Immersion dans la maison-atelier du céramiste Alberto Aranda

Pour sa maison et son atelier barcelonais, le céramiste Alberto Aranda a fait appel au savoir-faire des architectes Marta García Orte et Marcos Catalán. Dans le quartier animé de Gràcia, ils ont su transformer un rez-de-chaussée en véritable cocon où se reflète la personnalité d’un créateur en quête de sérénité.

Au nord de Barcelone, du côté du quartier très populaire de l’Eixample, se trouve aussi celui de Gràcia, plus calme. Jusqu’au début du XIXe siècle, c’était même un village indépendant. Au fil des décennies, il s’est transformé en un labyrinthe de rues étroites et verdoyantes, formant un tissu urbain très dense. Les galeries et les restaurants y sont nombreux, tout comme les boutiques d’artisans. C’est là qu’Alberto Aranda, référence de la céramique contemporaine et fondateur de Contigo Ceramics, a installé sa maison et son atelier.


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Monochromie naturelle

Alberto Aranda a ensuite sollicité ses amis architectes, Marcos Catalán et Marta García Orte, pour transformer ce qui était un ancien atelier de menuiserie. Comme l’explique le duo : « Dans ce bâtiment des années 1900, situé dans le quartier de Gràcia à Barcelone Alberto a acheté un rez-de-chaussée en l’état. Cette partie était exclue de la rénovation d’ensemble alors en cours. Elle occupait également la quasi-totalité de la cour, ce qui laissait juste une petite ouverture pour la lumière. Cet espace était réservé au stockage des machines et des matériaux. »

Dans le salon, le céramiste Alberto Aranda pose devant des étagères qu’il a fabriquées dans le même bois, non traité et non verni, que celles de son atelier utilisées comme support pour le séchage de ses céramiques. Au sol, des briques, habituellement destinées aux façades, font office de revêtement.
Dans le salon, le céramiste Alberto Aranda pose devant des étagères qu’il a fabriquées dans le même bois, non traité et non verni, que celles de son atelier utilisées comme support pour le séchage de ses céramiques. Au sol, des briques, habituellement destinées aux façades, font office de revêtement. Eugeni Pons / Vega MG

La lumière naturelle entrait difficilement dans ce volume long et étroit. Le premier défi à relever était donc l’éclairage. Surfant sur la dynamique des permis de rénovation en cours, les deux architectes ont obtenu l’autorisation d’ouvrir l’atelier en son milieu, sur la cour centrale.

Grâce à l’installation de baies vitrées, le lieu est enfin lumineux. « L’ouverture sur la cour et la clarté du jour donnent plus d’ampleur à cet espace de 115 m² au total », expliquent encore Marcos Catalán et Marta García Orte.

Dans le même espace, canapé et fauteuil Louvain en lin lavé (Maisons du Monde).
Dans le même espace, canapé et fauteuil Louvain en lin lavé (Maisons du Monde). Eugeni Pons / Vega MG

La question de la luminosité résolue, ils ont organisé les pièces de vie autour du nouvel atrium. Le lieu de travail d’Alberto est situé à l’avant de l’immeuble. « Ce petit atelier de céramique donne sur la rue, à partir des ouvertures d’origine, mais nous avons également aménagé un accès direct aux pièces de vie », détaillent les architectes.

L’art dans chaque détail

Il importait que la maison puisse refléter la personnalité de l’artiste. « C’est pourquoi nous avons choisi avec soin les matériaux. La passion d’Alberto pour la céramique a été le pilier de notre projet. Nous en avons cherché une très dense, d’aspect artisanal, et de la même couleur sable que l’argile de ses créations. Nous avons utilisé comme revêtement de sol une brique habituellement destinée aux façades, en la posant avec un joint sec. Nous avons aussi décidé de créer un cadre dans une teinte unique »*, précise le duo. Un monochrome qui apporte sérénité, luminosité et sentiment d’espace.

Dans le bureau baigné de lumière grâce à l’installation de baies vitrées, la bibliothèque fabriquée sur mesure fait office de table de travail. Lampe Cestita, de Miguel Milá (Santa&Cole, 1962). Chaise Sedia 1, d’Enzo Mari.
Dans le bureau baigné de lumière grâce à l’installation de baies vitrées, la bibliothèque fabriquée sur mesure fait office de table de travail. Lampe Cestita, de Miguel Milá (Santa&Cole, 1962). Chaise Sedia 1, d’Enzo Mari. Eugeni Pons / Vega MG

Les murs et le plafond sont en mortier de chaux, d’une teinte coordonnée à celle du sol. L’ensemble est volontairement minimaliste et repose sur très peu de matériaux ou de textures. Avec le temps, de nouvelles œuvres de l’artiste vont venir s’ajouter au système d’étagères en bois, non traité et non verni. Ces dernières ont été fabriquées par Alberto lui-même, dans une essence identique à celle des étagères où reposent ses céramiques lors du séchage.

Ledit bois est omniprésent dans la maison. Pour conserver cette esthétique, de nombreux éléments techniques de chauffage et de climatisation ont été astucieusement camouflés. D’où l’abaissement stratégique des plafonds.

Dans son atelier, Alberto Aranda tourne une céramique assis sur le tabouret en bois « La pieza » T300, de Curro Claret.
Dans son atelier, Alberto Aranda tourne une céramique assis sur le tabouret en bois « La pieza » T300, de Curro Claret. Eugeni Pons / Vega MG

« Pour la chambre, la machinerie est dissimulée au-dessus de la salle de bains. Dans un faux plafond du couloir, nous avons caché la climatisation du salon-salle à manger et de l’atelier », décrivent les architectes.

Afin que l’intérieur soit encore plus intimement identifié à son propriétaire et à son univers, ce dernier a préféré créer de nombreux objets au lieu de les acheter.

Dans la chambre, sommier en bois fabriqué sur mesure. Table de chevet conçue à partir de disques en céramique empilés. Lampe sans fil Dipping Light, de Jordi Canudas (Marset, 2019).
Dans la chambre, sommier en bois fabriqué sur mesure. Table de chevet conçue à partir de disques en céramique empilés. Lampe sans fil Dipping Light, de Jordi Canudas (Marset, 2019). Eugeni Pons / Vega MG

« C’est comme si Alberto avait lui-même construit sa maison, en produisant les éléments en céramique qui permettent à l’espace d’être domestiqué et habité », raconte Marta García Orte. Que ce soit des lavabos, des chevets, des lampes, des ustensiles de cuisine ou des accessoires, sa production se retrouve partout, au point de transformer la maison en showroom Contigo Ceramics des plus incarnés.


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