Finis la socca trop cuite et les farcis lustrés d’huile. Dans un Nice un « poêle » ronflant, une nouvelle garde de chefs affûtés et d’esthètes du bon goût redonne du nerf à la scène gastro locale. Cantines boisées, comptoirs carrelés et bistrots d’auteur aux airs de maisons de famille : ici, l’assiette se savoure autant que le lieu. Loin des pièges du Vieux, voici notre sélection d’adresses pour becs exigeants.
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1. Hely, la cantine de quartier

Place Max Barel à Nice, Hely bouscule les standards : mi-cantine, mi-épicerie, mi-apéro, mais 100 % cool. Murs grattés jusqu’à l’os, comptoir carrelé, affiches signées Gianluca Cannizzo: ambiance mini QG déco. Aux manettes, François Robin, ex-bistrotier parisien – casquette vissée, bras tatoués – rameute les fines bouches du quartier. Dans les assiettes : du cochon en total takeover (pâté en croûte, hot-dog de saucisson brioché, burger de boudin noir) mais aussi tacos de tripes de veau et légumes bien élevés. À arroser d’un jaja nature bien choisi.
> 1 Av. du Mont Alban. @hely.nice
2. Les cocktails bien troussés de Povera




Sous les plafonds hauts du quartier des Antiquaires, Maxime Potfer (ex-Experimental) shake des cocktails façon uppercut. Murs à nu, comptoir en béton ciré blanc, soubassements badigeonnés d’ocres : Povera (clin d’œil à la « cucina povera » ) joue la carte du beau bancal, entre wabi-sabi japonais et maison de famille provençale. Dans le verre, rien ne se perd : pain brûlé, cosses de fèves, feuilles d’olivier, fruits trop mûrs… glanés chez les voisins restaurateurs ou producteurs, puis recyclés, réinventés et sublimés. Derrière le comptoir, l’anti-gaspillage flirte avec le grand art. Et ça matche fort.
> 18 rue Emmanuel Philibert. @barpovera
3. Les lingots au levain de Pompon Boulangerie







Chez Pompon, tout est à vue : pétrins qui tournent, bannetons bien rangés, levain qui bulle et croûtes qui bronzent à vue. Déborah et Jonathan – anciens du Refettorio et de la Blogothèque – ont tout plaqué pour bouler des miches au levain au goût franc. Boiseries claires, terrazzo moucheté et murs carrelés : le décor, déjà, appelle au lèche-vitrines. Sur le comptoir : pain de campagne doré, focaccia huile d’olivé à souhait, mais aussi beignets joufflus au citron de la côte et brioche à la fleur d’oranger de Vallauris… À toper au gré des humeurs du fournil.
> 15 rue Beaumont. @pomponboulangerie
4. Le bistrot des Serruriers: esprit Pagnol







Le Bistrot des Serruriers, c’est un peu comme un film de Marcel Pagnol : simple, chaleureux, ancré dans son terroir. Ici, tout est lié. L’histoire du lieu, la cuisine du cœur et un décor qui respire la Provence : murs couverts de tableaux, meubles chinés, grands miroirs piqués. En contrebas de l’Hôtel du Couvent, le chef Thomas Vételé y revisite les grands classiques avec justesse et générosité. Pain cuit sur place dans la boulangerie de l’hôtel, herbes du jardin, quilles nature adoptées par la sommelière : tout se tient, sans fard, ni détour. Et chaque jour, un plat solidaire, au prix laissé à la discrétion du client. Un bistrot comme on n’en fait (quasiment) plus.
> 16 rue des Serruriers. @bistrotserruriers
5. Les sandwichs du sud de Robbi






Planquées sous les arcades, les sœurs Marion et Margo Champoussin élèvent le sandwich au rang d’art de vivre. Dans leur mini-cambuse aux airs de snack rétro (tomettes, Formica, bar boisé, fournil en sous-sol), elles dealent des beautés lèche-doigts bien balancées et bien sourcées : bagnat (un vrai, du boulanger !) à la ventrèche de bonite locale, truccia à l’artichaut, pain perdu à la tomate largement arrosé d’huile d’olive… À dévorer sur place en terrasse ou à dwichnapper à peine emballés.
> 3 place de l’Île-de-Beauté. @robbi.sandwicherie
6. Babel Babel : cuisine polyglotte

Dans une ancienne maison de pêcheur sur la Promenade des Anglais, Babel parle toutes les langues – la Méditerranée, le Moyen-Orient, les Balkans – , mais surtout celle du bon goût. Sur la terrasse la plus cool de Nice, face à la mer, ça cause pastrami, aubergine rôtie, houmous et borek, avec un sourcing irréprochable. Pêche du jour, légumes frais, pain maison, vins vivants à boire les yeux fermés.
Le midi, c’est « laffa club » version street food israélienne, le dimanche brunch à volonté. Tomettes patinées, banquettes vert Méditerranée, tabourets en bois brut : à l’ombre des citronniers, on y défend un art de vivre simple et joyeux. La Riviera sans cliché ! Pour faire le plein de jaja sympas, direction Barrique, leur cave du Vieux-Nice, mini-repaire en marbre rouge aux néons dorés.
> 2 cours Jacques Chirac. @babel_babel_nice
7. Banh Mei: Bò bún bodybuildé




Il fallait oser ouvrir plus haut que la place Rossetti. You (Thi-Hieu Nguyen) l’a fait – et bien. Dans sa cantine timbre poste boisée, la cheffe balance des classiques viêtnamiens revisités avec peps méditerranéen : kimchi revigorant, wontons allumés de sauce chili, capoun (chou farci niçois) twisté au porc et champignons dans un bouillon phô gourmand, pâté en croûte « à la viet »… Le tout à engloutir sur la mince terrasse ensoleillée, une demi-fesse posée sur un tabouret en plastique à même le trottoir, comme à Hanoi.
> 6 rue Rossetti. @banhmei
8. Pure & V, le sophistroquet pour naturopathes




Coin de rue discret, déco minimalo-sévère (murs gris, baies vitrées, tables nues) mais duo de haut vol : Vanessa Massé, star du jus nature, gratifiée d’une étoile et Pinja Paakkonen, cheffe finlandaise au CV cinq étoiles (Trio, Alchemist…). À table comme en salle, la partition gastronomique ambiance une Méditerranée vibrante à la sauce nordique : sashimi de mulet à l’huile de verveine, ris de veau purée-petits pois et jungle d’herbes, bavarois camomille-mandarine…
> 15 rue Bottero. @restaurantpurev
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