Sam Accoceberry revisite le linge basque pour Tissage Moutet

Tout au long du XXe, le Pays Basque voit les vagues de touristes déferler de plus en plus nombreuses sur ses plages. Les Parisiens en villégiature dans la région de Biarritz découvrent ainsi la toile du Béarn. Peu au fait des subtilités régionales, ils baptisent « linge basque » ces épaisses étoffes initialement conçues pour protéger les bœufs, qui ont ensuite été utilisées pour fabriquer du linge de maison.

Depuis peu, le linge basque est reconnu par une IG (Indication Géographique) qui certifie qu’il a été fabriqué dans le département des Pyrénées-Atlantique, qu’il est d’une épaisseur minimale et fabriqué en coton ou en lin (ce nouveau label s’accompagne d’ailleurs d’une volonté de réimplanter la culture de cette fibre dans le Béarn). Quant aux motifs, ils doivent afficher lignes et quadrilles. La géométrie et sa symbolique sont essentielles : les sept bandes que l’on retrouve traditionnellement représentent chacune une des régions du Pays basque.

Le linge basque pour des objets déco à part entière

Reconnue comme une Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV), Tissage Moutet est l’une des trois seules entreprises spécialisées dans le linge basque à encore produire dans le département. Cette entreprise familiale fondée il y a un siècle et demi et basée à Orthez est aujourd’hui dirigée par Benjamin, représentant de la cinquième génération de Moutet. Après un effondrement dans les années 1980, sa mère, Catherine, a décidé de relancer l’activité en faisant appel à des designers pour renouveler les collections. Elle fait d’abord appel à Hilton McConnico, star des nineties, et plus récemment à Matali Crasset. Ces créateurs ont contribué à faire des torchons, nappes et serviettes des objets déco à part entière.

Cet été, Moutet dévoile une nouvelle collection pensée par un designer – basque de surcroît – Samuel Accoceberry. « Je les connaissais de réputation et je les ai contactés pour travailler avec eux mais c’était juste avant la sortie de la collection de Matali Crasset. Les choses ont donc mis un peu de temps à se décanter », raconte le designer, qui travaille entre Biarritz et Paris.

S’emparer des codes de l’architecture basque

Sa collection s’appuie sur des éléments ancestraux, en leur injectant une bonne dose de modernité pour se démarquer de la concurrence. Baptisée « Etxe » (maison en Euskara), elle se fonde sur le fait que la maison occupe un rôle central dans la culture basque. Les habitants comme les terres ou les animaux domestiques sont ainsi rattachés à une bâtisse plus qu’une famille… L’architecture vernaculaire est ultra codifiée et Samuel Accoceberry a décidé de s’emparer de ses codes.

Les nappes Fatxade reprennent ainsi les motifs formés par les fameux colombages. Lerroa (ligne) joue avec les sillons parallèles mais toujours par multiples de sept, tradition oblige… Pareta (mur) suit le rythme des murs de briques. Atalarri (linteau) et Harri (pierre) s’inspirent, elles, des inscriptions gravées à l’entrée des maisons, des phrases à la typographie singulière dont l’origine remonte à l’occupation romaine !

> Collection Samuel Accoceberry, en vente sur le site de Tissage Moutet et dans les points de vente de la marque.

Le designer Samuel Accoceberry.
Le designer Samuel Accoceberry. Clement Herbaux
Gros plan sur la collection Fatxada (Tissage Moutet).
Gros plan sur la collection Fatxada (Tissage Moutet). Clement Herbaux
Sac Lerroa (Tissage Moutet).
Sac Lerroa (Tissage Moutet). DR
La collection Pareta se décline en différents coloris qui rappellent les maisons du Pays basque.
La collection Pareta se décline en différents coloris qui rappellent les maisons du Pays basque. Clement Herbaux
Torchon Hari (Tissage Moutet)
Torchon Hari (Tissage Moutet) DR