Alternatives écologiques à la climatisation : 5 solutions durables

En plus d'être couteux, les climatiseurs ont un impact néfaste sur l'environnement. Il existe heureusement d'autres façons de rester au frais pendant l'été !

L’arrivée des beaux jours est aussi celle des hausses de températures. Réchauffement climatique oblige, celles-ci devraient être bien plus conséquentes qu’à l’accoutumée. Le recours à la traditionnelle climatisation, dont l’impact sur l’environnement est néfaste, est-il pour autant obligatoire, si on tient à rester au frais ? Voici cinq alternatives à la climatisation, proposées par architectes et chercheurs, pour rafraîchir son logement et minimiser ses effets sur la nature.


Terre cuite espagnole

A Madrid, le restaurant Mo de Movimiento a trouvé une alternative efficace et esthétique à la climatisation
A Madrid, le restaurant Mo de Movimiento a trouvé une alternative efficace et esthétique à la climatisation Gonzalo Machado

Direction Madrid, chez Mo de Movimiento, un restaurant conçu par le designer espagnol Lucas Muñoz. Soucieux de proposer un lieu éco-responsable, de la carte à l’aménagement intérieur, le designer s’est aussi attaqué à la question délicate de la température. En effet, difficile de se passer de climatisation lors des chauds étés madrilènes. Un problème résolu grâce à une collection de neuf vases en terre cuite massifs, fabriqués à la main par le maître artisan Antonio Moreno Arias dans la région de Badajoz en Espagne.

Propriétaire d’un four souterrain arabe vieux de plus de 500 ans, celui-ci a été contacté par Lucas Muñoz pour concevoir ce projet. L’idée originale fait suite à une création très expérimentale que Muñoz avait créée pour son diplôme à la Design Academy d’Eindhoven. La pièce en béton qu’il avait alors réalisée, a aujourd’hui été améliorée dans une version en terre cuite avec l’aide d’un expert en réfrigération et d’une équipe d’ingénieurs.

Le système en terre crue est suspendu au-dessus des tables
Le système en terre crue est suspendu au-dessus des tables Gonzalo Machado

Après quelques essais et améliorations de conception, ces éléments suspendus remplis d’eaux et équipés de ventilateurs ont été testés dans l’air d’été sec et chaud de Madrid, atteignant une baisse de température allant jusqu’à 15 degrés Celsius.

Dans le patio du restaurant, un système similaire prenant la forme de carreaux figés dans une structure métallique offre les mêmes services.


Poterie indienne

En Inde, la climatisation utilisée dans le secteur du bâtiment consomme environ 40 % de l’électricité produite. « Elle devrait passer à 76 % d’ici 2040», souligne Monish Siripurapu. L’essor de l’immobilier et du développement des infrastructures dans tous les principaux secteurs entraîne une forte augmentation de la demande d’énergie, de la réfrigération aux systèmes de climatisation.

Face à ce constat, l’architecte s’est mis en quête d’un moyen de refroidir les intérieurs, en planchant sur une alternative à la climatisation bon marché et respectueuse de l’environnement. Un moyen trouvé via CoolAnt, un système de refroidissement qui offre une alternative low-tech, écologique et peu coûteuse aux climatiseurs, utilisant peu d’énergie et aucun réfrigérant. Inspiré des anciennes techniques de refroidissement utilisées dans les cultures indiennes et égyptiennes, l’appareil fait passer de l’eau à travers des cônes de terre qui facilitent le refroidissement de l’air par évaporation. Une proposition qui pourrait aussi, ajoute l’architecte, aider à créer des emplois pour les potiers et à soutenir un artisanat traditionnel en déclin.


Systems Reef 2

L’impression 3D s’invite aussi dans la conception de systèmes de climatisation. La preuve avec la proposition du cabinet d’architecture australien BVN et de l’Université de technologie de Sydney. Baptisée, « Systems Reef 2 », celle-ci a été conçue avec du plastique recyclé via une imprimante 3D. Bien loin des traditionnels dédales de métal accrochés au plafond ou autres méchantes boîtes blanches en plastique fixées au mur, « Systems Reef 2 » adopte une silhouette sinueuse. Esthétique, cette allure permet aussi à l’air de circuler plus facilement le long du tube organique à ramification. Dépourvu d’angles droits où il pourrait se coincer, « Systems Reef 2 » permet de consommer moins d’énergie.


Climatisation low-tech

L’Atelier du Pont s’est appuyé sur des technologies low-tech pour isoler sa nouvelle agence.
L’Atelier du Pont s’est appuyé sur des technologies low-tech pour isoler sa nouvelle agence. Fred Delangle

Pour leur nouveau QG, l’équipe de l’Atelier du Pont souhaitait présenter une vitrine de leur savoir-faire. Pour assurer la fraîcheur des lieux, l’agence d’architecture et d’architecture d’intérieur s’est tournée vers « des façons de faire low-tech » explique Anne-Cécile Comar. Avant tout, elle précise qu’il faut « isoler fortement, c’est obligatoire, aussi bien les murs que les plafonds ». Elle ajoute aussi qu’il faut « installer des brises soleils sur toutes les façades, sur tous les vitrages, c’est la base ». Elle souligne aussi que le béton posé sous un plancher permet de une réelle inertie. Enfin, il faut absolument brasser l’air, notamment avec des ventilateurs, aussi bien le jour et la nuit et ainsi rafraîchir l’espace de quelques degrés.


Renouer avec d’anciennes pratiques

Outre les architectes, les chercheurs sont nombreux à prôner de bonnes pratiques, notamment en ce qui concerne le rafraîchissement de nos intérieurs. Fanny Gerbeaud et Guy Tapie, respectivement ingénieur de recherche et professeur au laboratoire PAVE (Profession, Architecture, Ville, Environnement) de l’Ecole Nationale Supérieure et de Paysage de Bordeaux, ont constaté que certains aménagements, pourtant bienvenus à l’heure du réchauffement climatique et de ses hautes températures, sont souvent négligés.

« Nous avons remarqué que dans beaucoup de constructions neuves ou anciennes, les avancées de toitures étaient inexistantes, les logements sont aussi parfois mono-orientés, il y a une seule prise de ventilation et de lumières au sud pour favoriser l’ensoleillement et l’apport de chaleur en hiver, mais en été dans ce cas de figure, cela peut devenir très compliqué » affirme Fanny Gerbeaud. Tous les deux soulignent aussi « l’absence de volets, l’usage de certaines couleurs foncées, de matériaux métalliques qui vont ajouter de la prise de chaleur aux bâtiments ».

A ces remèdes oubliés, s’ajoutent « un certain nombre de dispositifs bâtis à intégrer dès la construction, ou même rajoutés comme des pergolas, des persiennes, travailler sur l’enveloppe du bâti et de la toiture pour minimiser les apports solaires ». Ainsi, l’ingénieur propose « d’avoir recours à des peintures pour des toitures terrasses, mais aussi des toitures tuiles, quand le bâti n’est pas sur un secteur sauvegardé. Des peintures qui passent au fil des saisons, qui se dissolvent et permettent de peindre les tuiles en blanc et ainsi réfléchir la lumière et éviter les surchauffes. » Une alternative à la climatisation idéale quand on a un budget restreint !