IDEAT Hors-série Architecture n°25 est en kiosque

Au programme du hors-série architecture n°25, rencontre avec ceux qui construisent une nouvelle avant-garde architecturale.

Au programme du hors-série architecture n°25, rencontre avec ceux qui construisent une nouvelle avant-garde architecturale. A lire aussi, 60 pages pour pimper vos terrasses, piscines et jardins.

  • En couverture, focus sur la maison de Ricardo Bak Gordon au Portugal : A 40 kilomètres au sud de Lisbonne, dans l’Alentejo, le célèbre architecte et son agence ont construit l’une des maisons de vacances les plus originales de la région. Avec ses lignes sobres, la bâtisse semble sortir du bassin qui longe sa façade et se fond en toute harmonie avec le paysage aride qui l’entoure, grâce à l’enduit à la chaux coloré qui l’habille. Un projet respectueux de son environnement.
  • Mobilier outdoor : Vivre ensemble n’a jamais semblé aussi primordial. Entre terrasse et piscine, place au mobilier, aux équipements et aux accessoires imaginés par les plus grands noms du design qui accompagneront ces riches heures.
  • Portrait : Reiulf Ramstad à la conquête de tous les territoires. L’architecte norvégien porte une attention toute particulière à la question du territoire et intègre les notions de paysage, et plus encore de contexte, dans chacun des projets de son agence. Qu’il s’agisse d’une intervention en pleine nature comme d’une réalisation en milieu urbain.
  • Culte : En Islande, le sacre des éléments. En centre-ville, à Reykjavik, ou perdues dans les contrées de lave séchée de la péninsule de Snæfellsnes, les kirkja (églises) font partie du paysage en Islande. L’île en compte plus de 350 pour 370 000 habitants*, soit près d’une église pour 1000 habitants, dont de nombreuses constructions modernistes étonnantes? Au-delà de leurs spécificités architecturales, elles témoignent de l’histoire de l’émancipation d’une nation.

Tout se joue avant la bataille – IDEAT HS Archi 25

Kornets hus par Reiulf Ramstad
Kornets hus par Reiulf Ramstad

S’il est un métier qui, ces dernières années, s’est révélé aux collectivités et donc au grand public, c’est bien celui de paysagiste. Autrefois dévolues à la conception de parcs et de jardins, les prérogatives du paysagiste, enjeux climatiques obligent, se sont étendues à l’aménagement des espaces publics et du territoire. À l’École nationale supérieure de paysage de Versailles, créée en 1976, le diplôme d’État (paysagiste DE) délivré depuis 2014 insiste sur la pluridisciplinarité de cette profession qui a dû élargir son domaine de compétence à la question de la préservation des ressources naturelles, à l’adaptation au changement climatique, à la renaturation (le fait de réimplanter la nature en ville) et à la reconversion de friches urbaines.

La particularité de ce métier, c’est que, plus encore que pour l’architecte, le projet du paysagiste (n’)est (qu’)une promesse. Contraint de jouer avec le temps, de composer avec le vivant, son art est celui de l’anticipation. Une pratique qui ne peut donc se départir d’une bonne dose d’humilité… C’est en tout cas ce qui ressort de l’entretien que nous a accordé Bas Smets, « architecte de paysage(s) », comme il préfère se qualifier, extrêmement sollicité ces dernières années (rappelez-vous le parc des Ateliers, à Arles, autour de la Fondation Luma, qui aujourd’hui a fait renaître tout un écosystème grâce à la force des plantes) et tout particulièrement dans la lumière depuis qu’il a été choisi pour réaménager les abords de Notre-Dame – où il va notamment doubler le nombre d’arbres : « Ce “faire avec” implique une position très humble. Nous transformons l’existant, qui sera lui-même transformé par les plantes (…). On ne réalise jamais un produit fini, contrairement à un architecte ou un designer. Le pire moment pour un projet de paysage est celui de la réception, car il faut encore dix ans, voire cent ans pour qu’il prenne son ampleur. (…) C’est une caractéristique essentielle de notre travail, nous essayons de comprendre les forces en jeu et d’amorcer une transformation. »

L’occupation du terrain, le remplissage de l’espace, l’étalement urbain ferment les horizons. Un jardin, tout au contraire, c’est un petit bout de monde à part. Et c’est la raison pour laquelle nous avons associé à ce numéro consacré à l’architecture du paysage notre dossier sur le mobilier outdoor. Pourquoi cette connexion entre le design et la construction du paysage ? D’abord parce qu’IDEAT a pour mission de vous informer sur ce qui se fait de mieux en matière de mobilier contemporain, de vous dévoiler les évolutions qu’opèrent les éditeurs, et en premier lieu ces fleurons du design qui nourrissent le secteur non pas seulement de « nouveautés », mais aussi de scénarios de styles de vie. Le mobilier qui vit dehors convoque des techniques et des esthétiques spécifiques, directement en lien avec ce climat qui nous occupe tant ; il pousse la recherche et le développement de matériaux et de systèmes de fabrication plus écologiques, de savoir-faire de plus en plus sophistiqués. Choisir le bon revêtement extérieur pour mieux faire le lien avec la maison, offrir de belles perspectives depuis une terrasse sur le jardin et même, au-delà, sur le paysage ne sont pas des visées superficielles. Car le paysage, c’est aussi quand l’architecture rencontre la nature, « c’est l’endroit où le ciel et la terre se touchent »*.

Vanessa Chenaie
Rédactrice en chef d’IDEAT