En Lombardie, la résidence moderniste de Max Samio

Plantée sur un terrain en pente douce, une résidence moderniste prend place dans la végétation luxuriante de la rive occidentale du lac de Côme, lieu de villégiature favori depuis le début du XXe siècle des riches familles comasques et milanaises. Le choix des matériaux qui la composent et ses aménagements intérieurs reflètent l’expérience de vie ainsi que l’attirance de ses propriétaires pour un certain naturel.

Un portail électrique s’ouvre lentement. Là, une allée pavée de galets, bordée de rosiers et de lauriers en fleurs, mène à une spacieuse résidence moderniste au toit plat imaginé par les architectes Ico Parisi et Giuseppe Terragni, grande figure du rationalisme local. L’entrepreneur Max Samio, son épouse, Vera, qui travaille dans la communication, et leurs trois enfants s’y épanouissent, d’autant qu’ils l’ont eux-mêmes imaginée.


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Double facette

Caterina, la benjamine de la fratrie, pousse la cloison coulissante qui sépare le séjour de la cuisine.
Caterina, la benjamine de la fratrie, pousse la cloison coulissante qui sépare le séjour de la cuisine. Mads Mogensen

La résidence moderniste s’ouvre sur un jardin luxuriant et ombragé, planté de plantes et d’arbres méditerranéens. Des lignes rigoureuses, essentielles, de grands espaces et de très beaux matériaux caractérisent cette demeure en U.

Si sa conception paraît simple, elle est très étudiée, car les propriétaires souhaitaient que chacun puisse participer à la vie commune ou bien retrouver un peu d’intimité. Ils ont donc conçu une architecture en deux bâtiments (réunis par une pièce faisant le lien), évitant les vis-à-vis et assurant une vue sur le Monte Bisbino et le paysage.

Les deux volumes de la maison sont reliés à l’intérieur par un escalier en marbre grec Thassos couleur coquille d’oeuf. Entre le séjour et la cuisine, la cloison coulissante plaquée de palissandre permet de reconfigurer l’espace si besoin. Les plafonds recouverts de cèdre rouge occidental et les sols en béton ivoire évoquent les maisons modernistes originales. Au mur, une carte de la ville de Côme, dessinée à l’encre au XIXe siècle. Canapé italien très fifties dans le style d’Ico Parisi. Table basse de style scandinave.Tabouret Butterfly, design Sori Yanagi (Vitra). Paire de fauteuils des années 50.
Les deux volumes de la maison sont reliés à l’intérieur par un escalier en marbre grec Thassos couleur coquille d’oeuf. Entre le séjour et la cuisine, la cloison coulissante plaquée de palissandre permet de reconfigurer l’espace si besoin. Les plafonds recouverts de cèdre rouge occidental et les sols en béton ivoire évoquent les maisons modernistes originales. Au mur, une carte de la ville de Côme, dessinée à l’encre au XIXe siècle. Canapé italien très fifties dans le style d’Ico Parisi. Table basse de style scandinave.
Tabouret Butterfly, design Sori Yanagi (Vitra). Paire de fauteuils des années 50. Mads Mogensen

Bâtie sur un terrain en pente, la propriété comprend plusieurs volumes sur différents niveaux. Le patio pavé, au centre du U, donne accès au premier volume de la maison. Celui-ci abrite un long couloir flanqué d’une salle de bains pour les invités et d’une penderie; il mène aussi à la cuisine et à la salle à manger, lumineuses et ouvertes, et, deux marches plus bas, au spacieux salon.

Un escalier en marbre grimpe jusqu’au bureau situé dans la « gloriette », une pièce qui semble posée sur le toit plat. Un autre escalier conduit au niveau inférieur qui compte un spa, avec sauna et baignoire en marbre, une salle de jeux, un home cinéma, une buanderie et un local technique.

Dans le salon, une collection de vases et de pichets artisanaux ivoiriens est exposée sur un banc en marbre. La sculpture de lion à bascule est une création des propriétaires, fabriquée en Côte d’Ivoire. Tabouret Butterfly, design Sori Yanagi (Vitra).
Dans le salon, une collection de vases et de pichets artisanaux ivoiriens est exposée sur un banc en marbre. La sculpture de lion à bascule est une création des propriétaires, fabriquée en Côte d’Ivoire. Tabouret Butterfly, design Sori Yanagi (Vitra). Mads Mogensen

Ouverte sur l’extérieur

Le second volume contient la suite parentale (une chambre, un dressing et une salle de bains) et la partie réservée aux enfants (trois chambres et une salle de bains). Les deux zones sont séparées par un espace bibliothèque plaqué de bois, dans le prolongement du salon. Des baies vitrées ouvrent toutes les pièces sur une série de terrasses et sur le jardin, renforçant l’idée d’« intérieur-extérieur ».

L’aménagement, inspiré des résidences modernistes, associe des couleurs naturelles. Si Max espérait un intérieur revêtu de bois, en souvenir de la maison de ses grands-parents, un « carrefour » joyeux et international, Vera, elle, aimait l’idée d’espaces blancs et lumineux.

Le plafond de la cuisine a été recouvert de cèdre rouge occidental. Îlot en acier inoxydable et bloc de cuisine blanc Boffi. Des objets africains en bois et des poteries rappellent le séjour de la famille en Côte d’Ivoire. Au premier plan, dossier de chaise en iroko noir, conçue par les propriétaires. Au mur, dessin Arabesques (2018) de Pierre Charpin.
Le plafond de la cuisine a été recouvert de cèdre rouge occidental. Îlot en acier inoxydable et bloc de cuisine blanc Boffi. Des objets africains en bois et des poteries rappellent le séjour de la famille en Côte d’Ivoire. Au premier plan, dossier de chaise en iroko noir, conçue par les propriétaires. Au mur, dessin Arabesques (2018) de Pierre Charpin. Mads Mogensen

Finalement, la décoration, équilibrée, est ponctuée de touches de bois qui apportent douceur et chaleur à la stricte architecture.Les prémices de ce projet datent de plusieurs années, alors que les propriétaires vivaient en Côte d’Ivoire.

D’ailleurs, leur maison reflète cette expérience africaine : des chaises comme celles de reines et de rois tribaux, sculptées dans un tronc d’arbre, sont associées à une sobre table blanche d’Eero Saarinen; des sculptures, des masques et des objets artisanaux ont eux aussi trouvé leur place, démontrant une synergie inattendue entre l’art africain et le courant architectural susnommé.

Dans la chambre parentale, l’usage des matériaux a été inversé par rapport au reste de la maison : les sols sont recouverts de bois, les plafonds sont coquille d’oeuf et les murs peints en bleu profond pour favoriser le calme. Une porte en bois donne accès au dressing et à une salle de bains attenante. Lit conçu par les propriétaires. Posée sur la table d’appoint vintage qui sert de chevet, une sculpture africaine rapportée de voyage. Linge de lit d’Elena Carozzi (Somma 1867). Liseuses murales des années 40.
Dans la chambre parentale, l’usage des matériaux a été inversé par rapport au reste de la maison : les sols sont recouverts de bois, les plafonds sont coquille d’oeuf et les murs peints en bleu profond pour favoriser le calme. Une porte en bois donne accès au dressing et à une salle de bains attenante. Lit conçu par les propriétaires. Posée sur la table d’appoint vintage qui sert de chevet, une sculpture africaine rapportée de voyage. Linge de lit d’Elena Carozzi (Somma 1867). Liseuses murales des années 40. Mads Mogensen

Des meubles vintage ajoutent à l’éclectisme. Cet intérieur, réalisé avec de très beaux matériaux d’origine locale, témoigne de la recherche méticuleuse des hôtes. Il en découle un style élégant mais pas figé : les sols sont façonnés à partir d’un mélange de poudre de marbre et de béton; un placage de palissandre recouvre la cloison coulissante qui sépare le salon de la cuisine ; du cèdre rouge de l’Ouest, du béton ivoire…

Dans la chambre principale de cette résidence moderniste, l’usage des mêmes matériaux s’inverse. Toutes les terrasses et les escaliers qui animent la façade sont construits en marbre de Brescia dont un microbillage (sablage) a annulé les veines, produisant une surface douce au toucher et au regard.

La salle de bains principale dispose d’une baignoire autoportante (Devon&Devon) assortie au sol en marbre gris et aux murs blancs. Lithographie de l’artiste Giuliano Collina.
La salle de bains principale dispose d’une baignoire autoportante (Devon&Devon) assortie au sol en marbre gris et aux murs blancs. Lithographie de l’artiste Giuliano Collina. Mads Mogensen

Enfin, le chauffage par le sol, installé partout, est utilisé au minimum, car les rayons du soleil qui traversent les parois vitrées réchauffent l’atmosphère, tandis que les portes, les fenêtres et les persiennes, stratégiquement placées, assurent une ventilation naturelle.


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