Le design italien à l’honneur chez Artcurial

Au programme de la prochaine vente Artcurial : de beaux trésors et quelques découvertes signées Ponti, Pesce et Parisi. Rendez-vous le 29 mai à 18h.

Les beaux jours reviennent et Artcurial se met à l’heure italienne. Ça tombe bien, la maison de vente avait quelques pépites qu’il était temps de sortir de l’ombre. Non, ce n’est pas chez Mendini, ni Sottsass, ni BBPR ou Fornasetti… Bien sûr tous figurent parmi les 169 lots, mais les surprises se cachent ailleurs.

Des raretés à côtés desquelles il ne faut pas passer

D’abord Gio Ponti, forcément. Impossible de passer à côté du corpus consistant dédié au Maestro, dont ce bureau à l’économie formelle impeccable produit par Cassina en 1954, rare par ses teintes vert amande et blanc puisqu’une autre version illustre en bleu existe à l’Institut Culturel Italien de Stockholm, comme le rappelle Justine Despretz, consultante en design italien chez Artcurial. Estimé à 40 000 – 60 000 €, celui-ci provient directement de la maison privée d’une grande famille italienne et promet de faire monter très haut les enchères.

Rare bureau, 1954, Gio PONTI  (1891-1979). Sabots en laiton, piètement et structure en frêne, plateau et caissons des deux tiroirs recouverts de stratifié vert amande et blanc. Édition Cassina. Estimation 40 000 – 60 000 €.
Rare bureau, 1954, Gio PONTI  (1891-1979). Sabots en laiton, piètement et structure en frêne, plateau et caissons des deux tiroirs recouverts de stratifié vert amande et blanc. Édition Cassina. Estimation 40 000 – 60 000 €.

Un peu plus loin au catalogue, le salon Uovo d’Ico Parisi a déjà procuré ses premières satisfactions aux équipes avant même d’être vendu… lors de l’expertise et de la restauration du canapé inédit. Six mois de travail en collaboration avec les archives du designer qui ont d’abord permis d’authentifier cette version allongée sur mesure du modèle présent chez Cassina et puis de lui redonner tout son lustre. Car il ne faut pas trahir pour autant les méthodes de production et les matériaux de l’époque, ce qui rend l’étape délicate mais donne aussi l’occasion de découvrir l’ossature des pièces.

Canapé quatre places mod. 812 dit et Paire de fauteuils mod. 813, dits « Uovo », 1953, Ico PARISI (1916-1996). Piètement en métal laqué noir, assise et dossier recouverts de tissu en coton beige. Édition Cassina. Importante bibliothèque modulable dite «Luigi», 1982, Gaetano PESCE (1939-2024). Composée de six éléments en hêtre peint en noir, chaque panneau modulable en étagères, en contreplaqué peint à la main, détails en bois laqué rouge. Édition Bernini.
Canapé quatre places mod. 812 dit et Paire de fauteuils mod. 813, dits « Uovo », 1953, Ico PARISI (1916-1996). Piètement en métal laqué noir, assise et dossier recouverts de tissu en coton beige. Édition Cassina. Importante bibliothèque modulable dite «Luigi», 1982, Gaetano PESCE (1939-2024). Composée de six éléments en hêtre peint en noir, chaque panneau modulable en étagères, en contreplaqué peint à la main, détails en bois laqué rouge. Édition Bernini.

C’est souvent là que se cache le génie, à l’intérieur, quoique celui d’Ico Parisi soit déjà assez visible de l’extérieur. Un peu méconnu par rapport aux Ponti, Borsani ou Albini, il a pourtant écrire une très belle page du design italien d’après-guerre, faisant évoluer son esthétique dans une direction parfois assez technique mais très fine. Installé à Como, il sera l’un des piliers de la scène artistique de la ville, notamment à travers le studio La Ruota co-fondé avec sa femme Lisa. Alors si ces lignes vous ont conquis, le canapé est estimé 20 000 – 25 000 €.

Artcurial sort des trésors de ses placards

Comptez au moins le double si vous avez l’espoir de repartir avec la bibliothèque Luigi O mi amate voi, estimée 40 000 – 60 000 € et signée Gaetano Pesce, hommage oblige. Bibliothèque ? Que dis-je, panneau, œuvre d’art ou même tête de lit puisque c’est l’usage que faisait la famille des vendeurs de ce meuble non identifiable édité par Bernini en 1982.

Lampadaire mod. 1050/2, circa 1951, Gino SARFATTI (1912-1985). Base en marbre noir, fût ajustable en laiton, diffuseur en métal laqué gris, jaune et blanc. Édition Arteluce. Estimation: 30 000 – 40 000 €
Lampadaire mod. 1050/2, circa 1951, Gino SARFATTI (1912-1985). Base en marbre noir, fût ajustable en laiton, diffuseur en métal laqué gris, jaune et blanc. Édition Arteluce. Estimation: 30 000 – 40 000 €

Modulable jusqu’à 7 éléments, cet exemplaire est l’une des rares versions à en contenir 6 avec leurs tablettes rabattables, toutes peintes à la main par Pesce selon l’inspiration et les couleurs du moment – ou comment créer un hybride entre production en petite série et pièces uniques.

Moins unique mais tout aussi raffinée, une petite lampe devrait mériter votre attention au passage : la Bubbola, non seulement parce qu’elle est nettement plus abordable, estimée 1 000 – 1 200 €, mais surtout parce qu’elle illustre à merveille le mélange de poésie et de simplicité d’un grand monsieur du design qui s’appelle Umberto Riva. Ce serait dommage d’attendre que sa cote monte pour commencer à collectionner son travail.

> « De Parisi à Pesce : les plus grands noms du Design Italien d’après-guerre », vente aux enchères le 29 mai 2024 à 18 heures, chez Artcurial, 7, Rond-Point des Champs-Elysées, Paris 8e. Exposition publique les 24, 25 et 27 mai. Plus d’informations ici 


À lire aussi : Décès de Gaetano Pesce, créateur de la Mamma de B&B Italia