Tourisme : La triennale qui réveille La Nouvelle-Orléans arty

Avec ses noms de rues français, son ambiance caribéenne et sa situation géographique cernée par le Mississippi, La Nouvelle-Orléans fascine. Sa belle personnalité métissée entre magnifiquement en résonance avec la quatrième édition de la triennale d’art Prospect (jusqu’au 25/02). Des œuvres engagées, du jazz... La manifestation d’art contemporain la plus bouillonnante.

La Nouvelle-Orléans – alias Nola – a le jazz dans la peau. Elle a vu naître Louis Armstrong, Sidney Bechet et tant d’autres. Prospect, son excellente triennale d’art contemporain creuse d’ailleurs cette histoire-là.

Vue de La Nouvelle-Orléans et de son pont Crescent City Connection, qui enjambe le Mississippi, depuis le toit-terrasse de l’hôtel The Pontchartrain.
Vue de La Nouvelle-Orléans et de son pont Crescent City Connection, qui enjambe le Mississippi, depuis le toit-terrasse de l’hôtel The Pontchartrain. Young-Ah Kim pour IDEAT

Celle d’une ville de musique, d’une ville afro-américaine à 60 %, d’une ville pauvre aussi, où l’on entend tout à la fois les fantômes de l’esclavage, l’âpreté du Sud et la richesse des métissages – Nola se revendiquant comme la plus créole des cités US.

Le duo Quintron & Miss Pussycat invente des shows musicaux de marionnettes, absurdes et subversifs, à voir au Ogden Museum.
Le duo Quintron & Miss Pussycat invente des shows musicaux de marionnettes, absurdes et subversifs, à voir au Ogden Museum. Young-Ah Kim pour IDEAT

Alors, au Ogden Museum of Southern Art, l’un des pôles de la manifestation, on se laisse happer par l’installation vidéo de John Akomfrah, artiste anglais originaire du Ghana, qui ressuscite Buddy Bolden, génie schizophrène du cornet, sur fond de paysages humides de Louisiane.

La jeune artiste californienne Genevieve Gaignard envahit magnifiquement les papiers peints du salon de l’Ace Hotel, creusant, à travers ses mises en scène photographiques, son identité de fille métisse, trop black pour les uns, trop blanche pour les autres.
La jeune artiste californienne Genevieve Gaignard envahit magnifiquement les papiers peints du salon de l’Ace Hotel, creusant, à travers ses mises en scène photographiques, son identité de fille métisse, trop black pour les uns, trop blanche pour les autres. Young-Ah Kim pour IDEAT

Au Jazz Museum, autre place forte de Prospect sise dans une ex-fabrique de pièces d’or, on découvre des collages réalisés par Armstrong, prolongements sur papier de ses folles impros à la trompette, qui font admirablement écho, dans la salle d’à côté, aux toiles néo-impressionnistes de Michael Armitage, jeune Kényan très coté.

Les masques géants de Darryl Montana nous racontent, à l’étage du Jazz Museum, une Louisiane métissée, celle des Mardi Gras Indians, groupes de performeurs noirs qui fêtent le carnaval en s’inspirant des rituels des Indiens d’Amérique.
Les masques géants de Darryl Montana nous racontent, à l’étage du Jazz Museum, une Louisiane métissée, celle des Mardi Gras Indians, groupes de performeurs noirs qui fêtent le carnaval en s’inspirant des rituels des Indiens d’Amérique. Young-Ah Kim pour IDEAT

Les stars noires de la peinture ont aussi les honneurs du Museum of Art, jolie bâtisse entourée d’étangs, dont les cimaises sont magnifiées par les portraits de l’Américain Barkley L. Hendricks ou par les scènes de vie de la Nigériane Njideka Akunyili Crosby.

Au Contemporary Arts Center, l’un des points névralgiques de Prospect 4 : une créature de fils et de chiffons façonnée par l’Indienne Rina Banerjee (à gauche) et un maxi-mégaphone en bois de la Canadienne Rebecca Belmore (à droite).
Au Contemporary Arts Center, l’un des points névralgiques de Prospect 4 : une créature de fils et de chiffons façonnée par l’Indienne Rina Banerjee (à gauche) et un maxi-mégaphone en bois de la Canadienne Rebecca Belmore (à droite). Young-Ah Kim pour IDEAT