« La ferme était abandonnée depuis 20 ans, c’était une ruine complète dont le toit avait été percé après une tempête », explique Anne-Cécile Comar, co-fondatrice d’Atelier du Pont et architecte en charge de la rénovation magistrale de cette bâtisse du XIXe siècle située à Minorque. Visite guidée de ce havre de paix qui fleure bon la Méditerranée.
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Une rénovation d’un an à Minorque
Dans les terres rocailleuses de Minorque, cette ancienne ferme rustique de 430 m2, typique de l’île, se niche au milieu d’un terrain de 36 hectares jonché d’oliviers. Vieille bâtisse du XIXe siècle aux murs de chaux et de pierre, elle se trouve en piteux état lorsque les nouveaux propriétaires, une famille parisienne, la découvrent. Ces derniers repèrent néanmoins le potentiel du lieu et en confient la rénovation à Atelier du Pont pour en faire leur maison de vacances idéale.
La réhabilitation dure un an. L’Atelier du Pont redéfinit le langage architectural de la maison, souhaitant combiner influences traditionnelles et accents contemporains. « C’était un lieu où vivaient humains et bétail, et où l’on stockait la nourriture à vendre, notamment les soubressades, des saucisses séchées », note Anne-Cécile Comar. L’architecte y entreprend alors un travail de simplification en reprenant la structure et en restaurant la charpente. « La cuisine était déjà en place, mais tout le reste a été revu. Nous avons essayé de conserver l’existant au maximum. Par exemple sous le porche, nous avons restauré le sol en galets », ajoute-t-elle.
Dans les volumes, la chaux blanche est omniprésente. Elle reflète la lumière et éclaire des intérieurs malheureusement peu ouverts. Comme de nombreuses maisons traditionnelles du coin, celle-ci comporte beaucoup de petites pièces aveugles. La reconfiguration a permis d’aérer tout cela. « Les propriétaires voulaient pouvoir admirer le paysage. Nous avons percé pas mal de fenêtres pour faire rentrer la lumière ».
Atelier du Pont balance entre audace et tradition
La couleur a quant à elle permis de délimiter les espaces. L’univers chromatique reprenant une palette de teintes chaudes contraste audacieusement avec les codes architecturaux locaux. Dans la cuisine, des carreaux de ciment en provenance de Majorque, avec des dessins de pèches rouges et bleues, apportent une touche de peps appréciable. « Nous nous sommes servis de taches de peinture pour donner de la personnalité au lieu, un côté graphique au salon, à certaines chambres, avec de l’ocre, de la couleur terre », décrypte Anne-Cécile Comar.
Le savoir-faire des Baléares est ici mis à l’honneur, offrant un cachet et de l’authenticité à la bâtisse. « Nous avons tenu à travailler surtout avec des matériaux biosourcés et locaux. À Minorque il y a une craie calcaire très tendre et un peu de bois d’olivier sauvage ». L’île possède aussi une grande tradition de maçonnerie et de carrelage. L’escalier est fait d’un mélange de pierre et de béton, « cela a été façonné avec beaucoup de savoir-faire et d’instinct », continue Anne-Cécile Comar.
Des matières minérales naturelles sont employées, comme le béton de terre et les faïences. Sur la toiture, les gouttières sont faites non pas avec tuyau mais avec des tuiles posées en quinconce, encastrées dans le mur et servant de descentes d’eau pluviales. Elles sont peintes en blanc, comme le mur. « C’est typique de l’île. Un système très simple, très intelligent et très beau », s’enthousiasme la cofondatrice d’Atelier du Pont.
Enfin, le mobilier est en grande partie maçonné. « On a beaucoup acheté dans une boutique vintage de l’île, explique Anne-Cécile Comar. Il y a aussi les tapisseries chinées par les propriétaires à Drouot ». Un peu plus bas sur le terrain, une piscine protégée par des murs en pierre de marès, forme un petit coin de tranquillité, au doux parfum méditerranéen. Le beau s’y marie au calme, en toute simplicité.
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