Une exposition consacrée aux photographies de Stephen Shore

Pionnier de la photographie couleur, le New Yorkais Stephen Shore est devenu l’un des photographes contemporains les plus influents. « Véhiculaire&Vernaculaire » est le titre de sa première rétrospective organisée à Paris depuis dix-neuf ans.

Vernaculaire : avant de caractériser l’œuvre de Stephen Shore, le même adjectif définit celui de Walker Evans, de 44 ans son aîné, qui photographia l’Amérique en crise dans les années 30, avec ses baraquements, ses voitures, ses enseignes…


À lire aussi : Jeff Wall, la photographie mise en scène


Extraordinairement ordinaire

Comme lui, Stephen Shore finit par prendre la route, quittant son quartier de Manhattan pour le Grand Ouest. Il a 25 ans et, déjà, une belle carrière derrière lui. À l’âge de 14 ans, trois de ses clichés sont entrés dans la prestigieuse collection du MoMA.

Bay Theatre, Second Street, Ashland, Wisconsin, 9 juillet 1973. « Uncommon Places », 1973-1986.
Bay Theatre, Second Street, Ashland, Wisconsin, 9 juillet 1973. « Uncommon Places », 1973-1986. NEW YORK AND SPRÜTH MAGERS

À 17 ans, il est devenu le photographe attitré de la Factory, immortalisant musiciens, acteurs, artistes et écrivains, gravitant autour d’Andy Warhol. À 24 ans, il bénéficie d’une première exposition monographique au MoMA. C’est alors que le jeune artiste s’embarque en voiture pour un road trip, direction le Texas.

De son propre aveu, « ce fut un choc ». Stephen Shore expérimente la couleur (jusque-là réservée à la publicité et à la mode) en référence aux cartes postales, aux émissions de télévision, aux films hollywoodiens de l’Amérique des années 70, et il photographie de manière compulsive tout ce qui l’entoure: une station essence, un échangeur autoroutier, la façade d’un cinéma.

Photographies avant-gardistes

Opérant sans artifices ni mise en scène, il bouscule les conventions. « Voir quelque chose d’ordinaire […] et le reconnaître comme une possibilité photographique, c’est ce qui m’intéresse », professe-t-il.

U.S 89, Arizona, June 1972, de la série American Surfaces 1972-73.
U.S 89, Arizona, June 1972, de la série American Surfaces 1972-73. NEW YORK AND SPRÜTH MAGERS

Une première série intitulée « American Surfaces » sera rapidement suivie de « Uncommum Places », créée à la chambre, un appareil grand format particulièrement encombrant avec lequel il réalise des images structurées qui fourmillent de détails.

Ces deux travaux iconiques sont exposés à la Fondation Henri Cartier-Bresson, accompagnés de projets inédits en France, telles ces récentes images prises à l’aide de drones.

L’ensemble, plus d’une centaine de photographies datées de 1969 à 2021, propose une nouvelle façon de penser le monde, le moindre élément pouvant devenir source d’inspiration, pour peu qu’on veuille y prêter attention.

> « Véhiculaire& Vernaculaire ». À la Fondation HenriCartier Bresson, 79, rue des Archives, 75003 Paris, jusqu’au 15 septembre. Tél. : 01 40 61 50 50. Henricartierbresson.org


À lire aussi : Deux expositions de photographie à voir en Espagne

The Good Spots Destination France