Un portail électrique s’ouvre lentement. Là, une allée pavée de galets, bordée de rosiers et de lauriers en fleurs, mène à une spacieuse résidence moderniste au toit plat imaginé par les architectes Ico Parisi et Giuseppe Terragni, grande figure du rationalisme local. L’entrepreneur Max Samio, son épouse, Vera, qui travaille dans la communication, et leurs trois enfants s’y épanouissent, d’autant qu’ils l’ont eux-mêmes imaginée.
A lire aussi : A Paris, l’appartement pop du Studio Klein
Double facette
La résidence moderniste s’ouvre sur un jardin luxuriant et ombragé, planté de plantes et d’arbres méditerranéens. Des lignes rigoureuses, essentielles, de grands espaces et de très beaux matériaux caractérisent cette demeure en U.
Si sa conception paraît simple, elle est très étudiée, car les propriétaires souhaitaient que chacun puisse participer à la vie commune ou bien retrouver un peu d’intimité. Ils ont donc conçu une architecture en deux bâtiments (réunis par une pièce faisant le lien), évitant les vis-à-vis et assurant une vue sur le Monte Bisbino et le paysage.
Bâtie sur un terrain en pente, la propriété comprend plusieurs volumes sur différents niveaux. Le patio pavé, au centre du U, donne accès au premier volume de la maison. Celui-ci abrite un long couloir flanqué d’une salle de bains pour les invités et d’une penderie; il mène aussi à la cuisine et à la salle à manger, lumineuses et ouvertes, et, deux marches plus bas, au spacieux salon.
Un escalier en marbre grimpe jusqu’au bureau situé dans la « gloriette », une pièce qui semble posée sur le toit plat. Un autre escalier conduit au niveau inférieur qui compte un spa, avec sauna et baignoire en marbre, une salle de jeux, un home cinéma, une buanderie et un local technique.
Ouverte sur l’extérieur
Le second volume contient la suite parentale (une chambre, un dressing et une salle de bains) et la partie réservée aux enfants (trois chambres et une salle de bains). Les deux zones sont séparées par un espace bibliothèque plaqué de bois, dans le prolongement du salon. Des baies vitrées ouvrent toutes les pièces sur une série de terrasses et sur le jardin, renforçant l’idée d’« intérieur-extérieur ».
L’aménagement, inspiré des résidences modernistes, associe des couleurs naturelles. Si Max espérait un intérieur revêtu de bois, en souvenir de la maison de ses grands-parents, un « carrefour » joyeux et international, Vera, elle, aimait l’idée d’espaces blancs et lumineux.
Finalement, la décoration, équilibrée, est ponctuée de touches de bois qui apportent douceur et chaleur à la stricte architecture.Les prémices de ce projet datent de plusieurs années, alors que les propriétaires vivaient en Côte d’Ivoire.
D’ailleurs, leur maison reflète cette expérience africaine : des chaises comme celles de reines et de rois tribaux, sculptées dans un tronc d’arbre, sont associées à une sobre table blanche d’Eero Saarinen; des sculptures, des masques et des objets artisanaux ont eux aussi trouvé leur place, démontrant une synergie inattendue entre l’art africain et le courant architectural susnommé.
Des meubles vintage ajoutent à l’éclectisme. Cet intérieur, réalisé avec de très beaux matériaux d’origine locale, témoigne de la recherche méticuleuse des hôtes. Il en découle un style élégant mais pas figé : les sols sont façonnés à partir d’un mélange de poudre de marbre et de béton; un placage de palissandre recouvre la cloison coulissante qui sépare le salon de la cuisine ; du cèdre rouge de l’Ouest, du béton ivoire…
Dans la chambre principale de cette résidence moderniste, l’usage des mêmes matériaux s’inverse. Toutes les terrasses et les escaliers qui animent la façade sont construits en marbre de Brescia dont un microbillage (sablage) a annulé les veines, produisant une surface douce au toucher et au regard.
Enfin, le chauffage par le sol, installé partout, est utilisé au minimum, car les rayons du soleil qui traversent les parois vitrées réchauffent l’atmosphère, tandis que les portes, les fenêtres et les persiennes, stratégiquement placées, assurent une ventilation naturelle.
A lire aussi : La créatrice de Mapoésie ouvre les portes de sa maison à Paris