Cette maison de bois est posée sur le sable, à quelques encablures d’une dune ourlée de pins. L’architecte Delphine Carrère, d’Atelier DC, l’a conçue pour des vacances où intérieur et extérieur se confondent.
Une maison de vacances au milieu des pins …
Le quartier de Chiberta, à Anglet (Pyrénées-Atlantiques), est réputé pour ses résidences Art déco, construites dans le sillage de son golf durant les Années folles. À l’époque, les architectes avaient trouvé dans cette pinède sauvage située à l’extérieur de Biarritz un « jardin sans limites » où poser quelques folies architecturales.
Aujourd’hui zone boisée classée, la forêt de Chiberta, aussi nommée la forêt du Pignada, reste l’un des meilleurs spots pour vivre des vacances tranquilles au bord de l’Océan. Les terrains y sont vastes et les contraintes d’urbanisme beaucoup plus souples que dans les villages basques avoisinants : nous sommes aux frontières des Landes, comme en témoigne la longue plage qui débute ici et s’étend sur plus de 100 km le long du littoral girondin.
Il y a dix ans, un couple d’expatriés attachés à la région demandait à l’architecte Delphine Carrère, basée à Biarritz, de concevoir pour leurs congés une maison en bois au milieu des pins. Récemment, une annexe est venue la rejoindre, l’Atelier DC étant à nouveau chargé d’écrire la suite de l’histoire dans ce paysage de forêt cathédrale. « Chiberta est un endroit de rêve pour les architectes, confirme Delphine Carrère. Nous ne sommes pas soumis aux modénatures des maisons basques et pouvons bâtir du vrai contemporain. »
… à la façon d’une cabane
L’esprit de la deuxième construction est celui de la cabane en bois, qui prévaut dans les Landes et jusqu’au cap Ferret… « à une échelle un peu supérieure », sourit l’architecte. Voici donc Marjolaine, un savant assemblage de cubes bardés de bois, avec ses baies vitrées ouvertes sur la nature. Pour tourner l’habitation vers la mer et l’isoler de la route, les architectes ont conçu vers l’entrée une butte végétalisée dans laquelle est placé le garage. On chemine vers la maison via une galerie souterraine éclairée par un puits de lumière, puis sur des traverses en bois dans le jardin jusqu’à la porte pivotante du perron.
Les espaces sont rythmés par la topographie du terrain, c’est en descendant quelques marches que l’on accède aux pièces de vie. Les hauteurs sous plafond varient également, donnant à l’ensemble son côté sculptural. Le décor est dépouillé, sol en béton et bardages de bois. Les architectes d’Atelier DC ont joué sur ces deux matières jusqu’à les marier puisque certaines parois de béton sont comme imprimées de veinures en relief, résultat de l’application de planches avant séchage.
Mise en lumière de l’artisanat
Des œuvres et des meubles du sculpteur landais Lucas Castex ponctuent le décor d’accents tribaux, naturels et sophistiqués. Au centre, la cuisine ouverte sur la salle à manger appelle à la convivialité. Elle aussi arbore du béton, notamment à travers son plan de travail très épais dont les arêtes sont polies et arrondies. Il répond à la cheminée monumentale qui sépare la pièce du grand salon. « Nous voulions des volumes généreux, mais pas d’open space, explique l’architecte. En vacances, tout le monde doit pouvoir trouver un coin à soi» explique Delphine Carrère. Le jeu des cubes de bois ménage ainsi des terrasses paysages isolées et une salle à manger d’été avec sa cuisine extérieure, bien à l’abri du vent, sous une tonnelle, côté sud.
Une immersion dans la végétation
Les baies vitrées sont comme des tableaux ouverts sur le jardin. « Nous avons joué avec les orientations, car dans un projet contemporain, on vit avec la lumière. Certaines baies sont exposées de façon à recevoir le soleil, d’autres à offrir la vue – c’est le cas du salon qui donne de plusieurs côtés, vers la terrasse de la piscine ou sur les pins » ajoute Delphine Carrère. Les baies escamotables accentuent l’effet dedans-dehors, de même que le bardage extérieur se prolonge à l’intérieur sur certains plafonds. Atmosphère & Bois, spécialiste des bardages anciens, produit ces planches de bois de grange notamment avec des troncs de récupération de forêts brûlées.
Le feu, un élément avec lequel la nature joue toujours : le 30 juillet 2020, un incendie géant a ravagé la forêt du Pignada, clairsemant la cathédrale de pins maritimes, mais épargnant la maison, qui continue de couler des jours tranquilles au bord de l’Océan.