La façade décorée de mosaïque bleue est typique des années 60. Une fois le seuil franchi, le charme indéfinissable des vieilles maisons agit : depuis sa création en 1909, Le Lit National cultive la tradition dans l’esprit haute couture, autant au sein de ses ateliers du Pré-Saint-Gervais que dans son magasin historique, installé depuis 1928 place du Trocadéro. Dans les ateliers, la production artisanale sur mesure, répartie sur trois niveaux et plus de 2 000 m2, met en œuvre des trésors d’excellence au service de la literie et du sommeil. « Nous avons acquis cette entreprise en 2016 avec pour ambition de conserver et de développer l’équipe de nos artisans pour pérenniser leurs savoir-faire uniques, spécifiques au Lit National », explique Valérie Beaufour, sa directrice générale.
Pour célébrer ses 110 ans d’existence, la maison a choisi de déployer sa créativité en revisitant les grandes périodes du design du XXe siècle qu’elle a traversées. « Le Lit National, c’est un héritage à mettre en valeur, précise Bénédicte de Renty-Lévy, la directrice de création. Notre collection anniversaire place nos savoir-faire centenaires au cœur de créations inédites à haute valeur décorative. » L’année sera donc rythmée par la sortie de cinq modèles qui redoubleront tous de virtuosité technique, avec du bois sculpté, des étoffes rares, des formes étonnantes…
Chaque création du Lit National, produite en pièce unique à la commande, est le fruit d’un enchaînement d’extrême précision au fil de quatre ateliers. Première étape, la menuiserie où sont fabriqués les sommiers en peuplier blond de Picardie. Un bois choisi ici pour son absence de nœuds, sa résistance et sa souplesse. Rabotées, découpées, les planches brutes sont ensuite assemblées et clouées à la main. « Il n’y a ici aucun produit chimique, confirme Bénédicte de Renty-Lévy, aucun point de colle, tout est naturel. » À la menuiserie, on conserve également les gabarits des dosserets imaginés par les clients de façon à pouvoir les reproduire si la demande en est faite des années plus tard…
Deuxième atelier, les litiers, où sont garnies les caisses de sommier. Les ressorts, en nombre choisi selon le confort souhaité par le client, sont guindés à la force et à la sensibilité du poignet et des doigts avec de la corde de chanvre. La structure est ensuite habillée de toile forte et de coutil, puis parachevée par la réalisation du bourrelet de cuvette en crin végétal. Dans le troisième atelier, les couturières chevronnées travaillent les plus prestigieux tissus d’éditeurs pour embellir dosserets, sommiers et accessoires. La perfection, de mise à chaque étape de la confection, est ici à son comble avec la réalisation de raccords de motifs dignes des grandes maisons de couture. Et, du sommier au dosseret, les motifs s’enchaînent comme par magie sans rupture visuelle…
Vient enfin le dernier atelier, où plane un délicieux parfum d’antan avec le travail de la laine, matière au coeur de l’ADN de la maison. Livrée en balles, celle-ci est cardée à l’ancienne sur place pour lui redonner tout son gonflant et son moelleux avant d’être répartie avec minutie à la main dans le matelas. Bien sûr, Le Lit National intègre également, au choix, nappes de ressorts ensachés coton ou de latex, couches de cachemire, de soie, de lin ou de laine de chameau pour un soutien supplémentaire. Piqûre des bandes latérales et capitonnage manuels viendront, enfin, maintenir toutes ces matières ensemble pour aboutir au lit rêvé, parfait équilibre de confort et d’esthétique. « Notre seule limite, finalement, c’est l’imagination de nos clients », confie pour conclure Valérie Beaufour
LE LIT NATIONAL EN CHIFFRES
> 1 000 moutons (race Texel, élevés dans l’Allier) : c’est le nombre nécessaire de bêtes à tondre pour assurer la production annuelle.
> 8 kilos de laine de tonte sont utilisés pour confectionner un matelas d’une place.
> 1 à 2 ans d’apprentissage sont indispensables pour maîtriser les techniques très particulières du Lit National, comme le guindage des ressorts ou la piqûre des bandes de matelas.
> Best-seller : le matelas Louis en laine de mouton, ressorts ensachés coton, latex végétal, cachemire et soie.