Voici le palmarès de la rédaction des meilleurs nouveaux restaurants inaugurés à Paris pendant un hiver 2022 placé sous le signe du Tigre. Notez un point commun : la tendance semble être aux appellations ne contenant qu’un mot…
Chocho
Notre premier coup de cœur de l’année a un nom à croquer. Sur Chocho, le nouvel opus du groupe Becs Parisiens (Les fous de l’île, Le Colvert), règne en maître Thomas Chisholm, découvert dans l’édition 2021 de Top Chef. Cette table conviviale à la décoration ultra léchée a élu domicile en plein cœur de Paris, dans la très foisonnante rue de Paradis. Le chef franco-américain et son équipe se donnent en spectacle dans leur petite cuisine ouverte, envoyant des petites assiettes à partager avec le sourire. Il est d’ailleurs possible de s’attabler au plus près de ces as des fourneaux, sur le bar qui délimite leur terrain de jeu et la salle : ces quatre places sont sans conteste les meilleures du restaurant. Qu’on ait pris place sur une banquette ou en hauteur, les bouchées commandées arrivent au compte-goutte grâce à un service des plus attentifs. La céramiste Karla Sutra signe la vaisselle et met en valeur des dressages de haut vol, notamment le ceviche en « teq’ paf », qui reprend les codes de ce shooter alcoolisé.
> Chocho. 54 Rue de Paradis, 75010 Paris.
Fripon
La promo 2021 de Top Chef a décidément envie de conquérir Paris ! Après les restaurants éphémères de ses camarades de fourneaux, Pauline Séné prend le parti de la pérennité chez Fripon. Ce bistrot cossu des hauteurs de Ménilmontant, revu par Hauvette et Madani a été pensé avec le mélange des genres en tête. En tapissant son écrin de marbre (du sol à mi-hauteur des murs et sur le comptoir du bar), les architectes d’intérieur convoquent l’Italie et le charme des seventies. Un soubassement de bois clair marque le passage d’un monde à l’autre et tapisse la partie supérieure de la pièce d’un habit immaculé ponctué d’imposants miroirs haussmanniens. Si les tables, élégantes, sont nappées de blanc dans la plus pure tradition des brasseries chics, Pauline Séné met sa cuisine plurielle et inventive à la portée de tous. Formules à 21 et 25 euros le midi. Sans aucun doute l’un des meilleurs restaurants de l’hiver, à Paris.
> Fripon. 108 Rue de Ménilmontant, 75020 Paris.
Perception
Pas banal à Paris, chez Perception, la Corée entre en fusion. Œuvre à quatre mains du chef Sukwon Yong et de Barnabé Lahaye, directeur de salle, l’un des plus beaux restaurants de l’hiver est également l’un des plus surprenants. En repensant les saveurs de la gastronomie française sauce « pays du matin calme », le chef n’invite pas les plats de son enfance mais cherche à dynamiter nos repères. Ainsi, par exemple, le traditionnel chou est farci aux tofu, shiitakés et kimchi. L’assiette est inédite, impeccable, à l’image du décor pensé par Géraldine Ohresser qui, sans réinventer le genre, fait mouche dans le quartier de Blanche.
> Perception. 53 Rue Blanche, 75009 Paris.
Mâche
A mi-chemin entre le foisonnement des formes et des couleurs à la Memphis et le style très géométrique de Camille Walala, le décor du nouveau restaurant Mâche casse les codes d’un Paris plutôt sage et monochrome. Charles du Pouget, l’architecte d’intérieur, a en effet composé une scénographie riche en références (chaises Philippe Starck pour Driade, Rodney Kinsman pour Padova ou encore Helmut Lubbke). Dans ce qui est sans doute l’un des restaurants les plus audacieux de l’hiver à Paris, on sert une cuisine cérébrale, où chaque saveur ou ingrédient à son importance. Menu entrée/plat/dessert le midi, découverte le soir, c’est une carte courte et séduisante qui est proposée par le jeune chef Michaël Gamet.
> Mâche. 61 Rue de Chabrol, 75010 Paris.
Vesper
Selon les références, Vesper évoquera la femme fatale qui a fait chavirer le cœur de James Bond ou un terme latin se traduisant par « soirée ». Qu’on penche pour l’une ou pour l’autre idée, le constat reste le même : Vesper convoque l’obscur, le mystère, le flamboyant. A première vue, la décoration, imaginée par Studio Lazaro, de l’un des nouveaux restaurants les plus excitants de la Rive gauche de Paris cet hiver ne reflète pas cette définition, attendez donc d’y passer un moment. Le déjeuner s’y déroule d’ailleurs dans le calme, avec pour seule invitée de marque la carte nikkei du chef Lucas Felzine. Le soir, en revanche, la salle du fond, tamisée et vibrante, prend le rythme des sons mixés par le DJ.
> Vesper. 81 Av. Bosquet, 75007 Paris.
Jujube
Il est togolais et a fait ses armes en Italie. De son amour pour la France est née sa cuisine chimérique où la lasagne se défait de sa pâte traditionnelle et où le foie gras fait la paire avec une focaccia. Senda David Waguena est un auteur, un artiste, un inventeur. Si l’œil saisit les contours de ses plats, les papilles sont à coup sûr déroutées. Dans un joli écrin montmartrois, dont les murs en pierres ont été mis en évidence lors des travaux, le chef œuvre à la vue de ses invités, dans une cuisine qui a été intentionnellement ouverte sur la salle. Le spectacle se prolonge derrière l’imposant bar, où les mélanges alcoolisés suivent les directives du chef et visent juste.
> Jujube. 4, rue Dancourt 75018 Paris.
Étsi – L’Ouzeri
Cinq ans et demi après l’ouverture de son premier restaurant Étsi, Mikaela Liaroutsos remet le couvert en dévoilant sa taverne d’un nouveau genre, L’Ouzeri. À la générosité de sa cuisine, la cheffe ajoute un soupçon de street-food et un esprit bar à vin pour combler les envies des plus pressées. Dans l’un comme dans l’autre de ces restaurants, la cuisine grecque est à l’honneur : un coup de fouet bien mérité à Paris en plein hiver. Côté déco, la cheffe a, une nouvelle fois, penché pour le minimalisme, choisissant de mettre son bleu signature au service d’un décor dépouillé, voguant entre le béton et la pierre sans jamais tomber dans l’austère.
> Étsi – L’Ouzeri. 41 rue du Ruisseau, 75018 Paris.
Francette
Après Laïa, la Fuga Family vogue vers un nouveau concept, imaginé par Label Expérience. Francette, clin d’œil à son emplacement proche de la Tour Eiffel et à sa cuisine traditionnelle, est en effet une péniche plurielle, du genre à convenir à toutes les envies. Commençons par le sommet de l’iceberg : la terrasse et le « penthouse » où s’attabler face à la Seine. En-dessous, bienvenue Chez Francette, où la cuisine bistronomique est servie dans un cadre chic avec vue sur l’œuvre d’Eiffel. Quant à la cale du bateau, elle cache la table du capitaine, un lieu privatisable où l’on dîne en apnée face à l’impressionnante cave à vins. Dans les assiettes, de haut en bas, on retrouve les must de la cuisine française, cuisinée avec plus ou moins de raffinement selon les étages.
> Francette. Port de Suffren, 75007 Paris.
Sfacciata
Alors que le présent est bercé d’un flot d’incertitudes, nous l’annoncions : 2022 sera tourné vers le futur. Sfacciata nous donne raison et transcende les codes de son genre. C’est donc dans une enveloppe teintée d’inox, de tôle pliée et de plastique transparent que la jeune cheffe Frederica Ciccheti fait ses armes à la tête d’une brigade. Sur deux niveaux, l’un des nouveaux restaurants les plus surprenants de l’hiver attend encore de pouvoir lancer son concept de fête nocturne mais assure déjà des services, midi et soir, où la tradition de la cucina povera se mêle à l’audace de la cheffe. La « sfacciata » (« effrontée »), c’est elle ! Ainsi, pasta faites maison, poissons, viandes et une parmagiana à tomber s’invitent à la carte gourmande, à accompagner si le cœur vous en dit d’un cocktail imaginé par The Little Red Door, une institution de la mixologie à Paris.
> Sfacciata. L’un de nos restaurants coup de cœur à Paris cet hiver. 7 Rue du 29 Juillet, 75001 Paris.
