A Paris, quatre expos pour questionner la nature

La nature a toujours été une grande source d'inspiration pour les créateurs et créatrices. Avec le retour du printemps, quoi de mieux qu'une sélection d'expositions qui abordent cette vaste thématique ? 

Les artistes sont de plus en plus nombreux à aborder, dans leurs oeuvres, les questions liées au vivant, à la nature et au rapport que l’humain entretient avec ces éléments. Qu’ils s’en inspirent, la transforment, la détournent, cherchent à sensibiliser, alerter ou seulement créer un espace contemplatif, ils permettent d’engager un dialogue avec cette notion et de renouer avec le vivant. Focus sur 4 expos qui s’intéressent à la nature.



Lou Ros à la galerie Romero Paprocki

Ouverte en octobre dernier, la galerie Romero Paprocki présente le travail de Lou Ros dans une expo sur la nature intitulée « Abri ».

Cette carte blanche laissée à l’artiste lui permet de montrer pour la première fois des pièces inédites comme des céramiques représentants des oiseaux et des dessins préparatoires. Au sol, une moquette noire en caoutchouc recyclé a été installée pour absorber les sons et créer une ambiance feutrée à la manière des nids que l’on retrouve ça et là dans l’espace d’exposition.

Issue de la série des Vanishing Lanscapes, cette toile évoque les différentes strates d’un paysage tout droit sorti de l’imagination de Lou Ros.
Issue de la série des Vanishing Lanscapes, cette toile évoque les différentes strates d’un paysage tout droit sorti de l’imagination de Lou Ros. © Allison Borgo

Fabriqués à partir de branchages glanés dans la forêt ou encore avec des cordages colorés de raquettes de tennis, ils renferment en leur sein, de précieux œufs en céramique qui attendraient presque d’être couvés.

Avec ses installations et ses toiles, plus abstraites, Lou Ros tente d’instaurer un dialogue entre ce que la nature apporte et ce que l’activité humaine produit. Un très beau texte de Baptiste Morizot ouvre d’ailleurs l’exposition à ce sujet évoquant le « rapport problématique, conflictuel et destructeur à l’égard du monde vivant qu’ils appellent « nature » ». Une belle entrée en matière pour méditer sur ce sujet pluriel et complexe…

> Exposition « Abri », Lou Ros, à voir à la galerie Romero Paprocki (Paris 3e) jusqu’au 15 juin 2023.

Clément Davout à la galerie Ketabi Bourdet

Pour sa première exposition à la galerie Ketabi-Bourdet, Clément Davout propose une expo de peintures et de dessins aux teintes intenses et mélancoliques directement inspirées de la nature.

Nommée « Sous le ciel, sous le bleu » en raison d’un ensemble d’œuvres qui évoquent par leurs nuances infinies de bleu celles du ciel, l’exposition s’articule autour des réflexions de la lumière sur des formes végétales.

Installées de la sorte à la galerie Ketabi-Bourdet, les oeuvres de Clément Davout offrent une palette de couleurs semblables à celle des couchers du soleil.
Installées de la sorte à la galerie Ketabi-Bourdet, les oeuvres de Clément Davout offrent une palette de couleurs semblables à celle des couchers du soleil. Studio Shapiro

En partant de photographies prises dans des lieux comme les serres du Jardin de Plantes de Paris ou encore dans des paysages naturels au coucher du soleil, l’artiste réalise des toiles dans lequel un souci extrême est porté aux jeux d’ombres et de lumières. Les branchages, feuilles et fleurs, éléments qui composent les végétaux représentés, laissent passer les multiples rayons colorés et dévoilent une poésie sensible et fugace.

> Expo sur la nature « Clément Davout, Sous le ciel, sous le bleu », à voir à la galerie Ketabi-Bourdet (Paris 6e) jusqu’au 17 juin 2023.



Vincent Fournier au musée de la Chasse et de la Nature

C’est dans l’écrin si singulier des hôtels particuliers qui abritent le musée de la Chasse et de la Nature que le photographe Vincent Fournier a semé une soixantaine d’œuvres aux allures plus que mystérieuses…

L’expo « Uchronie » permet un voyage à travers des mondes parallèles. En instaurant un dialogue entre des centres d’intérêts comme la science-fiction ou encore les utopies du XXème et XXIème siècle, l’artiste dévoile une œuvre riche en symboles et qui propose d’autres versions de l’histoire.

Dans l’oeuvre Iceland Moon Mars Simulation#1, MS2 Spacesuit, ISE, la figure d’un cosmonaute isolée et couplée à ce paysage aux couleurs cramoisies convoque l’imaginaire collectif développé autour de la planète Mars.
Dans l’oeuvre Iceland Moon Mars Simulation#1, MS2 Spacesuit, ISE, la figure d’un cosmonaute isolée et couplée à ce paysage aux couleurs cramoisies convoque l’imaginaire collectif développé autour de la planète Mars. Vincent Fournier

En témoigne la série Space Utopia dans laquelle il a suivi des astronautes de la NASA en entraînement dans des paysages naturels qui évoquent tout autant la Lune que la planète Mars. À travers ses clichés, Vincent Fournier invite les visiteurs à observer attentivement les images, à la recherche de détails permettant de rétablir une possible vérité.

Disséminées dans les différents espaces du musée, celui qui fait appel à d’autres médiums comme la sculpture, la vidéo, la mosaïque ou encore la joaillerie établit une véritable chasse aux trésors dans laquelle la nature est confrontée à la question de l’évolution et de la réinvention.

> Exposition « Uchronie, Vincent Fournier », à voir au musée de la Chasse et de la Nature (Paris 3e) jusqu’au 17 septembre 2023.

Tacita Dean à la Bourse de Commerce

En écho au cycle d’expositions « Avant l’orage » présentée depuis février dernier à la Bourse de Commerce, la vidéaste Tacita Dean déploie une expo sur la nature, un travail spécialement réalisé pour l’exposition « Geography Biography ». Film, photographie, dessin, collage…

Tous les moyens sont bons pour aborder la dimension qui la fascine, celle du temps. Les procédés employés par l’artiste comme la photographie argentique, le dessin ou encore le collage, lui permettent de créer ses oeuvres en pleine conscience, dans la lenteur et à la main.

Issue du film « Geography Biography » qui donne son nom à l’exposition, cette composition mêle différentes images qui rendent compte de la capacité du médium cinématographique à recréer des souvenirs.
Issue du film « Geography Biography » qui donne son nom à l’exposition, cette composition mêle différentes images qui rendent compte de la capacité du médium cinématographique à recréer des souvenirs. © Tacita Dean

Comme le montre The Wreck of Hope (2022) qui est une reconstitution à la craie sur tableau noir d’un glacier ancestral en train de fondre. Le nom du tableau, inspiré d’un tableau de Caspar David Friedrich, mêlé à l’imposante masse du bloc de glace contraste avec la dégradation subie du matériau représenté et celui employé par l’artiste.

Face à la fragilité du vivant et de la nature, Tacita Dean fournit des oeuvres contemplatives dans lesquelles les temps : passé, présent, futur se mélangent et se suspendent.

> Exposition « Tacita Dean, Geography Biography », à voir à la Bourse de Commerce, Pinault Collection jusqu’au 18 septembre 2023.