Telle une éloge de la vie de tous les jours, la sélection de l’été met en lumière quatre expos photo qui font la part belle aux instants qui composent le quotidien. La vue d’un paysage, le temps de l’enfance, des moments historiques ou plus intimes… Voilà quelques façons singulières d’aborder ce vaste thème, reflet de nos existences, sur lequel les photographes posent leur regard et nous invite à en scruter les détails.
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Vasantha Yogananthan capture le temps de l’enfance
Actuellement présentée à la Fondation Henri Cartier-Bresson, l’exposition « Mystery Street» dévoile des images du photographe français Vasantha Yogananthan. Réalisée à la Nouvelle-Orléans en Louisiane, la série présente des tirages de tailles variées dans lesquelles l’artiste propose une réflexion sur cette période singulière de l’enfance entre 8 et 12 ans, qu’il nomme « impermanence».
En résulte des fragments de la vie ordinaire d’enfants au coeur d’une ville soumise aux conséquences du réchauffement climatique, en plein été. Certains jouent et s’inventent des cabanes en carton, d’autres se reposent à l’abri de la chaleur… C’est tout une petite vie dépeinte à l’aide de la photographie argentique, procédé cher au photographe car il invite à la manière du sujet traité à ralentir. Face à ces photographies à hauteur d’enfant, impossible de ne pas penser à celles d’Helen Levitt ou Sergio Larrain, sublimes échos visuels des moments suspendus de l’enfance.
> Exposition « Vasantha Yogananthan, Mystery Street», à voir jusqu’au 3 septembre à la Fondation Henri Cartier-Bresson, Paris 3e.
Joel Meyerowitz sublime le quotidien états-uniens
Sur les murs de la partie inférieure de la galerie Polka, d’immenses clichés aux couleurs saisissantes attirent et captivent les regards. Capturée par le photographe américain Joel Meyerowitz, la vingtaine d’images grand format raconte les États-Unis d’une façon singulière.
Si sa rencontre avec Robert Frank – grand photographe connu pour avoir associé d’autres médiums à la photographie et inclut une part de subjectivité dans le genre documentaire – fut décisive dans sa trajectoire artistique, c’est avec la couleur qu’il déploie pleinement sa pratique. Prises à l’aide d’une chambre photographique, ses images invitent à plonger à l’intérieur des scènes ordinaires et à en scruter les détails.
> Exposition « Joel Meyerowitz, Panorama», à voir jusqu’au 29 juillet à la Galerie Polka, Paris 3e.
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Ken Domon immortalise le Japon d’après-guerre
Pour la première fois en France, à la Maison de la culture du Japon, les oeuvres de Ken Domon, éminente figure de la photographie dans son pays, sont exposées. Actif du début des années 1930 jusqu’au milieu des années 1970, celui qui arrive un peu par hasard dans la photographie suite à une formation de peintre avortée, contribuera à l’essor du photojournalisme au Japon. Prises principalement en noir et blanc, ses images capturent des scènes ordinaires et extraordinaires de la période de la Seconde Guerre Mondiale.
Guidé par la volonté d’insuffler du mouvement et de la vie dans ses photographies, Ken Domon saisit le réel dans des compositions très soignées qui permettent une autre lecture des événements historiques dans ce pays, comme ces enfants dans la rue qui joue avec ce qu’ils trouvent, ceux qui pêchent la truite dans un cours d’eau ou encore des infirmières ou des soldats à l’oeuvre, L’occasion de découvrir le travail d’un illustre photographe, tout autant soigné et précis que touchant.
> Exposition « Ken Domon, Le maître du réalisme japonais», à voir jusqu’au 13 juillet à la Maison de la culture du Japon, Paris 15e.
Julien Magre célèbre l’intime
Au Château de Tours, le Jeu de Paume présente une cinquantaine de tirages du photographe français Julien Magre, capturé entre 1999 et 2020. Son sujet de prédilection est ce qui l’entoure, son quotidien, sa compagne et leurs enfants. Tout au long des prises, l’artiste s’attache à traduire à la bonne distance ces instants ordinaires d’où émane une beauté simple et singulière.
Présentées de façon chronologique, les photographies racontent les débuts de sa relation avec sa compagne, l’arrivée du premier enfant puis du deuxième, la disparition tragique d’une de ses filles et enfin la naissance d’un dernier enfant, symbole d’une reconstruction. En documentant ces moments de vie, il pose un regard tendre sur la fugacité du temps, tout en cherchant à « rester humble et simple » face au réel et aux épreuves traversées.
> Exposition « Julien Magre, En vie», à voir jusqu’au 29 octobre au Jeu de Paume Tours.