Co-fondateur en 2011 de Carwan Gallery, à Beyrouth, le premier lieu d’exposition de design contemporain du Proche-Orient, Nicolas Bellavance-Lecompte est connu pour son flair et son avant-gardisme.
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Dorénavant établie à Athènes, la galerie présentera prochainement, en collaboration avec l’éditeur de luminaires Luce5, la collection « Electra Lux » qui réunira des pièces signées India Mahdavi, Roberto Sironi, Objects of Common Interest, Destroyers Builders et Campbell Rey.
Et, en 2024, « Ramla », un solo show du designer Georges Mohasseb. Autre aventure pionnière, conçue cette fois avec l’artiste Giorgio Pace : la foire d’art et de design itinérante Nomad qui se tiendra en 2024 à Saint-Moritz, en Suisse, et à Capri, en Italie.
Une effervescence créative et entrepreneuriale qui n’empêche nullement l’architecte italo-canadien (depuis mai dernier, Nicolas Bellavance-Lecompte est en effet un Italiano vero – un véritable Italien –, comme il l’a lui-même annoncé avec humour) de se présenter sur Instagram, avec une sobriété élégamment désinvolte, en tant que « design curator, architect, etc.».
Par « etc. », comprendre directeur artistique, consultant, commissaire d’expositions – il en a, à ce jour, « curaté » plus de soixante-cinq. Sans parler des 250 m2 de son appartement milanais, né de la réunion de deux espaces mitoyens. Une « maison-archives », selon sa propre définition, où il orchestre en premier lieu pour lui-même une rotation annuelle des pièces qu’il collectionne.
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Une caverne des merveilles
Des objets de Sigve Knutson, de Roberto Sironi, d’Omer Arbel, de Carlo Massoud, de Mary-Lynn Massoud, de Bahraini Danish, d’Objects of Common Interest… tous commissionnés par Carwan Gallery.
« J’ai toujours besoin de découvertes. Quand j’achète quelque chose de nouveau, je l’intègre ici, je change. Pas tout, tout de même », précise-t-il en désignant avec un clin d’oeil les deux imposantes tables en marbre Dorik et Pinac, codessinées avec Jakub Zak, cofondateur avec lui d’Oeuffice, un laboratoire de créations innovantes.
Du salon-salle à manger, au bureau, en passant par la chambre, d’autres réalisations (une étagère pivotante Laveer Totem, l’iconique tour Black Stripes de la collection « Ziggurat », aux rayures noires et blanches) dialoguent avec des luminaires de l’Indien Paul Matter, une œuvre « fragment » du collectif belge Rotor, une sculpture textile de l’Iranien Taher Asad-Bakhtiari, des sièges des architectes palestiniens de Local Industries, ou un lit du Belge Bram Kerkhofs.
« Tout le monde pense que j’habite dans un loft orthogonal, qu’il y a une rigueur très scandinave, alors qu’en fait il n’y a rien de droit, toutes les fenêtres sont différentes, s’amuse Nicolas Bellavance-Lecompte . Mais j’aime bien que la structure se révèle à travers les gestes que j’ai faits pour gagner de l’espace et pour respirer. »
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Un lieu agrandi également par les jeux de miroirs. Ceux de la porte pivotante séparant les zones de jour et de nuit, comme ceux des façades de meubles de cuisine dans lesquels se reflète à l’infini le fascinant marbre du Brésil de la crédence.
Cependant, cas rare, ni le plaisir d’inviter des amis à dîner, ni la qualité de la literie, ni cette collection si personnelle et si cosmopolite d’objets inspirants ne peuvent concurrencer, pour un esprit aussi curieux que celui de Nicolas Bellevance-Lecompte qui a « un besoin constant de nouveaux horizons. C’est ce qui me stimule le plus ».
Des espaces minutieux
En mars 2024, on le retrouvera au Rwanda « en tant que “curateur” d’“Interlude Rwanda”, un itinéraire permettant de découvrir des talents de l’art, du design et de l’architecture locale, avec des commissions spéciales dialoguant avec les lieux les plus intéressants du pays et une nature à couper le souffle », indique-t-il.
Un mois plus tard, il sera en Tunisie pour « le lancement de la nouvelle Lamia Bousnina Gallery avec le projet “Carthagisme”. Cinq collaborations entre designers internationaux et artisans tunisiens pour valoriser le renouveau culturel du pays le plus méditerranéen d’Afrique du Nord », ajoute Nicolas Bellavance-Lecompte.
Assurément, la rotation des objets dans la « maison-archives » n’est pas près de s’arrêter. « Où que je sois, je vis le moment présent et je sais apprécier ce que je vois autour de moi. » Belle démonstration d’art de vivre.
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