Au printemps dernier, la tendance “mob wife” s’emparait des réseaux sociaux à grand renfort de jupes de cuir, de french manucures, de fausse fourrure, de motifs animaliers en général et, évidemment, de léopard en particulier. L’imprimé fétiche de ces “femmes de mafieux” fantasmées – pensez Karen Hill (jouée par Lorraine Bracco) dans Les Affranchis, Adriana La Cerva (Drea de Matteo) dans Les Soprano, Constanzia « Connie » Corleone (Talia Shire) dans Le Parrain ou encore Elvira Hancock (Michelle Pfeiffer) dans Scarface – s’est retrouvé dans les gardes-robes et sur les podiums, prenant de l’ampleur jusqu’à envahir nos intérieurs.
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Le léopard, un indémodable ?
Mais pourquoi le léopard séduit-il autant, pourquoi le préfère-t-on aux zébrés et autres serpents et pourquoi, lorsqu’on pensait en être débarrassé, dégouté, il revient de nouveau nous hanter ? Pour The Socialite Family, qui a cristallisé sa première collection imprimée autour de ce motif, la raison est simple : “Intemporel, ce léitmotiv animalier n’obéit à aucune saison, à aucun moment. Il est impertinent, hypnotique, mais aussi multiple, il ne connaît pas une seule et même déclinaison et se mélange à merveille avec toute une flopée de matières et de couleurs.”

Dans cette collection, l’imprimé est repensé à travers la technique de l’ikat, une méthode particulière consistant en la teinture des fils en amont du tissage, qui selon les créateurs de la griffe apporte de la modernité au motif. Ainsi, on le retrouve, discret, sur le coussin Berlingot et plus audacieux sur le canapé Rotondo et la chaise Pio.

Au sein de l’Hôtel Château d’Eau imaginé par le studio Necchi, le motif se découvre tel un fil rouge affirmé. “Cela a commencé par une blague, confient les fondateurs, Charlotte Albert et Alexis Lamesta. Nous avons pensé à placer ces deux panthères en céramique trouvées dans un vide-grenier à l’entrée de l’établissement, et ce qui était au début une idée peut-être un peu surprenante s’est métamorphosé en notre point de départ. »

« L’inspiration pour ce projet était de créer un intérieur faisant écho aux années 70 et 80, et à ce mélange des styles qui leur est propre, continuent les architectes d’intérieur. Le léopard, qui renvoie à l’esthétique opulente de cette époque, est donc omniprésent : sur la moquette, les murs, les fauteuils et autres objets de décoration. Même si selon nous ce motif n’a jamais vraiment disparu, ni le style seventies et eighties, ce qui importait avant tout était de créer un lieu dont on ne se lasse pas, et l’imprimé léopard y a en partie contribué.”
Motif versatile
Le duo créatif parisien démontre que le léopard trouve sa place sur toutes les surfaces. Incontournable des tissus d’ameublement, cet animalier habille aussi le sol avec aisance, et pas seulement sur des moquettes et des tapis. En effet, dans le palace sicilien du Marquis de Castelluccio restauré par le réalisateur Jean-Louis Remilleux et immortalisé dans un livre, l’une des pièces, en couverture, est carrelée de céramique tachetés.

Autre preuve de sa versatilité, le fameux motif est devenu la star des arts de la table. Pour la marque néerlandaise pop Anna + Nina, le léopard se décline sur des beurriers, des vases et des chandeliers dans une version plus figurative. À l’inverse, les assiettes imaginées par Popolo tendent à reproduire la fourrure de l’animal avec plus de détails, tout en conservant un caractère naïf.

Même la chambre à coucher se pare de léopard, faisant de l’ombre aux rayures, carreaux et petites fleurs souvent de rigueur. Dans un projet londonien signé Tiffany Duggan, il s’impose sur un banc Claremont installé au pied du lit. Chez Zara Home, ce moucheté, dans une version plus sombre, colonise taies d’oreillers et housse de couette. De quoi rugir de plaisir.
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