Comme tant d’objets qui nous entourent, le papier peint est un produit originellement made in China. C’est en effet dans l’empire du Milieu, en l’an 105, que l’invention, attribuée à Cai Lun, du premier papier de bambou, a permis de tapisser les paravents et autres partitions murales de ce support, orné de délicats dessins semblables à ceux de la porcelaine. Introduit au XVe siècle en Europe par des voyageurs hollandais, le papier peint prendra, à partir du XVIIIe siècle, ses lettres de noblesse en France, puis en Grande-Bretagne. Levier privilégié de la démocratisation de l’ornement mural jusqu’alors peint ou tissé, son essor est indissociable de l’évolution des techniques d’impression, depuis la gravure par plaques de bois (les dominos) jusqu’aux technologies actuelles au laser en passant par les rouleaux mécaniques développés au XIXe siècle.
Fondée en 1790 à Rixheim (Alsace) et réputée pour ses paysages panoramiques dont raffolait Jackie Kennedy, la manufacture Zuber reste d’ailleurs, de nos jours, la seule usine au monde à fabriquer des papiers peints à la planche. Après avoir occupé en morceaux choisis les toiles des peintres cubistes, cet élément de décoration que Le Corbusier qualifiait de « peinture à l’huile vendue en rouleau » (lorsqu’il en créa une collection de 43 nuances pour la société suisse Salubra en 1930, NDLR) connut, jusqu’à l’indigestion, son apogée dans les années 70 et 80. Mais, comme le laisse entendre l’exposition « Faire le mur. Quatre siècles de papiers peints » programmée jusqu’au 12 juin 2016 au musée des Arts décoratifs, à Paris, il (re)devient aujourd’hui un terrain de jeux ultra-créatif pour une nouvelle génération de marques et de designers, à l’exemple de Front Design, Studio Job ou des New-Yorkais Calico Wallpaper. À suivre…