Brève, confidentielle et lancée à la fin de sa vie, la carrière de Joseph Elmer Yoakum (1870-1972) est riche de près de 2000 pièces. Romantiques et nourries par la vie nomade de cet autodidacte américain, ces œuvres réalisées sur du papier ordinaire, au stylo bille, au pastel ou au crayon de couleur sont à mi-chemin entre des représentations de structures géologiques et des planches anatomiques.
Panoramas fantasmés
D’origine cherokee, mais aussi africaine et américaine, Joseph Elmer Yoakum a livré des panoramas rêvés ou réels, à la fois «archéo-géographiques» et vernaculaires. Reflets d’une appréciation poétique et animiste du monde naturel, ces représentations prennent l’allure de véritables organismes, avec des montagnes évoquant des cerveaux et les fleuves des flux sanguins. Un univers singulier qui a inspiré à maison LEMAIRE plusieurs pièces de la collection Printemps-Été 2022, et présenté à l’occasion de la Fashion Week parisienne via quatorze œuvres.
C’est la toute première fois que ces surprenants paysages sont exposés en France, pays qu’il découvre lors de la Première Guerre mondiale par Yoakum. Une incursion en Europe qui faisait suite à une enfance passée à travailler dans des cirques itinérants aux États-Unis, et avant ses périples dans l’Ouest américain. Se désignant comme un «Vieil Homme noir» guidé par Dieu, l’artiste affirmait avoir visité tous les continents à l’exception de l’Antarctique «en tant que clochard et passager clandestin».
Joseph Elmer Yoakum honoré par le MoMA
Conservé dans plusieurs collections publiques, son travail a aussi fait l’objet d’expositions, notamment au Musée d’Art Contemporain à Chicago, ou encore au Whitney Museum of American Art. Une trajectoire que s’est aussi chargé de raconter le MoMA de New York à travers une importante rétrospective, «Joseph Yoakum: What I Saw» visible jusqu’au 19 mars.
> Inscape, dans les profondeurs des paysages de Joseph ElmerYoakum du 3 au 13 mars 2022 à la Galerie Derouillon au 38, rue Notre Dame de Nazareth, 75003 Paris.
