Lorsqu’on lui fait remarquer le classicisme des papiers peints fleuris de ses collections 2025, Guy Verstraete évoque tout de suite l’exemple de la cathédrale Notre-Dame. Selon le fondateur de Masureel, sa splendeur retrouvée est une parfaite illustration de la contribution de l’artisanat classique à la grande histoire, mais aussi de l’amour du travail bien fait.
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Masureel de retour au romantisme du XVIIIe siècle
« Je crois que nous étions nostalgiques du Grand Siècle français, très ornemental et, cette année, nos collections reflètent cet état d’esprit. Dans notre ligne “Amazone”, il y a par exemple une toile de Jouy inspirée de motifs du XVIIIe siècle, qui en garde tout le charme. Ces dernières années, on a vu beaucoup de formes géométriques ou de graphismes modernes Art déco, et je pense que nous avons maintenant envie d’un romantisme plus chaleureux, à travers des papiers peints très dessinés. »

Pour Masureel, c’est presque une révolution stylistique qui s’opère. Implantée dans les Flandres depuis le XVIe siècle, la famille Verstraete se lançait dans le tissage du lin dès le XIXe siècle, puis dans la teinture de tapis et de tissus en 1937. Et, dans les années 1980, Guy Verstraete fondait Masureel International, éditeur de tissus et de papiers peints, en s’appuyant sur son importante collection d’art consacrée au XXe siècle, avec des œuvres conceptuelles, de l’abstraction lyrique, du minimalisme et du constructivisme belge des années 1920.
Un patrimoine qui constituait jusqu’alors une source d’inspiration importante pour les dessins Masureel. « C’est le moment d’acheter du mobilier XVIIIe chez les antiquaires, il va redevenir à la mode! », lance Guy Verstraete. Car « Amazone » ne ménage pas ses effets.
Luxueuse et ornementale, elle se veut un hommage à la haute couture : outre la toile de Jouy, abondamment remise sur le devant de la scène par Dior, on y trouve aussi les imprimés animaliers Panthera – un autre classique de l’élégance – dans un style plus sauvage.

La collection est très sophistiquée : un revêtement Tafta a le soyeux d’une robe, Curamu imite le bois précieux d’un intérieur de voiture, et le motif fleuri Elysium est l’adaptation d’un tissu peint à la main et rebrodé. Si « Amazone » de Masureel est aussi audacieuse que délicate, sa collection « Romance » est plus accessible. C’est une balade « dans un jardin paisible au son du chant des oiseaux », précise Guy Verstraete.
En chemin, on croise une évocation de celui de Ninfa, en Italie, parangon de romantisme, et, sur plusieurs modèles, des fleurs, des fruits ou des feuillages sont traités dans des finitions mates et brillantes, que l’on peut combiner ou au choix. Lusus, qui présente un aspect textile en relief semblable à une grosse couverture, et la rayure Infinitius, viennent en contrepoint. « “Romance” est un mélange de notre expertise sur la couleur, mais aussi de notre performance technologique pour réaliser le dessin, détaille-t-il. Cette alchimie procure une âme dans la maison. »
De faux unis texturés en complément
Plongée en pleine rêverie amoureuse, la maison Masureel n’en oublie pas pour autant ses fondamentaux. Ainsi, sa collection « Texture » reflète son savoir-faire dans la recherche de matières imitant toutes sortes d’effets, à l’aide de techniques d’impression avancées, de tissages et de sérigraphies, associant reliefs et finitions mates ou brillantes. Chaque modèle apporte une vibration particulière tout en cultivant une certaine sobriété.

« Nous arrivons à simuler la soie, le lin, le bois en marqueterie, le galuchat ou le tweed, avec une très grande précision, note Guy Verstraete. Nos papiers peints offrent l’avantage de répondre au cahier des charges spécifique attendu par les hôtels, les restaurants et les bureaux, avec un prix minimal. »
Enfin, en complément, la maison Masureel publie également son « Color Book II », un vaste panel de faux unis subtils dont le modelé et les variations de couleurs présentent une alternative élaborée à la peinture. L’œil des tisserands se lit dans les effets proposés: grosse toile artisanale, sergé, gaze, jacquard et tissages en relief, ou encore entrelacs de fils différents. Une expertise belge des matières, plus sobre mais complémentaire du style Grand Siècle français qu’affectionne Guy Verstraete.
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