C’est un attelage 100 % méditerranéen que celui formé par les architectes Rudy Ricciotti et Amelia Tavella pour le concours du futur conservatoire de musique, de danse et d’art dramatique d’Ajaccio. Ils viennent de remporter la mise avec un projet inspiré par une partition emblématique de l’œuvre du compositeur Henri Tomasi, qui va donner son nom au bâtiment. L’identité ajaccienne est au cœur de la proposition du tandem, qui a fait l’unanimité auprès du jury. Le sexagénaire installé à Bandol et la quadragénaire basée à Aix-en-Provence ont uni leurs talents pour édifier la pièce emblématique du futur écoquartier du Finosello. « Ce projet incarne le regard de deux Méditerranéens, un homme et une femme », commente Amelia Tavella, pour qui la rencontre avec Rudy Ricciotti, par ailleurs auteur du MuCEM, fut des plus fructueuses.
Partition minérale
Les deux architectes ont en commun l’obsession de la poésie et de la beauté. Ils n’ont pas sacrifié la dimension esthétique du bâtiment sur l’autel de la complexité du site. L’édifice est prévu pour accueillir 600 élèves en lieu et place d’un ancien collège et s’inscrit dans l’ambitieux programme « Ajaccio 2030 ». Il remplacera l’actuel conservatoire, installé en trois endroits dispersés dans la ville. S’il puise son inspiration dans la musique, le projet rend hommage à la topographie de l’Île de Beauté, si singulière, dont il offre une représentation bâtie, tout en minéralité.
« La Corse est dans l’inclinaison, c’est son histoire. Elle est dans la résistance topographique, à l’image même de la résistance physique de son peuple ! » clame Rudy Ricciotti. En partie enterré, le bâtiment de 3 200 m² préserve la vue sur le grand paysage. Transcription littérale de la partition d’un concerto de Tomasi, les brise-soleil granitiques habilleront le volume avec une certaine poésie. La livraison est prévue pour 2022.