L’auteur bordelais s’est fait remarquer en 2006 avec son album «Jeu de piste à Volubilis». Ce succès, vendu à plus de 100.000 exemplaires, raconte le voyage initiatique d’une petite fille dans une maison moderne, la Villa Volubilis. Un ouvrage truffé de références au monde du design et de l’architecture. Un univers on ne peut plus familier pour Max Ducos.
« Mon père est architecte, et il nous amenait souvent sur les chantiers quand nous étions petits avec mon frère. Mon premier souvenir d’architecture, c’est cette odeur caractéristique, celle du mélange du sable et du ciment. Il nous a souvent fait visiter des sites singuliers, comme la Cité Frugès Le Corbusier à Pessac, la base sous-marine de Bordeaux, etc. A l’époque, je ne comprenais pas comment mes parents pouvaient prendre plaisir à regarder des maisons. Moi qui adorait dessiner des dragons, je me disais qu’ils ressentaient l’émotion que j’aurais pu avoir en visitant des lieux habités par des alignements de dragons, et cela me fascinait !»
« Pour ce qui est du design, mon premier souvenir doit correspondre à l’aménagement de notre maison dans les années 1980 à Arcachon. J’ai eu comme un choc esthétique. C’était comme une cabane, mais en même temps un peu usine, avec à l’intérieur des tuyaux métalliques, des cubes de béton en couleur qui séparaient les pièces.»
« Ma mère, entre-temps, est devenue antiquaire. Dans les années 2000, elle se concentrait sur des pièces du XIXe et des années 1930. Et puis, récemment, elle s’est tournée vers des pièces uniques, des pièces de créateur. Elle s’est associée avec mon petit frère et dirige la galerie Vivement Lundi à Bordeaux. Il y a 20 ans, quand elle a commencé son activité, il ne fallait surtout pas lui parler de «meubles design», il n’était question que de mobilier art déco ou en bambou. Aujourd’hui tout cela a disparu au profit des meubles de Saarinen ou les classiques des Eames, et tout le goût de la famille a évolué avec le sien. »
1) «La Ball Chair» d’Eero Aarnio
Max Ducos : «J’aime la Ball Chair d’Eero Aarnio version rouge et blanche. Je n’en ai pas car je vis dans une maison au style arcachonnais, un peu maison de grand-mère avec beaucoup de charme, et ça serait complètement incongru d’avoir une Ball Chair au milieu du salon. En revanche, je l’ai utilisée pour mon album “Jeu de piste à Volubilis” où elle figure en page de titre, et y ai assis l’héroïne. Pour cet ouvrage, j’ai développé une villa dont le plan évoque le ventre d’une mère. Ce fauteuil y répond tout à fait, car il forme comme un cocon, un refuge, un espace de sécurité pour la petite fille.»
2) La lampe «Tizio» de Richard Sapper pour Artémide
Max Ducos : « Cette lampe appartenait à mon père, je l’ai toujours vue étant enfant et ne connaissais pas la lampe Jielde (la lampe qui traditionnellement éclaire les planches d’architecte ndlr.). Elle a aujourd’hui trouvé sa place dans mon atelier. Elle est pour moi l’expression même du design. Je l’ai choisie car les luminaires m’ont toujours fasciné. Ce sont comme des petites trésors et ce modèle noir à double bascule en particulier avec sa tige et sa boule rouge située à l’extrémité.»
3) La Game Boy de 1992
« Avec la Game Boy, nous sommes au cœur du design, un design ludique. Nintendo a toujours été très inventif en ce qui concerne le design de ses consoles. J’en ai collectionné un certain nombre avec mon petit frère, environ une quinzaine de toutes les sortes et de toutes les époques. Les boutons, le cache pile, tous ces petits détails en font un super produit de design. Quand je vais faire des ateliers dans des classes pour expliquer aux enfants la discipline, je leur parle de mon album Volubilis, de chaises ou de tables, et assez rapidement je leur dessine une manette de console pour expliquer le concept d’ergonomie. »
