Jasper Morrison partage avec l’artiste plasticien américain Donald Judd (1928-1994) le même goût pour les lignes pures, le même sens de l’essentiel et de l’équilibre. Celui des objets évidents et intemporels, un terme si souvent galvaudé, et qui retrouve ici tout son sens.
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Né à Londres en 1959, il est le fer de lance du design « super normal » privilégiant des solutions éprouvées et discrètes plutôt que des créations extravagantes. Une philosophie particulièrement visible dans ses collaborations avec Vitra, Cappellini et Magis.

Un style qui lui vient (entre autres) de sa passion pour le Japon, culture dans laquelle il puise son inspiration pour des designs intemporels et utiles, et qu’il met à profit dans sa collection « Jersey » imaginée pour Puiforcat. Un ensemble de couverts en bois initialement dessinés pour accompagner le service en argent massif « Dinner Service » de Donald Judd, sorti l’année dernière (à titre posthume).
« “Jersey” est l’un des projets les plus difficiles de ma carrière, explique le designer britannique. J’ai bien sûr observé attentivement les couverts de Puiforcat pour m’imprégner de l’esprit de cette maison puis j’ai dû canaliser Judd et Puiforcat, et essayer de trouver un terrain d’entente. »

Il livre ainsi une collection d’arts de la table, fabriquée au Japon et réalisée en bois de cerisier (sakura), comprenant fourchette, couteau et cuillère, des couverts de service, ainsi qu’une paire de baguettes et son repose-baguettes (en métal argenté). Ce bois sombre, délicatement veiné, est ensuite recouvert d’une couche de laque japonaise transparente, prodiguant un aspect satiné grâce à la technique du fuki-urushi.
« Il y a eu de nombreux tests sur les essences et les différents types de bois. Au départ, on pensait que le noyer serait le meilleur choix, mais nous avons finalement opté pour le cerisier notamment pour sa qualité tactile », estime Jasper Morrison, pour qui le diable se cache indéniablement dans les détails.
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