The Steidz Project Room expose les micro-architectures du céramiste Mesut Öztürk

Jusqu’au 28 mai, la galerie The Steidz Project Room - située dans le 20e arrondissement de Paris - accueille le céramiste et architecte turco-bulgare, Mesut Öztürk. Rencontre avec un autodidacte qui bouscule les codes. 

Pour sa première exposition en France intitulée False Friends Forever, Mesut Öztürk ressent le désir de présenter cinq séries de sculptures en céramique – Revak, Arch, Sticks, Splash et Halka. Jonglant à la fois entre des bribes de souvenirs et un fort intérêt pour la culture méditerranéenne, le céramiste présente des micro-architectures qui célèbrent l’expérimentation.

Portrait de l’artiste Mesut Öztürk aux côtés des sculptures de la série «Revak» (à gauche) / Un des vases de la série «Halka» (à droite).
Portrait de l’artiste Mesut Öztürk aux côtés des sculptures de la série «Revak» (à gauche) / Un des vases de la série «Halka» (à droite). Mesut Öztürk

L’occasion de découvrir la céramique sous un nouvel angle : «J’expérimente les limites du matériau. Ce qui peut me conduire à de nouvelles séries car lorsque je suis satisfait d’une nouvelle façon de faire, je produis plusieurs pièces selon la même méthode.» explique Mesut Öztürk.

De l’architecture à l’artisanat

Les structures cylindriques de la série «Sticks» se juxtaposent pour ne former qu’un (à gauche) / Un des tabourets de la série «Arch» (à droite).
Les structures cylindriques de la série «Sticks» se juxtaposent pour ne former qu’un (à gauche) / Un des tabourets de la série «Arch» (à droite). Mesut Öztürk

Après l’obtention de son master en histoire et théorie de l’architecture à la Istanbul Bilgi University, il travaille quelques années sur des projets d’urbanisme puis décide de s’essayer à la céramique. Un terrain de jeu qui permet à sa créativité de s’exprimer pleinement. «Mon cerveau est entraîné à penser à des formes tridimensionnelles et j’avais confiance dans l’habileté de mes mains.» explique l’artiste.

Ode à la culture méditerranéenne

«C’est la première exposition qui combine mes sculptures et des pièces de design à collectionner» ajoute l’artiste.
«C’est la première exposition qui combine mes sculptures et des pièces de design à collectionner» ajoute l’artiste. Mesut Öztürk

Depuis son plus jeune âge, l’artiste s’intéresse aux antiquités méditerranéennes. L’ouvrage «La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II» de Fernand Braudel, ou encore ces découvertes sur le site archéologique d’Enez le marquent particulièrement : «Il était possible de trouver une pièce de monnaie byzantine, un morceau de poterie ou une pipe à tabac en céramique lorsque nous jouions dans les champs vides de la ville.» Aujourd’hui, les couleurs de ses objets rendent hommage à la culture grecque : le rouge symbolise le sacrifice tandis que le orange rappelle la couleur d’un soleil brûlant.

Les apparences sont trompeuses

A gauche, détail d’une micro-sculpture, à droite portrait de Mesut Öztürk
A gauche, détail d’une micro-sculpture, à droite portrait de Mesut Öztürk Mesut Öztürk

Pourquoi nommer son exposition parisienne «False Friends Forever» ? «C’est un terme linguistique qui définit les mots n’ayant pas la même signification dans une autre langue alors qu’ils s’écrivent de la même façon.» explique l’artiste. Ses œuvres non plus ne sont pas toujours ce que l’on croit. Ainsi, son vase antique Halka – signifiant anneau en turc – est perforé de trous …. et ne peut pas contenir d’eau. «Je fabrique également des tabourets et des tables en céramique, un matériau très fragile, qui sont en réalité des pseudo-tabourets ou des pseudo-tables.»

Les céramiques de «False Friends Forever» racontent une histoire, celle de l’évolution artistique de l’artiste, chaque pièce étant enrichie par ses réflexions autour des précédentes.

La révolution néolithique comme influence première

«Je m’intéresse à tous les objets anciens de la Méditerranée. C’est le sens large de la Méditerranée défini par Braudel, qui comprend l’Europe, l’Anatolie et la Mésopotamie» affirme l’artiste
«Je m’intéresse à tous les objets anciens de la Méditerranée. C’est le sens large de la Méditerranée défini par Braudel, qui comprend l’Europe, l’Anatolie et la Mésopotamie» affirme l’artiste Mesut Öztürk

Il y a dans les créations du plasticien une nostalgie assumée que l’on retrouve notamment dans sa série Revak. Les voûtes miniatures font ici référence à l’architecture arcboutée des églises byzantines  – comme peut l’être Sainte-Sophie de Constantinople : «Je recherche des formes anciennes, un sens intemporel de l’esthétique et aussi des méthodes traditionnelles. Cette recherche me permet de me sentir enraciné et en sécurité dans ce monde en constante évolution.» ajoute le céramiste.

Du 13 au 19 juin, Mesut Öztürk exposera ses œuvres sculpturales en compagnie du peintre Toygun Özdemirsont lors de la «Liste Art Fair», à Bâle, en Suisse. «Je rêve de concevoir une grande installation, à l’avenir.» conclut l’artiste.

> «False Friends Forever»le premier solo show en France de Mesut Öztürk, à découvrir au sein de la galerie The Steidz Project Room, 40, rue de Tourtille, 75020 Paris. Thesteidz.com