Casa Alférez : bunker chic et béton mystique à une heure de Mexico

À 40 minutes de Mexico, la Casa Alférez impose sa présence radicale. Une forteresse de béton inspirée des bunkers normands, des pyramides mexicaines et des monastères silencieux. Bienvenue dans un luxe de solitude brute.

Imaginée comme un coffre-fort par Ludwig Godefroy, architecte français installé au Mexique depuis 18 ans, cette maison à l’esthétique brutaliste inspirée des bunkers normands et des pyramides mexicaines se joue du temps qui passe. Visite guidée.


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Un bunker dans les bois

À un peu moins d’une heure de route de la capitale mexicaine, la Casa Alférez a été pensée comme un refuge loin de la ville. Tout commence par l’achat d’un terrain. Un projet est discuté, mais le propriétaire, peu convaincu, ne donne pas suite. Quelques années plus tard, en découvrant une réalisation de Ludwig Godefroy, installé au Mexique, l’homme se décide à reprendre le projet en le confiant à l’architecte français.

Le terrain représentait un défi en lui-même, confie Ludwig Godefroy. En effet, celui-ci ne mesurait que 1000 mètres carrés et était situé en pente. Autre point important, au Mexique, les maisons sont toutes entourées d’un mur d’enceinte, pour se protéger. Mais ici nous n’avions pas la place d’en bâtir un. Il a donc fallu imaginer une maison avec une empreinte au sol réduite et qui par son architecture offrirait une protection. En réalité, j’ai pensé la Casa Alférez comme un coffre-fort.

Pour tout de même offrir suffisamment d’espace de vie à ses occupants, la maison de 90 mètres carrés au sol est bâtie en hauteur, sur trois niveaux. La sécurité des lieux est quant à elle garantie par la quasi absence de fenêtre au rez-de-chaussée. L’apport en lumière naturelle se fait ainsi de façon zénithale, par la création d’un puits de lumière et la multiplication des ouvertures dans les étages.

Brutalisme zen : béton, silence et lumière tombée du ciel

L’identité de la Casa Alférez tient de sa forme surprenante, mais aussi de l’utilisation massive du béton. L’architecte confirme les influences brutalistes et explique s’être inspiré de deux autres références lui étant chères : les bunkers de sa Normandie natale et les pyramides post-coloniales de son pays d’adoption, le Mexique.

Dans mon imaginaire, ces deux typologies d’architecture sont identiques. Ce sont des ruines en pleine nature, envahies par la végétation, mono-matérielles, aveugles par leur absence d’ouverture. Une architecture défensive. Mais je suis aussi très inspiré par l’architecture monacale. Le silence étant propre aux églises, aux monastères. C’est ce que je cherche à reproduire dans mon architecture. Quelque chose d’intemporel, de difficile à placer dans le temps.” Une datation floue qui se voit encore augmentée par les choix de la matériauthèque.

Pour Ludwig Godefroy, cette dernière est réduite. Le béton domine, suivi par la pierre et le bois massif. On retrouve le premier dans la totalité de la Casa Alférez, tandis que la dernière s’impose sur la porte d’entrée monumentale.

Ma volonté est que mon architecture s’embellisse au fil du temps. Que son vieillissement soit positif. Et pour se faire il est nécessaire de sélectionner des matériaux massifs, qui ne vont ni s’user, ni avoir besoin d’être remplacés, mais qui vont simplement se patiner. Cela apporte une intemporalité, qui ne répond à aucune tendance”, ajoute l’architecte.

Mobilier intégré, design contrôlé : pas de place pour le faux goût

Une vision qu’il applique pour l’enveloppe extérieure de la maison, mais aussi pour son intérieur. En effet, la Casa Alférez, comme tous les projets de Ludwig Godefroy, est pensée comme un tout.

Pour moi, il est important de penser les éléments de design intérieur pour contrôler l’atmosphère que je souhaite mettre en place. Ainsi, je dessine la quasi totalité du mobilier. Et je laisse peu de place aux fautes de goûts.” Les plans de la maison intègrent ainsi un conversational pit – un canapé comme enfoui dans le sol – mais aussi des espaces de rangement et des meubles confectionnés dans les mêmes matériaux que ceux employés pour la structure.

Les murs laissés bruts renforcent encore un peu plus cette esthétique brutaliste. La couleur, elle, ne trouve sa place que par l’ajout d’éléments décoratifs – tapis, nappes, rideaux… “On se lasse aisément des couleurs. Il faut pouvoir se donner les moyens d’en changer”,  justifie l’architecte.

Quand on lui demande enfin ce qu’il souhaite communiquer à travers la Casa Alférez, Ludwig Godefroy répond simplement : “Un sentiment de sécurité, un coffre-fort au service du bien-être”. Une architecture aux inspirations plurielles, résolument hors normes, dont on peut faire l’expérience : la villa est en effet désormais proposée à la location.


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