Exposition : Vases d’artistes vs. Vases de designers

A l'heure où les galeries demeurent notre seul lien avec la culture, celle d'Alain Gutharc fait dialoguer des vases de designers et d’artistes. Une exposition à ne pas manquer.

Quel autre objet exprime mieux le temps qui passe que ce contenant dans lequel les fleurs bourgeonnent puis se fanent ? Inscrits dans le cycle de la vie, les vases établissent un lien entre extérieur et intérieur, le monde de la Nature et l’univers domestique. Au-delà de leur fonction première – accueillir des végétaux –, ils transmettent aussi des concepts liés à leur époque ou leur usage et expriment la personnalité de leur créateur, voire de leur propriétaire. Chez Alain Gutharc, le vase est à l’honneur. L’exposition en cours dans la galerie parisienne explore cette typologie ancestrale avec des créations qui jouent sur sa taille, sa forme, sa teinte, sa matière et ses volumes.

Les vases, objets de design ou objets d’art ?

Les deux, serait-on tenté de répondre après avoir parcouru cette exposition ! La galerie Alain Gutharc propose en effet une scénographie subtile, qui interroge la limite entre les deux pratiques pour mieux la brouiller. En jouant avec les codes muséographiques, l’exposition fait appel à notre culture ou notre capacité d’interprétation. Posés sur des meubles peints en blanc, les vases de designers évoquent immédiatement l’univers domestique. Au contraire des vases d’artistes, qui sont installés sur des podiums plus institutionnels, qui reflètent leur caractère unique.

Sans cette mise en scène, serions-nous capables de différencier les uns des autres ? D’autant que beaucoup de créateurs exercent à la croisée de ces deux disciplines.  « VASE » met en regard des objets de grands designers – tels qu’Andrea Branzi, Ettore Sottsass ou Enzo Mari – pour leur vertus fonctionnelles et conceptuelles, et des versions d’artistes, pour leur esthétique plus émotionnelle.

Vases avec ou sans fleurs

À chaque bouquet son vase. Artistes et designers se rejoignent sur ce point : ils sollicitent ce même principe lors de la création. Comme dans l’ikebana (l’art traditionnel japonais qui consiste à « faire vivre les fleurs »), l’harmonie de composition tient à la relation entre le végétal et son contenant, qui valorise chaque élément.  Certains sont voués à accueillir une seule anémone, d’autres un bouquet de pivoines ; certains des fleurs champêtres et d’autres… à rester vides ! À la galerie Alain Gutharc, les modèles présentés s’accompagnent de dessins et photos qui permettent d’interroger de façon plus générale l’art du bouquet.

> Artistes exposés : Joël Bartoloméo, Jimmy Beauquesne, Andréa Branzi, Edi Dubien, Christian Ghion, Laurent Goumarre, Johanna Grawunder, Suzanne Husky, Romuald Jandolo, Guillaume Janot, Matthias Kiss, Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize, Arik Levy, Enzo Mari, Philippe Million, None Futbol Club, Ettore Sottsass, Guillaume Talbi.

> Galerie Alain Gutharc. Tél. : 01 47 00 32 10. 7, rue Saint-Claude, 75003 Paris. Ouvert de 11 h à 13 h et de 14 h à 19 h, du du mardi au samedi. Ouverture exceptionnelle dimanche 31 janvier de 14h à 17h30.

Dans la première salle : De gauche à droite, Bosco 7 d’Andrea Branzi (2011), Vase Triplo de Pierre Charpin (2003), Notre commune terrestitude (de la série ACAB), de Suzanne Husky (2016 – 2017), Vase déconstruction de Mathias Kiss (2020), Vase Shiva de Ettore Sottsass (1973) et Sein de Laurent Goumarre.Photo de couverture : Au fond, sur un meuble, Vase Colonna de Tom Dixon (2002). Au fond, sur le mur, Vase de Philippe Million (2020). Au fond sur un socle, Premier jour de Edi Dubien (2020).
Dans la première salle : De gauche à droite, Bosco 7 d’Andrea Branzi (2011), Vase Triplo de Pierre Charpin (2003), Notre commune terrestitude (de la série ACAB), de Suzanne Husky (2016 – 2017), Vase déconstruction de Mathias Kiss (2020), Vase Shiva de Ettore Sottsass (1973) et Sein de Laurent Goumarre.
Photo de couverture : Au fond, sur un meuble, Vase Colonna de Tom Dixon (2002). Au fond, sur le mur, Vase de Philippe Million (2020). Au fond sur un socle, Premier jour de Edi Dubien (2020). DR
Dans la seconde salle voisinent des créations de Carlo Scarpa, Enzo Mari, Alexandre & Florentine Lamarche-Ovize et Christian Ghion.
Dans la seconde salle voisinent des créations de Carlo Scarpa, Enzo Mari, Alexandre & Florentine Lamarche-Ovize et Christian Ghion. DR