Il y a de la profondeur chez Edgar Jayet. Pour ne pas dire une forme de gravité, mais joyeuse. Colauréat du Grand Prix Design Parade Toulon Van Cleef & Arpels avec Victor Fleury Ponsin en 2021, il fonde son agence avant d’obtenir son diplôme à l’école Camondo un an plus tard. Le jeune designer s’assume aussi aujourd’hui en tant qu’architecte d’intérieur.
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Créativité hors norme
« Je redoutais cette étiquette, avec le risque de me retrouver cantonné à un seul domaine, explique-t-il. Et puis, il fallait attendre que des projets existent pour que je puisse me revendiquer comme tel. »
C’est chose faite avec, sur le bureau de son studio parisien tout juste installé à deux pas de la place Saint-André-des-Arts (VIe), les programmes d’un appartement à New York et d’une maison du côté d’Hyères.
Sa démarche ? « Concevoir des espaces à partir du mobilier et non l’inverse, en travaillant le moindre détail. » Cette approche à contre-courant résume la personnalité de ce créatif. Il y a un an, il s’installait à Venise, ce qui lui valut de côtoyer l’éditrice de tissu Chiarastella Cattana.
De cette rencontre est née la collection de meubles « Unheimlichkeit », présentée à Milan en avril dernier et dont le second volet verra le jour à l’automne prochain. Alors que nombre de ses contemporains ne jurent que par l’intelligence artificielle et l’impression 3D, lui revendique sa fascination pour la Sécession viennoise, « une époque au tournant du XXe siècle où s’est joué le big bang de la modernité ».
Passéiste, nostalgique ? Au contraire ! Tel un « sécessionniste » du XXIe siècle, Edgar Jayet remet à son tour de la modernité dans l’artisanat et les savoir-faire qu’il convoque, comme la passementerie ou l’ébénisterie, s’appuie sur l’histoire et le patrimoine pour mieux les insuffler dans ses créations et ses projets, peu nombreux car choisis avec soin.
« Je veux établir un dialogue cultivé avec mes clients et créer pour eux des espaces qui reflètent leur vécu. Je préfère également un mode de distribution à discrétion, en développant des modèles et en les adaptant si besoin à la demande, à la façon d’un tailleur », précise-t-il.
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