Escapades culturelles : les 6 plus belles maisons d’artistes ouvertes au public

De Granville à la Costa Brava, en passant par Paris et Marrakech, ces maisons et ateliers d’artistes mythiques sont devenus de véritables sanctuaires créatifs. Lieux de vie, de travail et d’inspiration, ils dévoilent aujourd’hui leurs secrets au public. À visiter cet été pour plonger dans l’intimité des génies de la mode, de la peinture ou de la sculpture.

La villa de Christian Dior à Granville, le studio de Suzanne Valadon à Montmartre, la demeure de Salvador Dalí à Portlligat… Ces lieux, autrefois espaces de travail et de réflexion, aujourd’hui rénovés et réaménagés en musées, sont devenus des témoins précieux du processus créatif de ceux qui les ont habités et parfois même capturés dans leurs œuvres. Si la maison de Monet à Giverny est connue de tous, d’autres moins touristiques méritent tout autant le coup d’œil. Voici un tour d’horizon des ateliers et maisons d’artistes incontournables, de Paris à Marrakech en passant par la Costa Brava.


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1 – Musée Christian Dior, à Granville

Tirant son nom du terme marin qui désigne les trente-deux divisions de la rose des vents, la villa Les Rhumbs, maison d’enfance de Christian Dior, est aujourd’hui consacrée à l’univers du célèbre couturier. Construite à la fin du XIXᵉ siècle, cette demeure Belle Époque est perchée sur les hauteurs des falaises de Granville, en Normandie, offrant ainsi un superbe panorama sur la côte et le soleil se couchant dans l’océan : un cliché saisissant !

La Villa Les Rhumbs, sans doute l’une des plus belles maisons d’artistes.
La Villa Les Rhumbs, sans doute l’une des plus belles maisons d’artistes. © Benoit Croisy

Devenue musée en 1997, elle offre une programmation d’expositions riche, mettant en lumière l’influence de Dior sur la mode et son héritage artistique. Entre robes iconiques, objets personnels et documents rares, le parcours permanent plonge le visiteur dans l’intimité du créateur de légende et se poursuit dans le jardin, classé « Jardin Remarquable ». Il accueille la terrasse bucolique de La Rose du Rocher, un restaurant et un salon de thé qui permet de prolonger la visite, au croisement de l’art, de la nature et de l’élégance.

> Musée Christian Dior, 1 Rue d’Estouteville, Granville.


2 – Musée national Jean-Jacques Henner, à Paris

Niché dans un majestueux hôtel particulier du XIXᵉ siècle, rare témoignage de l’architecture privée sous la IIIᵉ République, le musée national Jean-Jacques Henner renferme une belle collection de l’œuvre du peintre alsacien. Mais l’édifice vaut autant le coup d’œil que les toiles du maître, élu membre de l’Académie des beaux-arts en 1889. Avant d’être acquise en 1921 par Marie Henner, veuve du neveu du plasticien, cette demeure bourgeoise est passée d’artistes en artistes, de Roger Jourdain à Guillaume Dubufe, dont il reste de ce dernier des étonnantes traces orientales.

Le salon rouge du musée national Jean-Jacques Henner, à Paris.
Le salon rouge du musée national Jean-Jacques Henner, à Paris. DR

Chacun y avait son atelier, à des endroits différents. De grands travaux, menés par Marcel Legendre, ont permis d’accueillir la collection dédiée à Jean-Jacques Henner. Depuis, le salon néo-Renaissance s’ouvre sur le jardin d’hiver par une colonnade en stuc, d’où son nom actuel de « salon aux colonnes ». Le musée a ouvert ses portes au public en 1924 mais en 1935, sur les plans de l’architecte André Arfvidson, l’hôtel particulier est surélevé de deux étages, afin de créer un appartement et un nouvel atelier d’artiste à l’usage, cette fois-ci, du conservateur Many Benner, autre peintre aux talents reconnus !

> Musée national Jean-Jacques Henner, 43, avenue de Villiers, Paris 17e.


3 – Le Jardin Majorelle et le Musée Pierre Bergé des arts berbères, à Marrakech

La Villa Majorelle et l’Atelier Majorelle suscitent souvent la confusion. Alors, une mise au point s’impose. La première, emblématique de l’Art nouveau, a été construite à Nancy entre 1901 et 1902 pour l’artiste Louis Majorelle, ungrand ébéniste et décorateur français. Le second a été créé par son fils, Jacques Majorelle, peintre orientaliste, au cœur d’un jardin désormais célèbre de Marrakech. En 1980, Yves Saint Laurent et son compagnon Pierre Bergé rachètent le domaine pour le sauver de la ruine.

Le Jardin Majorelle, à Marrakech.
Le Jardin Majorelle, à Marrakech. Nicolas Matheus

Passionné par la culture locale, le couple s’installe dans la Villa Oasis, aujourd’hui fermée au public. L’atelier a, lui, été transformé en 2011 en Musée Pierre Bergé des arts berbères, sous le haut patronage de sa Majesté le Roi Mohammed VI. À travers plus de 600 pièces issues d’un territoire allant du Rif jusqu’au Sahara, il offre un large aperçu de l’extraordinaire créativité de ce peuple, le plus ancien d’Afrique du Nord et toujours d’une culture vibrante. Mais, aucune des créations du couturier n’y est exposée. Pour les découvrir, il faudra se rendre au musée Yves Saint Laurent, ouvert récemment à deux pas.

> Le Jardin Majorelle et le Musée Pierre Bergé des arts berbères, 40, 090 rue Yves St Laurent, Marrakech, Maroc


4 – La maison-musée Salvador Dalí, à Portlligat

Si vous avez vu le film Daaaaaali ! (2023) réalisé par Quentin Dupieux, la maison-musée Salvador Dalí ne vous sera pas totalement inconnue. C’est dans cette demeure à l’architecture vernaculaire et située à Portlligat – un petit village près de Cadaqués – qu’il a été en partie tourné. Comme accrochée aux rochers de la partie sauvage de la Costa Brava, elle se distingue par son blanc immaculé et a été conçue à l’image de l’artiste surréaliste, comme un dédale chimérique.

Extrait du livre de photographies « Casa Dali » de Coco Capitan, aux éditions Apartamento.
Extrait du livre de photographies « Casa Dali » de Coco Capitan, aux éditions Apartamento. Coco Capitan

Résidence principale de Dalí de 1930 à 1982, elle est aujourd’hui gérée par la Fondation Gala-Salvador Dalí qui l’ouvre au public. Les extérieurs et les pièces sont ornés de sculpture et d’objets insolites comme un grand œuf iconique. Baigné de lumière naturelle, son atelier contient toujours ses chevalets, pinceaux et autres outils, offrant un aperçu de son processus créatif.

En bonus, la photographe Coco Capitan a immortalisé le domaine dans le beau livre Casa Dali édité par Appartamento. De quoi emporter un peu de cette beauté avec soi.

> Maison-musée Salvador Dalí – Platja de, 17488 Port Lligat, Girona, Espagne


5 – Les Ateliers-musée Chana Orloff, Villa Seurat, à Paris

Originaire du sud-est de l’Ukraine, Chana Orloff immigre à Paris en 1910 pour apprendre la couture au sein de la maison Paquin. Finalement, elle deviendra une sculptrice majeure du XXe siècle, exposant très tôt aux côtés de Matisse, Rouault ou encore Van Dongen. En 1925, elle obtient à la fois la nationalité française et la Légion d’honneur, puis devient sociétaire du Salon d’automne.

Les Ateliers-musée Chana Orloff, Villa Seurat, à Paris.
Les Ateliers-musée Chana Orloff, Villa Seurat, à Paris. DR

Ce succès, elle le doit à sa liberté de style et à son atelier du 14e arrondissement de Paris, conçu par Auguste Perret en 1926. Elle y travaille jusqu’à sa mort en 1968. Ses nombreux amis – Soutine, Georges Kars, Lucy Krog, Moïse Kisling, Hermine David, Otto Rank, Anaïs Nin, Jakovlev ou Foujita – et ses clients lui y rendaient régulièrement visite. Les meubles de Pierre Chareau et de Francis Jourdain ont disparu pendant la Seconde Guerre mondiale, mais les intérieurs ont conservé leur aura d’antan !

> Ateliers-musée Chana Orloff, 7 bis Villa Seurat, Paris 14e.


6 – Maison Caillebotte, à Yerres

Moins connue que la maison de Claude Monet à Giverny, la Maison Caillebotte à Yerres n’a pas à rougir face à celle de son aînée. Transformée en musée, la demeure et le jardin proposent au visiteur de se plonger dans les décors qui ont tant inspiré le peintre impressionniste. Il y a réalisé plus de 80 toiles, entre 1860 et 1879, essentiellement des portraits de familles, d’enfants et d’amis, en intérieurs et extérieurs, ou encore des scènes de loisirs bucoliques dans le parc et au bord de la rivière.

Si, parmi les maisons d’artistes de Claude Monet, celle de Giverny est la plus connue, dans celle de Yerres, le peintre a peint, entre 1860 et 1879, plus de 80 toiles.
Si, parmi les maisons d’artistes de Claude Monet, celle de Giverny est la plus connue, dans celle de Yerres, le peintre a peint, entre 1860 et 1879, plus de 80 toiles. © Maison Caillebotte

De style néoclassique et donc imprégnée de l’Antiquité grecque et romaine, la villa est agrémentée de larges colonnes ostentatoires et est entourée d’un vaste parc à l’anglaise qui contraste par son aspect plus libre et naturel avec la rigueur architecturale du bâtiment principal. Une partie de l’institution, comme l’Orangerie, s’est affranchie de la période du peintre pour mettre en lumière des artistes contemporains comme Ofer Josef ou Eli Keller.

> Maison Caillebotte, 8 Rue de Concy, Yerres.


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