Malick Sidibé, l’œil malicieux de Bamako

Un an après la disparition du photographe malien, la Fondation Cartier rend hommage à celui qui a su capter, dans les années 60, la jeunesse exaltée de la capitale de son pays. Parmi les 250 tirages exposés, certains, inédits, proviennent des archives de l’artiste.

Pour les grandes occasions, Malick Sidibé aimait revêtir son traditionnel boubou. Ce fut notamment le cas lorsqu’il obtint le Lion d’or à la Biennale de Venise en 2007. Porté par un sourire rayonnant, il chérissait les discussions avec les passionnés de son travail. Plus d’un an après sa disparition, à l’âge de 81 ans, l’exposition monographique qui lui est consacrée est l’occasion de revoir ses images historiques, celles qui l’ont fait connaître auprès du grand public, comme Regardez-moi ! ou bien Nuit de Noël, mais encore et surtout d’en découvrir d’autres, tirées pour la première fois.

Au Studio Malick Sidibé, le tout-Bamako vient se faire tirer le portrait à partir de 1958. Les modèles,eux, posent toujours avec plaisir, comme ce jeune homme « Un yéyé en position », 1963.
Au Studio Malick Sidibé, le tout-Bamako vient se faire tirer le portrait à partir de 1958. Les modèles,
eux, posent toujours avec plaisir, comme ce jeune homme « Un yéyé en position », 1963. Malick Sidibé

Toujours aussi intemporels et d’une énergie folle, les grands et petits formats en noir et blanc racontent les nuits exaltantes dans les clubs de Bamako alors que la jeunesse malienne découvre, comme les Occidentaux, les rythmes endiablés du twist. André Magnin, commissaire de l’exposition, a sélectionné de nombreux portraits, dévoilés pour la première fois. Il aime relater leur rencontre fortuite, en 1991 : « J’étais parti à Bamako à la recherche d’un photographe anonyme dont j’avais découvert les œuvres récemment. On m’a d’abord présenté Seydou Keïta, qui s’est révélé en être l’auteur, puis Sidibé, qui tenait le Studio Malick Sidibé où j’ai découvert tout son amour pour la jeunesse de son pays juste après l’indépendance du Mali. C’est ainsi que la première exposition fut organisée à la Fondation Cartier, à Jouy-en-Josas. »

Dans ce cube en noir et blanc, l’identité passe aussi par des motifs graphiques à forte présence picturale. Ici, « Mon chapeau et pattes d’éléphant », 1974
Dans ce cube en noir et blanc, l’identité passe aussi par des motifs graphiques à forte présence picturale. Ici, « Mon chapeau et pattes d’éléphant », 1974 Malick Sidibé

Différente dans la forme et le fond de celle de 1995, cette rétrospective couvre la période 1960-1978 et se distingue par une superbe scénographie. Avec notamment, le temps de l’exposition, la reconstitution du Studio Malick Sidibé duquel les visiteurs peuvent repartir avec un portrait réalisé à la manière du photographe malien !

« Malick Sidibé Mali Twist ». À la Fondation Cartier pour l’art contemporain, à Paris (XIVe), du 20 octobre au 25 février 2018.