Praticien de l’installation, Marc Camille Chaimowicz, 76 ans, a brouillé les pistes de l’art et du design dès les années 70. La métropole stéphanoise lui offre sa première exposition d’envergure.
Un langage esthétique et artistique en accord avec sa sensibilité. Voilà pourquoi Marc Camille Chaimowicz s’est saisi de la décoration intérieure et des arts appliqués comme moyens d’expression. Étudiant en 1968 à la Slade School of Fine Art à Londres, il rejette peinture et dessin, trop emprunts à son goût du conservatisme de ses enseignants et trop éloignés du réel.
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Ce fils de couturière, ancienne apprentie de la maison de haute couture Paquin, va alors investir son appartement londonien pour en faire une œuvre d’art totale et ébaucher ainsi les contours de son propre langage. En mettant en scène coiffeuses, paravents, représentations florales, en usant de couleurs tendres et pastel, l’artiste s’approprie des principes et éléments considérés comme mineurs et féminins et vient interroger l’identité de genre.
Un questionnement des normes qui se raconte à l’occasion de cette exposition stéphanoise, notamment à travers la forme du zigzag, sorte de contre-icône du modernisme aride et dominateur, que l’on retrouve tantôt dans la silhouette d’une cimaise tantôt dans le nom d’une machine à coudre, comme un clin d’œil à sa mère, mais aussi au monde des arts décoratifs.
Cette première rétrospective d’envergure revient de même sur les premières œuvres de Chaimowicz : un jean Levi’s en patchwork, « Celebration? Realife », installation de 1972 souvent revisitée, de même que « Four Rooms » pour le magasin londonien Liberty, en 1984.
Un univers théâtral et poétique dans lequel l’artiste a eu carte blanche pour convier et faire dialoguer avec son travail des pièces du musée, tels l’escalier en colimaçon de Roger Tallon, le luminaire Tube Light, d’Eileen Gray, ou encore un meuble signé Piero Fornasetti et Gio Ponti.
Une scénographie dans laquelle Chaimowicz a disposé çà et là avec malice près de 1 000 mètres de rubans conçus avec la maison stéphanoise bicentenaire Neyret. Un ruban à retrouver comme marque-page dans la toute première monographie en français portant sur l’artiste, coéditée avec les Presses du réel à l’occasion de l’exposition.
> « Marc Camille Chaimowicz, Zig Zag and Many Ribbons… ». Au musée d’Art moderne et contemporain Saint-Étienne Métropole, rue Fernand-Léger, 42270 Saint-Priest-en-Jarez, jusqu’au 10 avril. Tél. : 04 77 79 52 52. Mamc.saint-etienne.fr
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