Au programme du nouveau numéro IDEAT n°159 : inspirations, voyages, découvertes … Plus de 300 pages de portraits et d’actualités mode et design.
- Grand entretien avec Ronan Bouroullec : son regard sur la mode — il a notamment dessiné la première boutique Issey Miyake — et son exposition de dessins à Toulon
- Tourisme : Anvers reste à l’avant-garde dans un contexte concurrentiel très fort
- Mode : Interview exclusive de la directrice internationale du merchandising Chanel, Agnès Liely
- Et aussi … Le musée imaginaire de Charles de Vilmorin
« Un art de vivre total » — L’édito de Vanessa Chenaie pour IDEAT n°159
Designer d’objet, designer d’espace, designer de mode… Lorsque l’on songe aux liens qui existent entre mode et design, on pense d’abord aux passerelles entre luxe et artisanat d’exception. C’est exactement ce qu’a réalisé le 19M, lieu unique inauguré par la maison Chanel en 2021 et rassemblant à Paris six cents brodeurs, orfèvres, plumassiers, chapeliers, plisseurs, bottiers… pour préserver leurs savoir-faire en tant qu’arts appliqués à l’industrie.
Créer un objet ou créer un vêtement, c’est aussi mettre sur pied une architecture qui possède une singularité, qui s’intègre dans un contexte social avant d’être « consommée ». On voit bien comment notre environnement globalisé provoque naturellement la chute des cloisonnements entre mode et design, qui doivent cohabiter pour affirmer l’ambition des marques de fonder un « art de vivre ».
En quête permanente d’inspiration, comme des éponges, celles-ci se gorgent de leur époque. La génération montante de designers doit ainsi faire face au développement d’Internet et des réseaux sociaux, en proposant des pratiques multisensorielles attractives à la hauteur des enjeux actuels de distribution qui interrogent notamment l’expérience du client en boutique. Le studio Uchronia, en réalisant les nouveaux espaces de vente Sonia Rykiel (p. 204 d’IDEAT n°159), y répond par exemple avec brio.
Il ne suffit donc plus de connaître « seulement » l’histoire, la sociologie, le commerce ou la chaîne de fabrication – artisanale ou industrielle… Il faut tout prendre en compte et même une chose et son contraire. L’observation du monde, aujourd’hui, engage à la pluridisciplinarité.
De cet enrichissement et de ces frictions fécondes naîtront la créativité qui permettra d’imaginer des vêtements que les gens auront envie de porter, des objets que les gens auront envie de posséder, des espaces que l’on aura envie de parcourir. La revalorisation – finalement assez récente – du travail de la main n’est-elle pas, entre autres, une réaction face aux univers numériques dans lesquels nous sommes désormais obligés d’évoluer ?
De la science du merchandising selon Agnès Liely (p. 116) au réenchantement des salons de la Villa Médicis par Fendi Casa (p. 110) ; des collaborations entre couturiers et labels déco comme Paul Smith avec DePadova (p. 128 d’IDEAT n°159) ou Castelbajac avec Gien (p. 136 d’IDEAT n°159) aux rencontres avec des créateurs et des éditeurs qui, dès leur apparition, ont fait tomber les frontières, comme Yinka Ilori (p. 144 d’IDEAT n°159), Elsa Poux (p. 164 d’IDEAT n°159) ou Luke Edward Hall (p. 166 d’IDEAT n°159), ce numéro propose d’embrasser le champ du design au sens anglo-saxon originel, à travers des personnalités et des expériences très diverses.
De nos échappées dans des villes (volontairement !) inattendues, on apprendra que Medellín (p. 248) est l’épicentre de la mode en Amérique du Sud, que Düsseldorf (p. 272 d’IDEAT n°159) développe des projets pharaoniques pour asseoir son attractivité auprès des fashion addicts et qu’Anvers (p. 260 d’IDEAT n°159) fait tout pour conserver, dans un écosystème hyper-concurrentiel, son ADN avant-gardiste. Le design, en tant que diversité de spécialités, c’est ce qu’IDEAT veut explorer, en toute hybridité.
Vanessa Chenaie,
rédactrice en chef d’IDEAT magazine