Vernaculaire : avant de caractériser l’œuvre de Stephen Shore, le même adjectif définit celui de Walker Evans, de 44 ans son aîné, qui photographia l’Amérique en crise dans les années 30, avec ses baraquements, ses voitures, ses enseignes…
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Extraordinairement ordinaire
Comme lui, Stephen Shore finit par prendre la route, quittant son quartier de Manhattan pour le Grand Ouest. Il a 25 ans et, déjà, une belle carrière derrière lui. À l’âge de 14 ans, trois de ses clichés sont entrés dans la prestigieuse collection du MoMA.
À 17 ans, il est devenu le photographe attitré de la Factory, immortalisant musiciens, acteurs, artistes et écrivains, gravitant autour d’Andy Warhol. À 24 ans, il bénéficie d’une première exposition monographique au MoMA. C’est alors que le jeune artiste s’embarque en voiture pour un road trip, direction le Texas.
De son propre aveu, « ce fut un choc ». Stephen Shore expérimente la couleur (jusque-là réservée à la publicité et à la mode) en référence aux cartes postales, aux émissions de télévision, aux films hollywoodiens de l’Amérique des années 70, et il photographie de manière compulsive tout ce qui l’entoure: une station essence, un échangeur autoroutier, la façade d’un cinéma.
Photographies avant-gardistes
Opérant sans artifices ni mise en scène, il bouscule les conventions. « Voir quelque chose d’ordinaire […] et le reconnaître comme une possibilité photographique, c’est ce qui m’intéresse », professe-t-il.
Une première série intitulée « American Surfaces » sera rapidement suivie de « Uncommum Places », créée à la chambre, un appareil grand format particulièrement encombrant avec lequel il réalise des images structurées qui fourmillent de détails.
Ces deux travaux iconiques sont exposés à la Fondation Henri Cartier-Bresson, accompagnés de projets inédits en France, telles ces récentes images prises à l’aide de drones.
L’ensemble, plus d’une centaine de photographies datées de 1969 à 2021, propose une nouvelle façon de penser le monde, le moindre élément pouvant devenir source d’inspiration, pour peu qu’on veuille y prêter attention.
> « Véhiculaire& Vernaculaire ». À la Fondation HenriCartier Bresson, 79, rue des Archives, 75003 Paris, jusqu’au 15 septembre. Tél. : 01 40 61 50 50. Henricartierbresson.org
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