Les plus beaux pavillons de la Biennale d’architecture de Venise 2023

De la Belgique à l'Ouzbékistan, voilà 8 pavillons à découvrir lors de la 18e Biennale d'architecture de Venise.

Jusqu’au 26 novembre se tient la Biennale d’architecture de Venise 2023, sous la houlette de sa commissaire, Lesley Lokko. Dans les Giardini, en parallèle de l’exposition principale, les pavillons nationaux ont répondu au thème général, « Le Laboratoire du futur », convoquant nombre d’enjeux contemporains. En voici sept, ainsi qu’une rétrospective, à ne pas manquer.


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« Ball Theater – La fête n’est pas finie », le pavillon français

Et si la fête était tout ce qu’il nous reste face à la déliquescence du monde contemporain ? C’est en substance le message que nous livre le pavillon français à la Biennale d’architecture de Venise 2023, dont le commissariat a été confié à Studio Muoto, Georgi Stanishev, Clémence la Sagna, Jos Auzende et Anna Tardivel. « Le Ball Theater a été conçu pour réveiller nos désirs d’utopie », résume l’équipe. Il prend la forme d’une demi-sphère, façon globe terrestre ou boule à facettes, qui investit le pavillon pour accueillir une programmation durant la Biennale d’architecture de Venise.

Le « Ball Theater » de Studio Muoto, Georgi Stanishev, Clémence la Sagna, Jos Auzende et Anna Tardivel. À découvrir lors de la 18e Biennale d’architecture de Venise.
Le « Ball Theater » de Studio Muoto, Georgi Stanishev, Clémence la Sagna, Jos Auzende et Anna Tardivel. À découvrir lors de la 18e Biennale d’architecture de Venise. Muoto / Stanishev et La Sagna

Pour animer cette scène éphémère, des bals et des résidences invitent le public à « imaginer des ailleurs » face aux crises actuelles, à la fragilité de la planète, à notre héritage colonial et nos représentations d’identité, de norme et de genre. Ou comment démontrer que l’émancipation collective est encore possible.


« Neighbours », le pavillon suisse

Pour cette 18e Biennale, la Suisse s’affranchit de toute exposition au profit de l’architecture elle-même. Le pavillon helvète, construit en 1952 par Bruno Giacometti, interroge la notion de limite avec son voisin, celui du Venezuela, réalisé par Carlo Scarpa en 1956. Dans les Giardini, ils sont les deux seuls à être contigus et à partager un mur que les commissaires Karin Sander et Philip Ursprung font tomber pour la 18e Biennale d’architecture de Venise.

Le pavillon helvète, construit en 1952 par Bruno Giacometti, interroge la notion de limite avec son voisin, celui du Venezuela, réalisé par Carlo Scarpa en 1956.
Le pavillon helvète, construit en 1952 par Bruno Giacometti, interroge la notion de limite avec son voisin, celui du Venezuela, réalisé par Carlo Scarpa en 1956. DR

« La concurrence entre les pavillons nationaux est une relique du passé, écrivent ceux-ci. La fixation sur la représentation nationale a rétréci nos horizons. Nous n’apprenons qu’au contact des autres. Les pavillons, comme nous tous, devraient prendre davantage soin les uns des autres. » Un acte à la fois simple et fort pour explorer les relations territoriales et la proximité spatiale.


« Terra [Earth] », le pavillon brésilien

Lauréat du Lion d’or de la meilleure participation nationale de cette biennale, le Brésil expose les résultats d’une recherche centrée sur les philosophies et les imaginaires des populations indigènes et noires, indissociables de la matrice culturelle du pays. Gabriela de Matos et Paulo Tavares, commissaires invités, ont rempli l’espace avec de la terre, qui contraste avec l’écriture moderniste faite ici de ce matériau.

Le Brésil expose les résultats d’une recherche centrée sur les philosophies et les imaginaires des populations indigènes et noires, indissociables de la matrice culturelle du pays.
Le Brésil expose les résultats d’une recherche centrée sur les philosophies et les imaginaires des populations indigènes et noires, indissociables de la matrice culturelle du pays. DR

« Celle-ci englobe la vision idéalisée et racialisée de la “nature tropicale” qui a façonné la représentation de l’identité nationale du Brésil », expliquent-ils. Le pavillon met à l’honneur les pratiques et les coutumes des tribus autochtones autour de la gestion de leurs terres et de leur production. « Un exemple puissant, pointant vers un avenir où la décolonisation et la décarbonation vont de pair, en particulier face au changement climatique. »


« Unbuild Together », le pavillon ouzbek

Curateur du pavillon de l’Ouzbékistan, Studio KO s’est inspiré de l’architecture remarquable et méconnue de ce pays. « Notre proposition se lit comme une rencontre d’horizons différents, permettant de porter un regard croisé sur le patrimoine architectural ouzbek, pour se plonger dans son passé afin de trouver les outils nécessaires à l’élaboration du monde de demain. Déconstruire ensemble la modernité, en interrogeant la notion d’archaïsme, résument Karl Fournier et Olivier Marty, les deux fondateurs. Notre participation est avant tout collaborative, plaçant l’humain au centre de notre démarche. »

Curateur du pavillon de l’Ouzbékistan, Studio KO s’est inspiré de l’architecture remarquable et méconnue de ce pays.
Curateur du pavillon de l’Ouzbékistan, Studio KO s’est inspiré de l’architecture remarquable et méconnue de ce pays. Gerda Studio

Née de la visite des ruines des qalas, anciennes forteresses de la région du Karakalpakstan, leur proposition gravite autour de la brique. Un matériau universel, constitutif de l’architecture du pays, mais également cher à Studio KO. Plongés dans la pénombre, les visiteurs empruntent un labyrinthe énigmatique fait de briques dont certaines ont été récupérées dans la Cité des Doges et d’autres, vernissées, ont été fabriquées avec 20 étudiants de Tachkent et le maître céramiste ouzbek Abdulvahid Bukhoriy, grâce à qui cet art ancestral a su perdurer.


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« T/C Latvija (TCL) », le pavillon letton

Pour le pavillon de la Lettonie, transformé en supermarché, Ernests Cerbulis et Uldis Jaunzems-Petersons ont exhumé les concepts développés et présentés dans les pavillons nationaux à l’occasion des dix dernières biennales, précisément depuis 2002, année de la première participation du pays à la manifestation. Ceux-ci sont restitués sous forme de paquets de lessive et autres emballages, soit, au total, 506 produits aux couleurs criardes. On feuillette le catalogue des promotions, on déambule dans les rayons, on fait ses emplettes et on passe à la caisse.

Pour le pavillon de la Lettonie, transformé en supermarché, Ernests Cerbulis et Uldis Jaunzems-Petersons ont exhumé les concepts développés et présentés dans les pavillons nationaux à l’occasion des dix dernières biennales.
Pour le pavillon de la Lettonie, transformé en supermarché, Ernests Cerbulis et Uldis Jaunzems-Petersons ont exhumé les concepts développés et présentés dans les pavillons nationaux à l’occasion des dix dernières biennales. DR

« Confronter un grand nombre d’idées peut être fatigant, mais pourquoi ne pas considérer que prendre des décisions puisse être fun ? » interrogent les commissaires. Furieusement photogénique, l’exposition établit des parallèles entre la grande consommation et le principe même d’une biennale, où la pléthore d’idées confine parfois à l’excès.


« Open for Maintenance », le pavillon allemand

Cette année, le commissariat du pavillon allemand a été confié à ARCH+ et à Büro Juliane Greb. Point de départ de leur proposition : la réutilisation des vestiges d’une quarantaine de pavillons de la Biennale d’art de Venise 2022. Collectés et répertoriés, les matériaux destinés à la déchetterie vont entamer une renaissance pour réparer et moderniser différents lieux et bâtiments à Venise. Derrière son titre iconoclaste, « Open for Maintenance » (« Ouvert pour maintenance ») interroge en effet la notion d’entretien et prône « une nouvelle culture du bâtiment ».

Cette année, le commissariat du pavillon allemand a été confié à ARCH+ et à Büro Juliane Greb.
Cette année, le commissariat du pavillon allemand a été confié à ARCH+ et à Büro Juliane Greb. DR

Le pavillon est ainsi transformé en grand magasin de matériaux, assorti d’un atelier où les visiteurs sont témoins du processus de réemploi. En parallèle, une plate-forme en ligne permet la vente au détail. « Nos interventions visent à faire de ce pavillon une infrastructure utile, plutôt qu’un lieu de représentation nationale », résume l’équipe curatoriale. 


« In Vivo », le pavillon belge

Aux manettes du pavillon belge cette année, l’agence Bento et la philosophe Vinciane Despret explorent le rapport entre l’architecture et les ressources. Face à l’urgence de bâtir autrement, l’équipe développe de nouveaux matériaux de construction, naturels et issus du vivant. Dans la salle centrale, les commissaires expérimentent des panneaux de mycélium (partie végétative des champignons) placés dans une structure en bois de 6 mètres de hauteur.

Lagence Bento et la philosophe Vinciane Despret sont aux commandes du pavillon Belge cette année.
Lagence Bento et la philosophe Vinciane Despret sont aux commandes du pavillon Belge cette année. DR

Le sol est quant à lui fabriqué à partir de terre crue provenant de déblais. Mycélium, bois et terre viennent du territoire bruxellois, illustrant la nécessité absolue de promouvoir l’approvisionnement local. À l’inverse des propositions curatoriales théoriques, la Belgique mise sur une approche très concrète, démontrant que le développement de nouvelles filières plus vertueuses est aujourd’hui possible.


« Onomatopoeia Architecture », le pavillon de Kengo Kuma

En marge de la biennale, le Palazzo Franchetti accueille une exposition consacrée au travail de Kengo Kuma. Cette rétrospective rassemble les projets les plus significatifs de l’architecte japonais, présentés à travers de très belles maquettes.

Dans « The Exchange », l’architecte Kengo Kuma dialogue avec la matière.
Dans « The Exchange », l’architecte Kengo Kuma dialogue avec la matière. DR

« Chaque fois que je vais à Venise, je me sens proche de l’eau en tant que “matériau”, explique celui-ci. Je pense au dialogue entre l’homme et la matière. Dans cette exposition, je souhaitais montrer comment je crée un dialogue avec les matériaux, lequel est rarement influencé par la logique et difficile à comprendre. C’est pourquoi j’utilise toujours l’onomatopée. La matière et le corps se parlent, et ils résonnent en employant ce langage primitif. » L’occasion de plonger dans une œuvre qui revisite les traditions japonaises à travers une écriture à la fois singulière et contemporaine.


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