Le mobilier modulable s’impose comme le terrain de jeu privilégié du design contemporain — fluide, futé, et plein de liberté. Il faut dire que pour qu’ils durent, les meubles doivent s’adapter aussi bien à nos nouvelles façons d’habiter qu’à nos logements qui rapetissent et à nos vies qui s’accélèrent. Les premiers meubles non figés apparaissent très tôt : dès 1769, on retrouve notamment, dans les quartiers intimes de la royauté, le bureau évolutif de Louis XV. Au début du XXe siècle, ils sont multifonctions, à l’instar de la radio Hyperbo 5 RG Steel signé Bang & Olufsen (1934) et se parent de mille et une cachettes et tiroirs à double fond.
Dans les années 50, le mobilier modulable apparaît comme la réponse logique à un nouveau besoin social, celui de loger confortablement davantage de personnes dans des espaces qui rétrécissent. Ainsi naissent le système d’étagères modulables scandinave String de Nils & Kajsa Strinning et le clic-clac et le BZ d’Albert Ducrot à la tête de l’entreprise Ducal. Progressivement, il se mue en structure et reconfigure les espaces. Apparaissent alors ces canapés qui s’étirent grâce à leurs éléments combinables et autonomes, dont le Togo imaginé par Michel Ducaroy pour Ligne Roset (1973), et le système USM Haller, qui s’adapte à presque tous les usages, de la bibliothèque au dressing en passant par la chambre et le bureau. Autant d’exemples dont la popularité ne cesse d’augmenter.
Novamobili fait partie de ces marques qui ont fait le pari du mobilier modulable. L’entreprise italienne introduit cet automne Dedalo, un nouveau système vertical en aluminium et à composer, pensé pour investir toutes les pièces de la maison. Rencontre avec Valeria Carlesso, directrice artistique de Novamobili.
À lire aussi : Meubles modulables : la solution du rangement personnalisable
Le futur du mobilier modulable : du meuble intelligent à l’expérience sensible
IDEAT : Comment expliquez-vous que l’engouement pour le mobilier modulable ?
Valeria Carlesso : Cette frénésie s’explique par ce besoin de liberté représenté. Aujourd’hui, nous voulons nous sentir protagonistes de nos espaces, et non plus seulement utilisateurs. La modularité nous permet de composer, de modifier et d’interpréter. C’est un geste créatif qui apporte plaisir et maîtrise, des qualités très recherchées dans un monde de plus en plus rapide et complexe. Aussi ces systèmes évolutifs sont le reflet d’une époque notre, la notre : nos vies sont mobiles, hybrides, souvent suspendues entre différents lieux. L’habitat doit pouvoir suivre ce rythme, sans sacrifier le confort et l’harmonie.

La modularité alliant liberté, équilibre et esthétique est devenu le langage naturel de ce mode de vie flexible, intelligent, jamais rigide. C’est une forme de contemporanéité appliquée à l’habitat. Son succès découle du désir croissant d’habiter des espaces flexibles qui s’adaptent à la vie, et non l’inverse. Les maisons d’aujourd’hui évoluent avec nous : elles rétrécissent, se reconfigurent, s’hybrident entre travail et loisirs. Pour nous il était important que Dedalo réponde à cela – c’est une structure qui se transforme au gré des besoins, tout en préservant cohérence et beauté.
IDEAT : Si vous deviez pousser le modulable à l’extrême, qu’est-ce qui pourrait être imaginable demain ?
Valeria Carlesso : J’imagine des meubles capables de réagir à l’environnement et aux habitudes de ceux qui les utilisent : des systèmes « intelligents », peut-être intégrés aux technologies numériques, mais toujours guidés par une esthétique chaleureuse et humaine. L’avenir de la modularité réside non seulement dans la flexibilité physique, mais aussi dans la flexibilité expérientielle, des espaces qui se transforment avec nous, sans perdre leur âme.
Dedalo, la modularité selon Novamobili
IDEAT : Pouvez-vous nous raconter la genèse de la gamme Dedalo ?
Valeria Carlesso : Dedalo est né du désir de créer un système ouvert et libre, capable de grandir et d’évoluer au fil du temps. Son nom évoque un voyage, un réseau de possibilités, à l’image de projets de vie qui changent et évoluent. Il est le fruit d’une collaboration entre moi-même et notre bureau technique, avec lequel je partage la vision de Novamobili : un design italien essentiel et empathique, qui place l’humain et son mode de vie au cœur de ses préoccupations.

IDEAT : Comment imagine-t-on un système qui doit pouvoir évoluer ?
Valeria Carlesso : Le plus grand défi consiste à trouver l’équilibre entre liberté et cohérence. Le système doit pouvoir offrir une infinité de configurations, tout en conservant une identité esthétique claire et une qualité structurelle irréprochable. Chaque module, chaque détail de construction, doit être conçu pour interagir harmonieusement et durablement avec les autres.
À lire aussi : Les rangements modulaires Novamobili s’adaptent à toutes les envies