Tous ses papiers peints racontent des histoires et notamment celles qu’il a déjà rapportées dans un ouvrage paru en 2008 sur ses années Palace, célèbre boîte des années 80 fréquentée par les muses et les égéries qui faisaient la une des nuits parisiennes de l’époque. Un mélange donc entre l’édition, la gravure et la peinture, réalisé avec Photoshop, puis imprimé sur papier, rouleau par rouleau, et vendu à un prix somme toute fort raisonnable (200 € le rouleau). Tous sont figuratifs, drôles, oniriques, un brin kitsch et donc furieusement esthétiques et tendance. Il n’y a qu’à voir les thèmes abordés : Déjeuner sur l’herbe, une réinterprétation du tableau d’Édouard Manet avec Loulou de la Falaise et Pierre Bergé (qui l’a posé dans sa maison de Tanger !) ; Jackson Pollock, où se superposent des taches de couleurs traitées en « all over » ; Prises, des dessins d’interrupteurs et de prises de courant travaillés en trompe-l’œil ; Les vases grecs, des graphismes brique sur fond noir d’après des relevés exécutés au musée du Louvre ; Ozu, le chat de l’artiste, joue parmi des curiosités chinoises exposées sur des étagères évoquant les Stack en acier ou en Plexiglas de couleur de Donald Judd.
Philippe Morillon a eu une belle carrière d’illustrateur et de peintre dans la publicité, l’édition et la presse. Il a réalisé de nombreuses couvertures de livres et pochettes de disques, a conçu l’affiche et le logo du Palace en 1978 et un album d’illustrations préfacé par Andy Warhol en 1982. Il a également été le directeur artistique de magazines prestigieux comme Égoïste et Vogue. Enfin, il a publié un premier ouvrage en 2009 préfacé par Karl Lagerfeld, Une dernière danse ? 1970-1980 (éditions Steidel), parallèlement à la présentation d’une exposition de photos en juin dernier à la Galerie du Passage. Avec ses papiers peints, il inaugure une nouvelle histoire, « car ce sont souvent des dessins personnels qui n’ont jamais été exposés », conclut-il.