Effet collatéral bienvenu des enjeux environnementaux, l’hôtellerie se réinvente à coups d’établissements conceptuels qui bousculent l’ordre établi. Mélanges d’architecture durable et de services écogérés, ces hôtels éco-responsables nous invitent à voyager sans une once de culpabilité.
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7. Dans le Piémont, la campagne 2.0 de Casa di Langa
Nichée dans un domaine de 104 hectares de vignobles et de forêts sur les pentes des collines du Piémont, Casa di Langa réinvente le luxe dans une version durable à travers 39 chambres et suites qui mélangent design contemporain et traditions rurales locales.
Conçu par le studio de design GaS et par l’agence d’architecture milanaise Parisotto+Formenton Architetti, le projet rhabille un bâtiment dont la construction entamée il y a vingt ans n’avait jamais été achevée.
Avec un profond respect pour la région et un objectif zéro carbone, sa restauration (réalisée exclusivement à partir de matériaux locaux) se distingue par des corridors dont les briques ajourées jouent les brise-soleil et protègent de la chaleur. À l’intérieur, où l’aménagement recourt volontiers au recyclage, le mobilier nordique se frotte au design italien et les pièces vintage côtoient les céramiques.
Enfin, son restaurant, le Fàula, sert une cuisine biologique dont les déchets sont compostés pour alimenter les potagers et les vergers voisins dans un cycle sans fin.
> Località Talloria, 1, 12050 Cerretto Langhe, Italie. Tél. : +39 0173 520 520.
6. À Rome, romance green au Six Senses
Dominant la Via del Corso, à quelques pas de la fontaine de Trevi, le Six Senses Rome se veut une oasis verte au cœur de la Ville éternelle. Inauguré en mars, son écrin est un palais du XVe siècle dont la restauration (en voie de certification LEED, l’équivalent américain du label HQE) a préservé façade et colonnes ainsi qu’un monumental escalier d’origine. Réalisé par Patricia Urquiola – qui, dès 2010, signait le déjà très éco-friendly hôtel W Retreat & Spa de Vieques Island, à Puerto Rico –, son aménagement intérieur coche toutes les cases de la durabilité : tapis en laine, tissus en Econyl et mobilier en bois FSC.
Quant aux tapis d’extérieur, ils sont issus de plastique recyclé ! Revêtus de cocciopesto, un matériau naturel à base de débris de terre cuite, les murs des 96 chambres et suites se mélangent au travertin d’origine locale qui sert de fil conducteur et recouvre presque tous les sols du bâtiment.
Utilisant une énergie d’origine 100 % renouvelable et un éclairage à LED, et appliquant une gestion scrupuleuse de l’eau et des déchets, l’établissement a banni le plastique à usage unique de son vocabulaire.
Un sans-faute qui se décline jusque dans les assiettes de son restaurant Bivium et de son rooftop Notos, qui servent une nourriture forcément locale et de saison. Pour aller encore plus loin, l’hôtel éco-responsable invite tous ses visiteurs à réfléchir aux enjeux de la durabilité à travers son Earth Lab, où sont dispensés des ateliers interactifs. Il participe même à la sauvegarde des loups italiens en commercialisant la peluche Aurelia, clin d’œil à la légendaire Lupa, mère des fondateurs de la ville, Romulus et Rémus.
> Piazza di San Marcello, 00187 Rome, Italie. Tél. : +39 06 8681 4000.
5. À Blois, le terroir chéri de Fleur de Loire
Présenté comme le « projet d’une vie » par le chef doublement étoilé Christophe Hay, Fleur de Loire a ouvert ses portes l’été dernier en plein centre de Blois, sur les rives du plus long fleuve de France.
Avec 44 chambres, dont 11 suites, deux restaurants gastronomiques, un kiosque à pâtisseries, une boutique et un Spa Sisley, cet hôtel 5 étoiles établi dans un ancien hospice du XVIIe siècle est entièrement pensé pour réduire son impact environnemental.
Depuis le bâtiment, dont le système de climatisation en circuit fermé limite les déperditions, jusqu’aux clés des chambres fabriquées en bois, en passant par une énergie intégralement issue de l’éolien, l’établissement ne laisse rien au hasard. Les produits d’hygiène proviennent même d’une savonnerie située à 20 km de là.
Poumons du projet, les restaurants Christophe Hay et Amour Blanc imaginent la cuisine écologique de demain avec des appareils peu gourmands en eau et en électricité, des déchets triés et transformés, et des plats qui subliment le terroir régional.
> 26, quai Villebois-Mareuil, 41000 Blois. Tél. : 02 46 68 01 20.
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4. Dans le Luberon, agritourisme contemporain à La Ferme Hi Bride
Après le Hi à Nice, le Hi Matic à Paris et le Dar Hi Life à Nefta, en Tunisie, Philippe Chapelet et Patrick Elouarghi, toujours épaulés par Matali Crasset, récidivent avec La Ferme Hi Bride, établie cette fois à Villelaure, dans le Luberon.
Entamée il y a vingt ans, leur démarche en rupture avec les codes habituels du luxe atteint sa quintessence avec ce projet qui mélange la typologie hôtelière avec celle d’une ferme.
Investissant une ancienne exploitation agricole, les trois comparses ont imaginé une nouvelle façon de séjourner autour du vivant. D’abord en réanimant une tour bâtie au XIIe siècle, mais surtout en soignant les terres alentour pendant trois années avant l’ouverture.
Déployée sur 21 hectares, l’hôtel éco-responsable est ceinturée de vignes, d’oliveraies, de vergers, de potagers et de poulaillers qui participent à l’élaboration de produits maison. Articulée autour de six bâtiments qui fonctionnent comme les organes d’un même corps, La Ferme Hi Bride compte huit chambres, deux studios et deux maisons, mais aussi un bassin agricole transformé en piscine et un hangar à manger.
> La tour de Ferrier, route d’Ansouis, 84530 Villelaure. Tél. : 09 75 68 59 40.
3. À Vienne, do it yourself au Greet Wien City Nord
Lancée en France en 2019, Greet est la marque écolo du groupe Accor. Loin du greenwashing, le concept rompt avec l’ameublement standardisé en laissant à ses franchisés la liberté (et la consigne) d’agencer leur établissement avec de la seconde main ou du fait-maison.
Dernier-né de cette chaîne comptant déjà 23 hôtels, l’hôtel éco-responsable, inauguré en mars dans le XXIe arrondissement de Vienne, est le tout premier du genre à ouvrir en Autriche, pays pionnier en matière de durabilité. Ses propriétaires ont imaginé une décoration réalisée principalement avec des objets provenant du jardin.
Transformant une brouette en fauteuil ou un enrouleur en table, décoré de bêches et de cisailles, l’hôtel met en pratique une philosophie circulaire consistant à réduire, réutiliser et recycler le plus possible les déchets.
Zéro plastique, pas de doses individuelles et, chaque matin, des jus réalisés avec les fruits de la veille. L’établissement compte même une boutique d’objets d’occasion dont les bénéfices sont reversés à des associations.
> Brünner Strasse 67 a, 1210 Vienne, Autriche. Tél. : +43 1 6031640. All.accor.com
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2. Au sud de Bruxelles, un mix « artysanal »
Architecte, designer, entrepreneur disruptif et roi de la récup’, Lionel Jadot – entouré de son collectif de designers Zaventem Ateliers et d’une quarantaine d’artistes – dévoile son projet le plus ambitieux à ce jour : un gigantesque complexe de 25 000 m2 aménagé dans l’ancien siège de la compagnie d’assurance Royale belge, au sud de Bruxelles.
Comprenant un hôtel 4 étoiles de 140 chambres, 40 studios, une salle de sport, un spa, un espace de coworking et plusieurs restaurants, Mix ouvre ses portes en ce mois de juin dans un bâtiment des années 60 en forme de croix, où tout est conçu de manière artisanale.
Du comptoir d’accueil (signé Maison Armand Jonckers) aux tissus, en passant par les chaises, les lampes ou la moindre poignée de porte, chaque élément de sa décoration est absolument unique et réalisé à la main.
« Nous voulions que chaque recoin soit mis en valeur par des pièces évocatrices, spécialement créées pour lui », raconte Lionel Jadot, dont l’ambition est de « s’affranchir des conventions pour offrir une nouvelle définition du design de collection ».
> Boulevard du Souverain, 25, 1170 Watermael-Boitsfort, Belgique. Mix.brussels
1. À Saint-Ouen, l’annexe écolo du Mob Hotel
Créé en 2017, le Mob Hotel de Paris, qui comptait déjà 100 chambres, double la mise avec le Mob House, toujours au cœur des puces de Saint-Ouen. Inaugurée en janvier 2022 à quelques dizaines de mètres de la maison mère, cette annexe a fait de l’écologie sociale son fil conducteur.
Outre une construction et du mobilier privilégiant le bois, l’argile ou la terre cuite et sa brasserie bio qui consacre les filières courtes et les petits producteurs, l’établissement 4 étoiles se distingue par un modèle inédit de chambres « trois en une », pensées pour les plus longs séjours. « Nous les avons conçues pour y dormir, travailler et recevoir », résume Cyril Aouizerate, cocréateur du projet avec Michel Reybier et Philippe Starck.
À l’intérieur, les murs sont traités avec un mélange d’argile et de paille (dont on devine encore les brins) et les sols sont habillés d’un parquet en chêne massif, forcément français. À l’extérieur, le plus grand jardin planté privé de Saint-Ouen (2 000 m2 ) et une piscine de 20 mètres de long complètent le tableau.
> 70, rue des Rosiers, 93400 Saint-Ouen-sur-Seine. Tél. : 01 55 28 80 80. Mobhouse.com
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