Sydney, la vie grandeur nature

Bouillonnante par son dynamisme et ses températures, Sydney incarne un éden cool et vert, les pieds dans l’eau. Avec sa scène de design méritant d’être découverte, sa révolution gastronomique en cours et son nouveau paysage culturel et urbain, la ville du Down Under est pleine de promesses. Sea, sand & sun !

Créateur de Vert Design, Andrew Simpson conçoit entre autres des kayaks pour découvrir la baie de Sydney.
Créateur de Vert Design, Andrew Simpson conçoit entre autres des kayaks pour découvrir la baie de Sydney. Young-Ah Kim

Sydney apparaît comme un eldorado pour beaucoup de jeunes fuyant la Vieille Europe. Elle caracole souvent aux premières places des villes où il fait bon vivre, avec un taux de chômage de 4,5 %. Aussi, si les Asiatiques y font leurs études, les Français y travaillent. Dans les restaurants, il n’est pas rare de pouvoir commander dans la langue de Molière ! À l’instar de Lima qui donne le pouls d’une nouvelle cuisine péruvienne, Sydney lance sa propre révolution gastronomique. Si la cuisine fusion asiatique était déjà au menu, elle associe désormais des produits du bush. Les jeunes chefs tatoués les mettent à l’honneur. « Les plats aborigènes font un grand come-back », souligne Mike McEnearney de Kitchen by Mike. « Ou plutôt ils apparaissent enfin, car les colons anglais ont tout fait pour acculturer les aborigènes, leur imposer leur style de vie et de cuisine. » Le kangourou et le wallaby figurent désormais sur les cartes, et pas seulement pour séduire les touristes.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le Noma, longtemps considéré comme le « meilleur restaurant du monde », a quitté Copenhague en janvier 2015 pour s’installer six mois à Sydney. Moribonde, la culture aborigène est enfin utilisée comme outil de marketing par Tourism Australia. Il était temps. Cette attention permettra peut-être de la sauver. Un moyen d’en découvrir une infime partie est de visiter le MCA, le musée d’Art contemporain. Sa directrice, Liz Ann Macgregor, avance que « cette institution fut la première à intégrer l’art aborigène contemporain au sein de la collection d’art contemporain, c’est-à-dire sans la présenter dans une salle séparée. Ça n’a l’air de rien, mais c’est un pas énor­me. » Parmi les artistes aborigènes à suivre, il faut notamment comp­ter sur Daniel Boyd, Tracey Moffatt ou encore Esme Timbery qui interrogent d’une façon ou d’une autre leur identité mais dont le travail se situe très loin de la pratique traditionnelle de la « dot painting » (peinture à base de points).

Depuis l’hôtel Four Seasons, vue en plongée du Museum of Contemporary Art (MCA), un édifice Art déco qui présente des œuvres d’art, australien et international. En 2012, il s’est vu agréger une extension conçue par l’architecte Sam Marshall.
Depuis l’hôtel Four Seasons, vue en plongée du Museum of Contemporary Art (MCA), un édifice Art déco qui présente des œuvres d’art, australien et international. En 2012, il s’est vu agréger une extension conçue par l’architecte Sam Marshall. Young-Ah Kim

Une dangereuse exclusivité
« À Sydney, la scène artistique ne saute pas aux yeux, poursuit Liz Ann Macgregor. Il faut aller la chercher. Elle n’est pas aussi accessible qu’à Paris ou Londres. » De plus, elle est dispersée dans la ville, comme les lieux de design. La fameuse White Rabbit Gallery, spécialisée dans l’art contemporain chinois, a largement participé au développement du quartier Chippendale. Les bâtiments de Frank Gehry et de Jean Nouvel sont, eux, en rupture totale avec le paysage. Eoghan Lewis, fondateur des visites guidées SAW (pour Sydney Architecture Walks), explique : « Dès sa création, Sydney a adopté les styles géorgien et victorien de Londres sans les adapter à notre climat. Ces maisons sont très sombres à l’intérieur. Il y fait très chaud l’été et froid l’hiver. »

D’ailleurs, les fameuses bottes en peau de mouton de la marque UGG (désormais américaine) ne se portent pas dans la rue mais en chausson, dans les maisons… « Notre climat est singulier. Pour la mode, c’est un problème, reconnaît Benny Walters du concept-store The Stables. Avec nos températures, un maillot de bain, deux tee-shirts et un short suffisent quasiment toute l’année. » On se passerait presque de collections ! La vie à Sydney tourne toujours autour de son immense miroir bleu qui renvoie infatigablement une image relax. Pourtant, la discipline n’est jamais loin : personne ne s’avise de traverser la rue quand le feu est encore rouge, même si le passage est libre. La « cool attitude » a des limites. Une drôle de surprise au vu des milliers de barbes de hipsters. « On est si éloigné du monde ! Le phénomène hipster est arrivé il y a peu », se moque ainsi gentiment un barbier… pour hipsters.

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