Hybrid : Comment CTRLZAK a élargi sa collection manifeste pour Seletti

Les designers milanais de CTRLZAK se sont confiés à IDEAT sur la gestation de leur collection Hybrid, véritable manifeste de design politique.

Depuis ses débuts comme importateur d’objets venus d’Extrême-Orient, Seletti plaide pour le pollinisation des cultures… Un des premiers succès de l’éditeur italien a été pensé par le duo milanais CTRLZAK. Le principe de cette collection d’arts de la table baptisée « Hybrid » ? Fusionner des assiettes classiques chinoises et européennes en assemblant une moitié de chacune. Une façon d’incarner la fascination mutuelle entre Orient et Occident à travers un médium bon marché et facile à travailler : la céramique. Ce printemps, Seletti donne un nouvel élan à sa collection « Hybrid » en invitant ses designers fétiches à élargir la proposition, mais aussi à aller plus loin dans l’exploration des relations entre l’Europe et les autres continents. Son mot d’ordre : Un seul monde, un seul futur. Une démarche que CTRLZAK décrypte en exclusivité pour IDEAT.


Quel était votre message avec cette extension de la collection pour Seletti ?
CTRLZAK : De nos jours, le monde est saturé par les chimères de la mondialisation. Dès le début de notre collaboration avec Seletti, notre intention était d’utiliser l’histoire de la porcelaine pour souligner les côtés positifs de la fertilisation croisée qui s’est produite entre nations au fil des siècles de commerce et d’échanges culturels. Nous sommes convaincus que les cultures peuvent apprendre de leurs différences et ainsi enrichir leur expression. Avec cette nouvelle collection baptisée « Hybrid World », nous voulons ouvrir le spectre culturel, montrer comment différents scénarios d’échanges culturels – passés et présents – peuvent nous aider à atteindre un avenir plus conscient et qui sera sans aucun doute hybride…

Hybrid, une recherche sur la colonisation européenne

Dans quel état d’esprit avez-vous abordé cette nouvelle collection ?
Nous voulons penser que les gens prennent de plus en plus conscience de ce qu’être humain signifie, des droits de chacun à notre relation avec la Nature. Même s’il y a encore beaucoup à faire sur ces questions, il est aujourd’hui possible de prendre du recul sur certains faits historiques et de les analyser de manière critique, comprendre en quoi ils ont été néfastes. Pour « Hybrid World », nous avons mené une recherche méticuleuse sur la colonisation européenne. Nous avons ainsi pu mieux saisir ses aspects honteux. Nous avons également compris que l’histoire réelle est très complexe et enchevêtrée, les différentes nations et royaumes d’Europe occidentale étant présents dans les mêmes régions aux mêmes périodes.

Quels nouveaux éléments culturels avez-vous apportés à la collection ?
Nous avons décidé d’élargir notre perspective. Les premières pièces que nous avons conçues célébraient la rencontre entre les porcelaines chinoise et européenne. Les nouvelles portent sur l’Afrique, l’Amérique centrale et le sud de l’Asie, toujours par rapport à l’Europe. Nous nous sommes concentrés sur des motifs que les gens peuvent reconnaître. Le message que nous souhaitons faire passer est l’exact opposé du colonialisme : dans ces pièces, chaque culture a la même importance. « Hybrid World » célèbre le caractère unique de chaque culture, tout en montrant la force des liens qui les unissent. Lorsqu’une chose est « hybride », cela signifie qu’une nouvelle entité est formée par l’union de différentes composantes, qui ont la même importance. Nous pensons que nous devrions mieux comprendre les traditions et expressions du monde entier, et que nous devrions toujours être prêts à les embrasser de manière pacifique, en créant un nouvel avenir hybride.

La céramique, fil rouge culturel

Qu’en est-il de l’accent mis sur la France ?
La France a joué un rôle important dans notre recherche. D’une part, en raison de sa remarquable tradition dans la production de porcelaine. D’autre part, parce qu’elle était l’une des puissances européennes impliquées dans l’ère coloniale. Étant une nation libérale et ouverte d’esprit, elle a su analyser son passé et essaye de le surmonter.

Pourquoi avez-vous choisi la céramique comme matériau commun pour toute la collection ?
Lorsque nous avons cherché ce que les différentes cultures avaient en commun, la céramique a été l’une des première chose qui nous est venue à l’esprit. En effet, elle a été utilisée dans toutes les sociétés organisées et a joué un rôle important dans leur développement. La raison est tout simplement que les objets en céramique sont faits d’une chose que l’on peut trouver n’importe où sur cette planète : la terre. En même temps, il est fascinant de voir comment un matériau aussi humble peut être transformé en quelque chose d’aussi unique…

> Collection « Hybrid. One World, One Future », Seletti.

Stefano Seletti, entouré du duo CTRLZAK.
Stefano Seletti, entouré du duo CTRLZAK. DR

 

 

Avec cette extension de la collection Hybrid, CTRLZAK s’attaque à de nouvelles typologies d’arts de la table et à d’autres continents…
Avec cette extension de la collection Hybrid, CTRLZAK s’attaque à de nouvelles typologies d’arts de la table et à d’autres continents…
Le principe reste cependant le même : marier des demi-objets venus de cultures différentes.
Le principe reste cependant le même : marier des demi-objets venus de cultures différentes. DR
L’Amérique du Sud et l’Afrique font leur entrée dans la collection « Hybrid ».
L’Amérique du Sud et l’Afrique font leur entrée dans la collection « Hybrid ».