« Pas de fonction, pas de projet ! », rencontre avec le studio danois OeO

Thomas Lykke et Anne-Marie Buemann, le duo danois de OeO Studio, enchaînent depuis dix-sept ans les projets de design et d’architecture intérieure, de Copenhague à Tokyo. Cette année, ils planchent sur cinq appartements à Modène pour l’éditeur de céramique italien Mutina, sur une maison au Vietnam et sur un restaurant-bar à saké, à Londres.

Pourriez-vous produire avec un industriel le mobilier que vous faites avec Brdr. Krüger ?
T.L. : Nous sommes très à l’aise avec les artisans de l’atelier fondé il y a cinq générations par la famille de Jonas Krüger et de sa sœur Julie. C’est un dialogue nourri de dessins et de prototypes avec des personnes qui ont une grande intelligence des matériaux, associée à une réelle capacité à peaufiner les détails. Nous avons déjà travaillé avec des éditeurs industriels comme la société américaine HBF. Nous sommes très contents de la chaise que nous avons créée ensemble, qui n’est pas si loin de l’artisanat…

Mais les proportions de la chaise Theodor (Brdr. Krüger) seraient-elle possibles avec un industriel ?
T.L. : Elle est effectivement le fruit d’une collaboration avec Krüger, atelier de fabrication qui s’impose désormais comme une marque. Theodor démontre que Krüger est un artisan historique autant que contemporain et riche de nouvelles perspectives… Je me souviens que les idées et les dessins sont nés en France, lors de vacances à Miramas (13) !
A.-M.B. : La chaise Theodor incarne très bien le savoir-faire de Brdr. Krüger, spécialiste du tournage sur bois, à un virage de son évolution.

La chaise « Theodor » illustre bien l’osmose entre Thomas, Anne-Marie et le savoir-faire du fabricant Brdr. Krüger.
La chaise « Theodor » illustre bien l’osmose entre Thomas, Anne-Marie et le savoir-faire du fabricant Brdr. Krüger. DR

L’étonnant tabouret Ki-oke matérialise-t-il un dessin ou a-t-il été peaufiné directement à l’atelier ?
T.L. : Nous l’avons dessiné dans le cadre du projet Japan Handmade, qui réunissait six entreprises artisanales japonaises en vue de promouvoir leur savoir-faire. Shuji Nakagawa, ébéniste et sculpteur (pour Nakagawa Mokkgei), est l’artisan du tabouret Ki-oke. Nous avons aussi conçu une collection d’objets pour Kaïkado, qui est entrée dans la collection du musée des Arts décoratifs de Paris. Pour être compétitifs, nous aurions dû concevoir de petits objets. Nos avis divergeaient. Nous avons préféré opter pour le contraire. Ce tabouret reste un objet conséquent. Ce pas une sculpture et pourtant… Il n’est pas à notre image. Il a l’ADN de Nakagawa avec une fonctionnalité danoise. Celui-ci nous a dit plus tard qu’on lui avait ouvert les yeux.