breuer, tandis que la table « Udo Udo» fait référence à la célèbre table basse d’Isamu Noguchi … et à la lettre S que beaucoup de collégiens ont griffonné un jour sur leur cahier. Une façon brillante de rendre le design accessible à tous !
> « Pour ceux » par hall.haus, à l’Union de la Jeunesse Internationale, 2 boulevard de Rochechouart jusqu’au 23 septembre.