Un brin surréaliste, l’Arbre Blanc impressionne par sa folie architecturale. Implanté à Montpellier, au bord du Lez, cet immeuble résidentiel, comprenant un restaurant et à son sommet, un bar, est le fruit de la rencontre orchestrée par les architectes Sou Fujimoto, Nicolas Laisné et Manal Rachdi, fondateur de OXO Architectes, entre le Japon et la Méditerranée. Retour sur ce projet fascinant, élu « plus bel immeuble résidentiel au monde ».
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Un arbre de béton et de métal innovant
Grâce à un bouche-à-oreille efficace et quelques récompenses, l’Arbre Blanc pourrait bien voler la vedette au Taj Mahal, à la Basilique du Sacré Cœur, au musée Guggenheim de New York, à la Cité des Arts et des Sciences de Valence ou encore au musée d’art contemporain de Niteroi à Rio de Janeiro, tous comme lui d’un blanc immaculé. D’ailleurs, il se situe à Montpellier, au 10 Parvis Oscar Niemeyer, l’architecte moderniste, grand adorateur du blanc !

À peine achevé, il reçoit en 2020 le prix du Plus bel immeuble d’habitation au monde, décerné par le magazine en ligne incontournable ArchDaily d’après le vote de 95 000 internautes parmi plus de 1000 projets internationaux. En 2021, preuve de son rayonnement international, il se voit attribuer le Best Tall Building Award of Excellence Winners par le Council on Tall Buildings and Urban Habitat (CTBUH), une organisation basée à Chicago, spécialisée dans l’étude et la promotion de l’urbanisme durable et des gratte-ciels. Grâce à son aura remarquable, cet édifice hors norme dans la région a permis à Montpellier d’être la première ville à recevoir, en 2021, le label Design Art City : autant de distinctions amplement méritées.
Du haut de ses 17 étages et 56 mètres, l’Arbre Blanc prône le vivre-dehors. Dès le premier coup d’œil sur la façade imposante et singulière, les larges terrasses et pergolas suspendues dans le vide interpellent. Celles-ci sont dotées d’un porte-à-faux spectaculaire, allant jusqu’à 7,5 mètres de long : une prouesse technologique. Elles évoquent les feuilles d’un arbre, telle une métaphore de la photosynthèse. A l’image de ce phénomène naturel, elles ont, elles aussi, une fonction bien particulière. Habilement dissimulées, elles permettent à l’air et à l’eau de circuler de manière harmonieuse, grâce notamment à des bacs en acier ou en alu qui réceptionnent l’eau de pluie pour la ramener vers des descentes disposées dans l’épaisseur de la façade.
Un monument intégré au paysage urbain
Bref, si le bâtiment ressemble à un arbre, ce n’est pas uniquement par un soucis d’esthétisme, comme le souligne Nicolas Laisné : « À partir du mois de juin, il commence à faire très chaud à Montpellier, nous voulions donc créer un bâtiment qui se protège du soleil en été, comme le fait un arbre avec ses branches et ses feuillages. Ici, ils prennent la forme de terrasses qui empêchent les rayons d’atteindre la façade et donc de la réchauffer. En revanche, en hiver, le soleil étant plus bas, cette lumière pénètre dans les logements. » L’Arbre Blanc est truffé de technologies astucieuses et nécessaires. Étant bâti sur un terrain sismique, il repose sur une structure auto-dalle et donc un ensemble de poteaux en métal auxquels sont accrochés les balcons. La nuit, ils sont mis en lumière, tel un monument désormais parfaitement intégré au paysage de la cité.

Mais cette prouesse architecturale ne s’est pas faite en un jour. Plus de quatre ans de travaux, 1500 hommes et 22 millions d’euros ont été nécessaires pour ériger cette tour unique au monde, devenue le point culminant de la ville, tel le Mont Fuji surgissant dans le ciel du Midi ou les emblématiques cerisiers en fleur au Pays du Soleil Levant. En effet, l’Arbre Blanc fait le pont entre l’Occident et l’Extrême-Orient. Il a été imaginé par l’architecte japonais Sou Fujimoto, le français Nicolas Laisné et l’agence OXO Architectes, spécialisée dans l’architecture durable, une des conditions du cahier des charges. Ce projet se voulait être la symbiose de deux cultures d’excellence réalisées dans une démarche éco responsable. Mission accomplie – même si un tel projet avant-gardiste divise forcément.
Un bar haut perché
Idéalement situé, entre les quartiers historiques et les quartiers récents de Richter et d’Odysseum, à mi-chemin entre l’ancien et le nouveau Montpellier, l’Arbre Blanc renferme 110 appartements, 144 parkings en sous-sol et une cinquantaine de caves. Chaque résident est évidemment libre de décorer à son image son intérieur de neige, fait de grands volumes ouverts vers l’extérieur et agrémentés de plafonniers et de rangements façonnés en écho avec l’architecture de la façade. Mais ces quelques privilégiés ne sont pas les seuls à pouvoir jouir des espaces de l’édifice. Le plus haut perché a notamment été réservé en partie à la création d’un bar, accessible à tous, comme le restaurant et la galerie.

Le toit terrasse ne laisse pas indifférent. Niché au point culminant, au dix-septième étage, la guinguette chic offre une vue dégagée et rare sur toute la région, de la Méditerranée jusqu’aux premiers contreforts des Cévennes en passant par le Mont St Clair et le Pic St Loup. Sur les rythmes lancés par les DJ, on y déguste des cocktails signatures et des tapas en plein air – dans une vaisselle écologique labellisée, en toute logique.
Au restaurant, pas de sensation de vertige, l’établissement se trouve au niveau 1 de l’Arbre Blanc t se déploie jusqu’à l’extérieur, sur une terrasse. Elle domine les méandres du Lez qui, en été, rafraîchit à merveille l’atmosphère. Aux manettes : un duo de maestro, et pas des moindres : Eric Cellier et Charles Fontès, respectivement chefs de La Maison de la Lozère et de La Réserve Rimbaud, une étoile Michelin. Ensemble, ils ont concocté une carte bistronomique ayant pour objectif de redonner ses lettres de noblesse à la cuisine dite « bourgeoise » faite de cuisses de grenouilles, de filets de daurade royale, d’escargots à la bourguignonne, d’œufs parfaits…
Œuvre d’art en soi, l’Arbre Blanc en renferme aussi en son sein, dans la galerie privée située au rez-de-chaussée et baptisée « La Serre », autre clin d’œil à la nature et à la façon dont l’homme l’apprivoise et s’en inspire.
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