Architecture : Six constructions phares signées David Adjaye

Pour la première fois de son histoire, le vénérable Royal Institute of British Architects ou RIBA, a honoré un architecte d'origine africaine, de sa très convoitée Royal Gold Medal. Tous les ans, cette récompense distingue, avec l'aval du monarque britannique, la carrière d’un architecte. Retour sur celle du Britanico-Ghanéen David Adjaye, lauréat 2021.

1/ La Mole House à Londres

Située dans le quartier de Hackney, à l’est de Londres, la « Mole House » avait déjà une histoire bien particulière avant l’intervention de David Adjaye… Acquise par l’artiste Sue Webster, cette ancienne maison victorienne était restée vacante après le passage remarqué du « Hackney Mole House », que l’on peut traduire par « l’homme taupe de Hackney ». Pendant une quarantaine d’années, le propriétaire a en effet creusé un complexe réseau de tunnels sous la bâtisse, sans véritable raison. Une légende urbaine qui a ravi les amateurs d’histoires insolites… mais est devenue un cauchemar pour le voisinage ! David Adjaye a su conserver l’authenticité de ce site singulier tout en l’associant à des ajouts en contraste avec les premiers ouvrages du farfelu propriétaire. Cette maison est née d’un exercice archéologique, d’un travail d’excavation, dégageant près 2 000 tonnes de béton de remplissage, et au passage des années et des années d’histoire domestique fossilisées. Le résultat ? Une anatomie contemporaine, tout en angles, très épurée, qui tranche avec les réalisations organiques, ultimes reliquats du désormais légendaire « homme taupe ».

Exterieur de la « Mole House » de David Adjaye à Londres.
Exterieur de la « Mole House » de David Adjaye à Londres. DR
L’oculus de la « Mole House » fait pénétrer un maximum de lumière à l’intérieur.
L’oculus de la « Mole House » fait pénétrer un maximum de lumière à l’intérieur. DR
La hauteur sous plafond impressionnante de la « Mole House ».
La hauteur sous plafond impressionnante de la « Mole House ». DR

2/ Le Musée Smithsonian d’histoire et de culture afro-américaines à Washington (EU)

« Dès le départ, il était clair que ce bâtiment n’allait pas être en marbre blanc, il devait parler un langage différent », raconte David Adjaye, dont le cabinet a remporté le concours portant sur ce musée, érigé en 2016. Pour ce bâtiment situé à côté du Washington Monument, l’architecte s’était imposé la tâche d’établir un lien conceptuel fort entre ce lieu historique et l’héritage africain des Etats-Unis. Le musée Smithsonian est reconnaissable à sa silhouette en forme de couronne, notamment inspirée par le travail du sculpteur yoruba Olowe d’Ise. Une structure qui s’habille de panneaux en métal ajouré, qui viennent rendre hommage au savoir-faire des artisans et métallurgistes afro-américains, asservis et libres de Caroline du Sud et de Louisiane.

Le dynamisme de la façade du Musée Smithsonian d’histoire et de culture afro-américaines à Washington signé David Adjaye.
Le dynamisme de la façade du Musée Smithsonian d’histoire et de culture afro-américaines à Washington signé David Adjaye. DR
La pluie artificielle du Musée Smithsonian d’histoire et de culture afro-américaines à Washington.
La pluie artificielle du Musée Smithsonian d’histoire et de culture afro-américaines à Washington. DR
La scénographie interne anime le Musée Smithsonian.
La scénographie interne anime le Musée Smithsonian. DR
Détail de la façade ajourée du Musée Smithsonian d’histoire et de culture afro-américaines à Washington.
Détail de la façade ajourée du Musée Smithsonian d’histoire et de culture afro-américaines à Washington. DR
Le lobby du Musée Smithsonian d’histoire et de culture afro-américaines à Washington.
Le lobby du Musée Smithsonian d’histoire et de culture afro-américaines à Washington. DR

3/ Le Stephen Lawrence Centre à Londres

En 1993, Stephen Lawrence, un étudiant noir britannique, est assassiné à Londres. Un meurtre qui secoue le Royaume et « ouvre les yeux du pays », d’après les mots du père de la victime, sur l’étendu du racisme en Grande-Bretagne. Pour rendre hommage au jeune homme, le Stephen Lawrence Centre ouvre ses portes en 2007. Le lieu est un mémorial, ainsi qu’un espace venant en aide aux jeunes d’origines africaine et caribéenne. Le plan du bâtiment est basé sur un dessin de Chris Ofili, figure des Young British Artists, qui a aussi signé le motif visible sur la façade.

La peau architecturale métallique du Stephen Lawrence Centre à Londres.
La peau architecturale métallique du Stephen Lawrence Centre à Londres. DR
Un exterieur qui se fond dans le paysage, le Stephen Lawrence Centre à Londres, David Adjaye.
Un exterieur qui se fond dans le paysage, le Stephen Lawrence Centre à Londres, David Adjaye. DR
La façade miroir du Stephen Lawrence Centre à Londres.
La façade miroir du Stephen Lawrence Centre à Londres. DR
Perspective anguleuse sur le Stephen Lawrence Centre à Londres.
Perspective anguleuse sur le Stephen Lawrence Centre à Londres. DR

4/ Le Cherry Groce Memorial Pavillon

Le 28 septembre 1985, dans le quartier de Brixton à Londres, la police tire sur Cherry Groce dans sa propre maison, sous les yeux de ses enfants. Restée paralysée, elle meurt en 2011 des suites de ses blessures. C’est cette année, que Adjaye Associates a dévoilé le design d’un mémorial qui sera situé dans le Windrush Square. De forme triangulaire, il comprendra des bancs publics abrités par un toit planté, où sera gravé le nom de Cherry Groce. « La construction de ce mémorial parlera de justice réparatrice et symbolisera ce qui compte pour la communauté, compte pour Londres et le monde entier. Cette tragédie a duré trop longtemps sans reconnaissance dans le domaine public et il y a maintenant une urgence et une importance renouvelées à affronter enfin cette histoire », a déclaré David Adjaye.

Tel une folie architecturale, Le Cherry Groce Memorial Pavilion de David Adjaye.
Tel une folie architecturale, Le Cherry Groce Memorial Pavilion de David Adjaye. DR

5/ Flagship-store The Webster à Los Angeles

Logé aux pieds du Los Angeles Beverly Center, le flagship de The Webster se reconnaît à sa coque rose massive en béton. « Au cours des cinq dernières années, j’ai commencé à travailler avec beaucoup de teintes rouges et roses saturées, ce qui me ramène aux premières expériences liées à la couleur que j’ai faites au début de ma carrière. Le rose est à la mode, mais je voulais faire quelque chose de dur et de doux à la fois », explique l’architecte. Cette imposante masse de béton teintée est présentée comme « une ode à la luminosité de Californie, où la lumière du Pacifique amplifie les couleurs saturées ».

L’extérieur du flagship-store The Webster à Los Angeles de David Adjaye.
L’extérieur du flagship-store The Webster à Los Angeles de David Adjaye. DR
Les courbes maternelles du flagship store The Webster.
Les courbes maternelles du flagship store The Webster. DR
Le rose est omniprésent au Webster.
Le rose est omniprésent au Webster. DR

6/ Centre d’art Ruby City à San Antonio (Texas)

Autre projet qui met à l’honneur la couleur, le Ruby City, un centre d’art situé au Texas. Celui-ci répond à la vision de la regrettée collectionneuse, philanthrope et artiste Linda Pace, décédée en 2007. Conçu comme une boucle déambulatoire, il héberge sa propre collection de plus de 800 peintures, sculptures, vidéos et installations. Quant à l’habillage de la façade, il s’agit d’une couche de béton préfabriqué dans la ville de Mexico, imprégné de rouge. A hauteur d’homme, le béton est poli, de manière à ce que les passants puissent le caresser. Dans la section supérieure, la façade se fait plus rugueuse, incrustée de deux teintes de verre rouge, créant ainsi un contraste de matière.

Les façades anguleuses du centre d’art Ruby City à San Antonio de David Adjaye.
Les façades anguleuses du centre d’art Ruby City à San Antonio de David Adjaye. DR
L’extérieur du centre d’art Ruby City.
L’extérieur du centre d’art Ruby City. DR
Belle hauteur sous plafond à Ruby City.
Belle hauteur sous plafond à Ruby City. DR
Salle d’exposition du centre d’art Ruby City.
Salle d’exposition du centre d’art Ruby City. DR